Ce pourrait être des anges, mais ce sont des photographes

| jeu, 12. mar. 2015
Depuis mardi, deux photographes s’appliquent à prendre des images vertigineuses et inédites de la cathédrale Saint-Nicolas. Un habile système de boîtier permet de stabiliser un appareil photo dans les airs.

PAR DOMINIQUE MEYLAN

Depuis deux jours, un étrange boîtier vole dans les airs de la cathédrale Saint-Nicolas, à Fribourg. Aux commandes, l’équipe des Promenades Angéliques réalise des clichés vertigineux de l’édifice gothique. Alain Kilar et Joëlle Richard ont imaginé un dispositif qui permet de prendre le point de vue de l’ange.
Pour trouver les deux artis-tes, il faut d’abord monter une centaine de marches. Arrivé sous les toits de la cathédrale, il est encore impossible de les apercevoir. Pour accéder à leur QG, il faut descendre une échelle instable. Le couple est installé sous une passerelle. A cet endroit, le sol ressemble à de petits monticules, dont la pierre s’effrite. Ce sont les voûtes de la cathédrale, vues du dessus.
«C’est plutôt confortable, rigole Alain Kilar. A Chartres, il n’y a que 60 centimètres entre la passerelle et les voûtes.» Le photographe, passionné de cathédrales, n’en est pas à son coup d’essai. Il a déjà effectué le même travail à Chartres et à Lausanne et compte bien continuer sur sa lancée.
«L’idée est de publier un livre, avec des images de Chartres, Lausanne, Fribourg, Cologne, Canterbury, Reims, Bourges et Albi», explique Alain Kilar. Dans un premier temps, les clichés pris à Fribourg seront imprimés sur des cartes postales et d’autres objets destinés aux touristes. Ils seront vendus dès le mois de mai.


Météorologie interne
Stabiliser l’appareil constitue un des principaux défis. «Les cathédrales ont une météorologie interne», raconte Alain Kilar. Le boîtier est chahuté par des courants d’air imprévisibles. Pour le maintenir immobile, le photographe a imaginé un système de fils de pêche.
Le dispositif, guidé par des cordes, descend par un oculus, une ouverture ronde située au sommet d’une voûte. Habituellement recouverte par du bois peint, elle a été ouverte pour l’occasion. En dessous, c’est le vide. Le couple est installé sur un panneau en bois dans un confort sommaire avec comme principal outil de travail un ordinateur.
«Là, ça tangue», avertit Joëlle Richard. Les photographies d’une très grande résolution demandent une précision absolue. Le temps de pose peut durer jusqu’à dix secondes. Au moindre déséquilibre, l’image est ratée.
Les deux artistes sont complices, l’un guide l’appareil, l’autre remonte les cordes. Ils se questionnent sur les points de vue à sélectionner. Telle image n’est pas concluante, celle-là donne la nausée. «C’est un jeu de trouver la ligne la plus intéressante. Nous avons parfois des surprises», commente Joëlle Richard.


Du jamais-vu
«Pendant de brefs instants, nous partageons des choses inaccessibles», s’enthousiasme Alain Kilar. Le boîtier permet d’aller au plus près de certains vitraux ou monuments et révèle des détails que l’œil ne discerne pas depuis le plancher de la cathédrale. Ces découvertes ajoutent du sel à l’aventure.  
Un grand soin est apporté à la sécurité. Pendant les prises de vue, la cathédrale continue de vivre avec des fidèles et des touristes qui déambulent. Ce n’est qu’avec un dispositif strict que la société Promenades Angéliques parvient à convaincre les autorités de l’intérêt de son projet et à obtenir les autorisations.  
Après trois jours de photographie dans les airs, les deux artistes réaliseront encore des clichés à l’aide d’un mât ces prochaines semaines. Ils se concentreront alors sur les verrières de la cathédrale.

 

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