Verbier sur toutes les lèvres

| sam, 27. déc. 2014
Six Gruériens sont membres du Swiss Team. En attendant la nei­ge et les premiers chronos, ils disent leurs ambitions. Les championnats du mon­de, du 6 au 12 février à Verbier, constitueront le point d’orgue de l’hiver.

PAR THIBAUD GUISAN

Ce sera l’événement de la saison de ski-alpinisme. Du 6 au 12 février, les championnats du mon­de auront lieu à Verbier. La cour­se aux tickets s’apprête à dé­marrer, malgré le manque de neige. Une pénurie qui chamboule les plans d’entraînement, reporte et annule les premières courses et contraint les spécialistes à trouver refuge sur les sommets des Alpes et les glaciers.
Parmi les principales épreu­ves de sélection au programme: une Vertical Race à Veysonnaz le 3 janvier, les championnats de Suisse à Villars-Gryon les 10 et 11 janvier, et deux Coupes du monde, en France (10-11 janvier) et à Andorre (24-25 janvier).


La blessure de Mabboux
La saison a commencé par un coup dur. Vincent Mabboux, leader régional du Swiss Team en seniors, s’est blessé (La Gruyère du 13 décembre). Le Charmeysan de 26 ans s’est cassé une côte en chutant à skis sur le glacier des Diablerets. «Il faudrait un miracle pour que je sois à Verbier», souffle l’athlète, contraint de prendre son mal en patience.
Cinq autres Gruériens sont membres de l’équi­pe de Suisse: l’ambitieux Rémi Bonnet (juniors), Steven Girard (seniors), David Brodard et Baptiste Spicher (espoirs) et le nouveau venu Romain Guillet (juniors). Ils présentent leur saison.

 

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Le chercheur d'or

Rémi Bonnet n’y va pas par quatre chemins. Son objectif, c’est deux médailles d’or aux championnats du monde de Verbier. «Je vise le titre sur la Vertical Race et sur la course individuelle», explique le Charmeysan, qui disputera sa dernière saison dans la catégorie juniors. «J’ai mes chances. J’ai planifié ma préparation pour atteindre mon pic de forme début février. J’espère aussi un podium au classement général de la Coupe du monde.» L’hiver dernier, il avait terminé à la troisième place, avec six podiums en huit courses disputées.
Agé de 19 ans, Rémi Bonnet (182 cm pour 53 kg) ne dispute que sa troisième saison de ski-alpinisme. Depuis cet été et la fin de son apprentissage de cons­truc­teur métallique, le Grué­rien a choisi de ne se consacrer qu’au sport, en espérant intégrer ensuite le groupe des gar­des-frontières. Autant dire qu’il est déjà affûté: il totalise «entre 90000 et 100000 mètres» de dénivelé à skis! «Dès fin octobre, j’ai passé deux semaines à Tignes où j’ai skié sur le glacier. J’ai pu m’entraîner avec des Espagnols, dont Kilian Jornet. Ensuite, j’ai séjourné un mois à Saas Fee.» Le tout après une excellente saison de cour­se à pied en montagne. Juste avant de remettre les skis, il a terminé troisième scratch du Kilomètre vertical de Fully et battu le record de la catégorie juniors, détenu jusqu’alors par Kilian Jornet. «J’ai bien amélioré mes temps de référence cet été», se réjouit le Charmeysan.
La force de Rémi Bonnet à skis? «La montée pure a toujours été mon point fort. Mais, la saison dernière, j’ai aussi obtenu des podiums en Coupe du monde sur des courses individuelles avec des portages et des descentes. Je peux compter sur une bonne endurance. J’ai beaucoup travaillé la technique: les changements et les descentes.» L’hiver dernier, Rémi Bonnet avait connu un blanc: il n’avait décroché aucune médaille aux championnats d’Europe d’Andorre. En 2013, il avait remporté le bronze aux championnats du monde de Pelvoux (Vertical Race), alors qu’il disputait sa première saison de ski-alpinisme. TG

 

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L'albatros chasseur

L’automne a été radieux. Steven Girard en a profité pour prolonger sa saison… de chasse. «J’en fait depuis cinq ans», raconte le skieur-alpiniste d’Estavannens, qui a pisté cerfs et chamois. «La préparation a commencé un peu plus tard que d’habitude. La forme viendra après, mais ce n’est pas grave.»
Le Gruérien a fêté ses 23 ans: il quitte la catégorie espoirs et disputera sa première saison en seniors. «Ça ne change pas grand-chose. Car, déjà la saison dernière, c’est surtout le classement scratch qui m’intéressait (n.d.l.r.: les seniors courent avec les espoirs). J’ai réussi des top 20 en Coupe du monde. J’ai même terminé 16e d’une course. J’espère ne pas faire moins bien cet hiver.» Steven Girard, qui travaille à 80% dans un magasin de sport, participera à la course pour les tickets des championnats du monde. «Il y aura quatre places par épreuve. J’espère me qualifier pour une, deux ou trois disiciplines.» Pour les courses à plusieurs (en particulier le Trophée des Gastlosen le 1er mars), le Gruérien compte sur son compère Vincent Mabboux. «Car les coéquipiers, c’est dans les meilleurs moments, comme dans les moments difficiles.»
Avec son 1,90 m et ses 75 à 77 kg, Steven Girard se sait atypique. «Je fais partie des albatros du circuit! se marre-t-il. Je suis grand et lourd par rapport à la plupart des athlètes, des petits fluets. Je suis assez puissant. Je suis quelqu’un qui aime tenter sa chance et partir assez vite. Parfois, ça pète complètement. D’autres fois, ça tient et je réalise une super course.»
Steven Girard apprécie aussi les montées sèches, «les talus», com­me il dit. La saison derniè­re, il avait d’ailleurs remporté la médaille d’argent de la Vertical Race des championnats d’Europe d’Andorre, dans la catégorie espoirs. Ainsi que plusieurs podium en Coupe du monde. «J’aime aussi les portages. Courir avec du poids dans le dos, comme à la Patrouille, ne me dérange pas. Par contre, il faut que je prenne encore un peu de coffre pour m’améliorer sur de plus longues distances. Jusqu’à présent, je n’ai jamais stagné. Je peux encore progresser. A mon âge, j’ai encore quelques belles années devant moi.» TG

 

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L’apprentissage se poursuit


David Brodard (21 ans) disputera sa deuxième saison dans la catégorie espoirs. «L’hiver dernier, ça avait fait un saut, après les juniors, note le Rochois. En Coupe du monde, ça va très vite. J’ai pu acquérir de l’expérience, même si j’ai été rapidement largué. Cette saison, je saurai à quoi m’attendre, au niveau des distances ou de la concurrence.»
Le Gruérien (181 cm, 69 kg) espère être de la partie aux championnats du monde de Verbier. «Ça passera par de bonnes courses de sélection. J’espère pouvoir bagarrer pour un podium aux championnats de Suisse, particulièrement dans la course individuelle. Je suis polyvalent. La Vertical Race n’est pas ma discipline de prédilection. Je préfère quand c’est plus long, comme sur les courses individuelles.» David Brodard avait remporté la médaille d’argent en relais par équipe en 2013 aux Mondiaux de Pelvoux, quand il courait en juniors.
Le Rochois travaille désormais à 80% dans une entreprise industrielle du canton de Soleure où il vit la semaine. «J’ai congé le vendredi. Ça me permet de mettre plus de chances de mon côté. Entre la fin de mon école de recrues et le début de mon nouvel emploi, j’ai pu profiter de deux mois de vacances. Je me suis bien préparé physiquement. Je suis confiant.»
Un autre Gruérien du Swiss Team sera en lice en espoirs: Baptiste Spicher (20 ans, 185 cm pour 72 kg), qui effectuera ses débuts dans cette catégorie. «Les parcours seront plus longs et plus techniques. Il faudra s’habituer à courir avec des pros et à ne pas forcément réussir à courir en tête. Ce sera une saison de transition et d’apprentissage, notamment par rapport à la gestion des courses. Mon but est d’être meilleur à chaque saison. Je sens que je peux évoluer tant techniquement que physiquement. Je me suis bien préparé, avec beaucoup de course à pied, du vélo et des sorties en montagne.»
En Coupe du monde, l’habitant de Marsens, qui effectue sa dernière année d’apprentissage de constructeur métallique, vise des top 10 en espoirs et des top 30 au classement scratch. «J’ai la chance d’être assez polyvalent. Je peux m’aligner sur plusieurs disciplines. J’espère être à Verbier.»


L’arrivée de Romain Guillet
C’est le nouveau visage régional du Swiss Team. Romain Guillet a intégré la sélection ce printemps. Junior, le Charmeysan de 19 ans a remporté le classement général de la Coupe de Suisse de sa catégorie l’hiver dernier. Il avait pu disputer deux premières épreu­ves de Coupe du monde en fin de saison aux Diablerets. «Cette entrée dans le Swiss Team est une belle surprise. J’aurai un meilleur suivi. J’ai commencé le ski-alpinisme lors de l’hiver 2012-2013. Avant, j’ai fait du foot et de la gym. J’ai pas mal de caractère. Dans les descentes, je n’ai pas peur. Dans les changements et les portages, je peux reprendre du temps.»
En dernière année d’apprentissage de dessinateur en génie civil, Romain Guillet (175 cm, 64 kg) aimerait être en vue lors des championnats de Suisse, puis, pourquoi pas, disputer les championnats du monde de Verbier. Le nom de la station du val de Bagnes est décidément sur toutes les lèvres. TG

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