PAR JEROME GACHET
Dans les milieux politiques, on ne parle que de cela depuis plusieurs semaines. Il n’est certes jamais simple de sortir victorieux d’une primaire démocrate-chrétienne dans le canton de Fribourg. Mais celui qui la remportera aura pourtant fait un pas important, peut-être décisif, en vue des élections fédérales de cet automne (18 octobre pour le premier tour, 8 novembre pour le second).
Les deux candidats
Le conseiller national Dominique de Buman et le conseiller d’Etat Beat Vonlanthen ont de nombreux points communs: ils ont presque le même âge (58 ans pour l’un et 57 pour l’autre), ils passent bien dans les urnes, sont présents sur le terrain et à l’aise devant un micro. Les candidats démocrates-chrétiens revendiquent tous deux leurs liens avec l’économie, un comme membre de la commission de l’économie et des redevances, l’autre comme ministre de l’Economie.
Le parallèle s’arrête là. L’un est francophone, l’autre germanophone. On y reviendra. L’ancien syndic de Fribourg connaît bien le Palais fédéral où il siège depuis 2003. «Et j’ai été actif aux trois niveaux: communal, cantonal et fédéral, relève-t-il. Le Conseil des Etats demande cette complémentarité.»
Son rival singinois, lui, connaît Berne pour avoir œuvré dans l’administration fédérale jusqu’en 2004, année de son accession au Conseil d’Etat. A ses yeux, cette expérience de ministre est capitale: «Il s’agit de la Chambre des cantons. Il est dès lors judicieux que ce soit un ancien conseiller d’Etat qui y siège. Il en est d’ailleurs ainsi dans 30% des cas.»
La langue
L’importance de la question linguistique change… de part et d’autre de la Sarine. Le Singinois Beat Vonlanthen en fait un des principaux arguments de campagne. «Comme canton pont, bilingue, Fribourg doit être représenté par les deux communautés linguistiques. Sans oublier qu’à Berne un germanophone aura plus facilement des relations avec les Alémaniques.»
Aux yeux de Dominique de Buman, un conseiller aux Etats doit pouvoir représenter tout le canton, pas seulement une communauté linguistique. «Le comité directeur a d’ailleurs estimé que la langue n’était pas l’élément déterminant. Sinon il n’aurait pas accepté ma candidature… Ce qui compte, ce sont les aptitudes.»
La stratégie
Les délégués vont-ils voter pour une personne ou pour une stratégie? Les considérations tactiques parlent plutôt en faveur de Dominique de Buman. S’il réussit son «transfert» aux Etats, il favorisera l’arrivée d’un nouveau PDC à Berne. Le Broyard Eric Collomb, un des seuls à être sortis du bois jus-que-là, y est prêt. «Mais si le but est de laisser la place libre, mon adversaire aurait dû décider de ne se lancer qu’aux Etats», estime Beat Vonlanthen. Dominique de Buman précise qu’il «ne tient pas à une double candidature et que c’est de toute manière le parti qui décidera».
En cas d’élection de Dominique de Buman à la Chambre haute, le PDC a de bonnes chances de conserver ses trois sièges au Conseil d’Etat en 2016 en présentant trois sortants avec, en principe, Georges Godel, Jean-Pierre Siggen et Beat Vonlanthen.
A cela, Beat Vonlanthen répond qu’il y «a assez de bons candidats potentiels au PDC» et qu’il faut regarder plus loin: «En 2021, deux conseillers d’Etat (n.d.l.r. Georges Godel et lui-même) devront de toute manière s’en aller après trois législatures complètes, ce qui sera encore beaucoup plus risqué pour le PDC.»
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