PAR XAVIER SCHALLER
A l’heure où les boules de neige sont bannies des cours d’école, la résistance s’organise. La Suisse sera ainsi représentée au prochain championnat d’Europe de bataille de boules de neige, en Finlande, du 27 au 28 mars.
Yukigassen est le nom officiel de ce sport: du japonais yuki pour neige et gassen pour bataille. En 2014, les 27es championnats du monde ont réuni près de 150 équipes, sur l’île d’Hokkaido. «En Finlande, à Kemijärvi, nous ne serons confrontés qu’à une vingtaine de teams», explique Stéphanie Vaucher, habitante de Corpataux à l’origine du projet.
Le yukigassen se joue à sept, trois défenseurs et quatre attaquants. «Mais notre Swiss Sweet Team compte onze membres, avec deux remplaçants et deux supporters attitrés», indique Roland Dervey, son coéquipier de Romanens.
Trois minutes par manche
Une épreuve se déroule au meilleur des trois manches. «Chaque période dure trois minutes, avec nonante boules par équipe.» Elle se termine quand le drapeau adverse est pris (10-0), quand tous les adversaires ont été touchés et éliminés (7-0) ou quand le temps réglementaire se termine. Dans ce dernier cas de figure, chaque équipe marque un point par joueur encore en jeu. Une équipe gagne la manche si elle a éliminé plus de joueurs que son adversaire, sinon la manche est déclarée nulle.
«Dans certains pays, c’est un sport à part entière – avec onze associations nationales, du Canada à la Thaïlande, sous la tutelle de l’International Alliance of Sport Yukigassen. «Il y a même des boules de neige synthétiques pour l’entraînement estival», précise Stéphanie Vaucher.
Aucune ambition sportive
Le Swiss Sweet Team n’a quant à lui pas d’ambition sportive. Sa préparation n’a d’ailleurs pas été particulièrement poussée: un unique entraînement, au Crêt, fin février. «Il n’a pas été aisé de réunir l’équipe au complet, composée de sept Fribourgeois, deux Valaisans et deux Vaudois», explique Roland Dervey.
De plus, un entraînement demande pas mal de préparatifs: délimiter un terrain de quarante mètres sur dix, construire les six murs de protection réglementaires, planter les drapeaux des équipes et façonner de centaines de boules de neige.»
En compétition, chaque équipe a dix minutes pour fabriquer les 270 boules nécessaires à une partie. Les Japonais n’ont pas leur pareil pour ritualiser et codifier la plus banale des activités. «Les joueurs utilisent des moules calibrés, ensuite ils ont le droit de mouiller ou de chauffer leurs boules. Mais elles seront contrôlées par les officiels.»
Leur confection est stratégique, car l’adversaire a le droit de réutiliser les boules lancées par l’adversaire, si elles sont «équivalentes à deux tiers d’une balle de neige “neuve”», précise la traduction québécoise du règlement. D’où l’intérêt d’une boule lourde, qui vole bien, mais pas trop dure, pour qu’elle se désintègre à l’impact. «Pas trop lourde quand même, tempère Roland Dervey, parce que sinon, en trois minutes, le bras souffre.»
Des tenues genre fromage
Trois arbitres officient durant les parties, plus un officiel pour surveiller le temps de jeu. «Aucun protêt n’est possible.» Qui dit sport japonais dit généralement uniforme. Pour l’occasion, le Swiss Sweet Team portera des tenues rappelant celles des skieurs des années nonante: «Genre bâtonnets de fromage, avec un casque rouge à croix blanche.»
La compétition se déroulera à Kemijärvi, au nord du cercle polaire, 8000 habitants et quatre restaurants. «Mais nous avons quand même trouvé un bed and breakfast pour loger tous ensemble, se réjouit Stéphanie Vaucher. Notre motivation est surtout de découvrir la Laponie et de nous amuser», explique Stéphanie Vaucher. Compagnons de peau de phoque ou de plongée, entre 26 et 62 ans, tous avaient envie de prolonger l’hiver. «Nous avons trouvé une excuse, sportive et pas trop chère. Le voyage coûtera, tout compris, 20000 francs à l’équipe.»
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