Les étrennes, un usage qui s'est perdu

| sam, 03. Jan. 2015
Bouteille et enveloppe se font rares. (photo Régine Gapany)
Facteurs, concierges et porteurs de journaux ne comptent plus sur les étrennes pour mettre du beurre dans les épinards. Peut-être parce que les générations actuelles n’ont plus de considération pour ce genre de services.

PAR PRISKA RAUBER
Dix francs? Cinq? Vingt? Une bouteille? Rien du tout? Aux premiers jours de l’an se pose la question des étrennes. Une tradition datant de l’époque romaine qui voulait que l’on remerciât par un don certains professionnels pour services rendus: facteurs, concierges, porteurs de journaux, femmes de ménage ou éboueurs. Mais l’usage se perd. Notamment à cause de cette notion de service.
«Les gens ne donnent quasiment plus d’étrennes, confie G., facteur bullois depuis quarante-deux ans. Mais pas forcément parce qu’ils ont moins d’argent. Surtout parce qu’on n’a plus le même rapport avec eux.» Depuis les années 1990 en effet, le fonctionnement de La Poste a changé. Les facteurs sont désormais plusieurs sur une même tournée et la distribution des lettres et des colis est séparée.
«Avant, j’avais un secteur et j’apportais aussi les colis, j’avais donc plus de contacts avec les gens. Je pouvais leur rendre davantage de petits services. Aujourd’hui, je ne rencontre que des boîtes aux lettres.» Fini le temps où il valait mieux ne pas prendre de congés aux périodes de Noël et de Nouvel-An. «J’ai connu des titulaires qui allaient travailler avec 40 degrés de fièvre pour ne pas manquer les étrennes!»
Aujourd’hui, chaque enveloppe «contenant en général dix francs» ou les bouteilles déposées sur les boîtes sont «une bonne surprise». Les facteurs n’ont plus d’attentes. Les concierges non plus. «C’est vraiment très, très rare que je reçoive quelque chose aujourd’hui», indique Henri, concierge depuis treize ans à Bulle. «Parfois une petite enveloppe de vingt francs ou une bouteille. Et j’en suis très content.»  


Treizième salaire
Selon lui, les locataires ne donnent plus d’étrennes croyant que le concierge reçoit un treizième salaire. «Moi oui, car je travaille pour une entreprise. Mais ma femme est concierge engagée par une régie. Elle ne reçoit qu’un bonus de 100 francs pour l’année.»
Ces professionnels constatent encore que les étrennes relèvent d’un usage qui n’est pas celui des générations actuelles. «La tradition est davantage ancrée chez les personnes âgées. Pour les plus jeunes, on fait notre boulot et on est déjà payé pour», souligne Henri. A l’instar du blogueur Thomas Sinaeve, qui se demande: «Au nom de quoi je devrais leur filer du fric tous les ans en remerciement des services qu’ils ne me rendent pas? Ils font leur travail, ils le font souvent bien. Tant mieux, moi aussi. La discussion devrait s’arrêter là.»
Mais si les étrennes n’ont rien d’obligatoire, elles permettent d’entretenir de bonnes relations avec ces personnes qui nous facilitent la vie (même si Friday_13 rétorque sur un forum «je ne vais quand même pas récompenser le facteur pour m’apporter chaque mois des tas de factures»).

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