Les escroqueries sur internet ont triplé en trois ans

| mar, 24. mar. 2015
Une diminution de 12% des infractions au Code pénal a été observée l’année dernière dans le canton. La cybercriminalité connaît par contre une croissance préoccupante. La police s’inquiète également de la présence de candidats au jihad.

PAR DOMINIQUE MEYLAN

Le nombre d’infractions a diminué l’an dernier dans le canton, selon les statistiques de la police présentées hier. Avec une baisse de 11% des cambriolages, de 18% des vols et de 17% des infractions à la Loi sur les stupéfiants, les chiffres sont réjouissants. Le commandant de la police cantonale, Pierre Schuwey, tempère toutefois ce ralentissement qu’il faut mettre en relation avec un pic de la criminalité observé en 2012. «Nous observons maintenant deux années consécutives de baisse, mais le niveau reste encore relativement élevé.»
Parmi les tendances moins réjouissantes, la cybercriminalité enfle d’année en année. La police est de plus en plus sollicitée pour des personnes en difficultés, ce qui traduit une certaine détérioration du climat social. Le nombre de disparus a augmenté l’année dernière, par rapport à 2013. Les infractions avec violence sont en légère hausse.

Cybercriminalité
«Presque toutes les affaires ont aujourd’hui un volet informatique», constate Pierre Schuwey. La police, en collaboration avec la Direction de la sécurité et de la justice et le procureur général, cherche à affecter de nouvelles ressources à ce domaine.
Les escroqueries sur internet ont fortement augmenté l’année dernière. Depuis 2011, leur nombre a triplé. Sextorsion, faux transferts de fonds, piratages de compte, les formes sont multiples. L’évolution constante des technologies et des modus operandi ajoutée à la localisation majoritairement à l’étranger des auteurs rendent ces affaires difficiles à résoudre. La prévention reste un des outils les plus efficaces.
«En septembre dernier, le service de comptabilité d’une entreprise a reçu un message d’un prétendu haut cadre de cette même société, qui demandait un versement de 1,5 million sur un compte en Chine», prend pour exemple Florian Walser. Le cadre exige urgence et discrétion. «L’argent a pu être bloqué in extremis», poursuit le chef de la police de sûreté. Dans beaucoup de situations, il disparaît à jamais.

Autres infractions
La police a traité au total 36216 affaires, contre 38783 en 2013. Un homicide et quatre tentatives ont été enregistrés l’année dernière. Les infractions touchant le patrimoine affichent une baisse de 12%. Parmi toutes les catégories de vols, seuls les brigandages continuent d’augmenter. Leur nombre a presque doublé depuis 2011.
Les infractions à la Loi sur les étrangers ont diminué de 22%. C’est notamment un des effets de la suppression des task forces mises en place pour accompagner les effets du Printemps arabe. Si l’on tient compte des amendes d’ordre prononcées dans des affaires liées aux stupéfiants, le domaine connaît une légère hausse. Les dénonciations pour trafic et contrebande sont également en forte croissance.

Auteurs et régions
Les infractions diminuent dans tous les districts, à l’exception de la Glâne. «Nous n’avons pas d’explication à ce phénomène, rapporte Florian Walser. Souvent, c’est cyclique.» En comparaison cantonale, la Glâne reste peu touchée par la criminalité.
Parmi les auteurs reconnus d’infractions, 46% étaient suisses. Quelque 32% faisaient partie de la population étrangère résidente. Environ 19% pratiquent le tourisme criminel: «Ils sont majoritairement organisés en bande et viennent expressément en Suisse pour commettre des infractions», explique Florian Walser. La proportion de requérants d’asile parmi les auteurs de délits est marginale.

Effectifs de la police
Si le nombre d’infractions se réduit, la charge de travail de la police ne suit pas la même tendance. Le nombre d’heures supplémentaires à compenser a encore augmenté de 9% en 2014 et s’élève à plus de 71000. Le Grand Conseil sera bientôt saisi d’une demande d’augmentation des effectifs. Les 527 policiers fribourgeois travaillent bien. Le taux d’élucidation des affaires s’élève à 39%, contre 30,5% en moyenne suisse.

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Des candidats au jihad dans le canton
La police cantonale a enregistré un succès où on ne l’attendait pas forcément, a révélé hier son commandant Pierre Schuwey. Son service de renseignements a permis une réflexion sur les problèmes liés au jihad au niveau suisse.
Les agents y sont confrontés depuis peu et ne savent pas forcément comment réagir. «En 2014, nous avons constaté que ça commençait à bouger à Fribourg», explique Pierre Schuwey. Récolte de fonds, campagne de recrutement et personnes intéressées au départ s’observent dans le canton comme ailleurs en Suisse. La police ne souhaite pas communiquer le nombre de candidats au jihad recensés. «Il y en a quelques-uns, révèle le commandant. Cela se compte en unité.»
De même, certains combattants de retour du jihad se trouveraient à Fribourg ou y seraient passés. «Nous sommes concernés comme les autres cantons», élude Pierre Schuwey.
Que doit faire un policier s’il trouve des drapeaux et une quinzaine d’exemplaires du Coran dans le coffre d’une voiture? Comment reconnaître les fanions suspects? Qui alerter lorsque des soupçons se portent sur un candidat au jihad? Sur l’impulsion de la police cantonale, quelque 20000 agents suisses ont été informés sur l’attitude à adopter dans ces situations nouvelles.
Une hotline doit se constituer au niveau national. Les échanges d’informations entre les différents services sont appelés à se développer. «C’est difficile, commente Pierre Schuwey, parce que c’est une démarche nationale, voire internationale.» DM

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