L’argent ne fait pas l’élu, mais peut y contribuer

| mar, 14. avr. 2015
Les partis et leurs candidats aux Chambres fédérales ne vont pas tarder à lancer leur campagne et inonder le canton d’affiches, de tout-ménage et de flyers. Les budgets prévus pour financer cette communication sont très variables. Les partis fribourgeois dévoilent un pan de leurs finances.

PAR DOMINIQUE MEYLAN

Alors que les élections fédérales se rapprochent, les partis fribourgeois réunissent des trésors de guerre. Après deux élections complémentaires, trouver des fonds est un souci partagé par tous.
Si tous les partis ont accepté de dévoiler leur budget, certains montants suscitent déjà l’interrogation chez leurs pairs. Le phénomène des campagnes personnelles et la participation difficilement quantifiable des partis suisses contribuent à brouiller les chiffres.
Le budget du Parti socialiste, qui a quatre sièges à défendre, n’est pas encore finalisé. Selon son président Benoît Piller, il devrait s’élever à environ 200000 francs. Avec deux conseillers nationaux et un conseiller aux Etats à faire élire ou réélire, le PDC prévoit un budget compris entre 150000 et 180000 francs.
Le PLR, qui compte un siège à la Chambre du peuple, devrait s’appuyer sur un montant de 160000 francs. Quant à l’Union démocratique du centre, qui affiche l’ambition de placer un deuxième représentant au National, son chef de campagne le député Gabriel Kolly annonce une enveloppe de 150000 francs. Cette somme doit cepen­dant couvrir les élections de 2015 et 2016.
Les partis sans représentants à Berne présentent des montants beaucoup plus modestes. Pour le Centre gauche-PCS et le Parti vert’libéral, ce sont environ 40000 francs qui seront investis. Le PBD compte presque exclusivement sur la campagne chapeautée au niveau suisse. Quant aux Verts, leur enveloppe s’élève à quel­ques dizaines de milliers de francs.


Des montants stables
Selon les présidents de par­ti, ces montants correspondent à ceux des élections de 2011. Seul le Centre gauche-PCS, qui défendait alors le siège de sa sortante Marie-Thérèse Weber-Gobet, a réduit sa voilure de moitié.
Pour tous, réunir de telles sommes est un défi. Les partis de droite demandent une contri­bution aux candidats pour figurer sur leur liste. Là aussi, les montants varient. Le PDC réclame une participation de 5000 francs pour le Conseil national, assorti de 12000 francs en cas d’élection. Pour les Etats, la somme est encore plus élevée. Mais tout cela serait compensé par une indem­nité annuelle relativement modeste: 6000 francs.
A l’UDC, figurer sur la liste du Conseil national coûte 3000 francs. Les élus à Berne versent ensuite une contribution correspondant à 5% des montants qu’ils perçoivent. Au PLR, c’est 2000 francs pour figurer sur la liste, 4000 en cas d’élection, puis 10000 annuellement, avec le même principe pour le Conseil des Etats.


Tarif dégressif
Les Vert’libéraux ont choisi un concept plus souple. «Nous nous sommes mis d’accord entre nous sur un montant», explique le coprésident Daniel Savary. Les contributions sont adaptées aux moyens des candidats et les deux personnes en tête de liste sont davantage sollicitées, en raison de la notoriété qu’elles pourraient en retirer.
Au Parti socialiste, on se refuse à demander un droit d’entrée. Une fois à Berne, les élus doivent cependant s’acquitter de «quelques milliers de francs par année», selon le président du PS, Benoît Piller. Le Centre gauche-PCS et les Verts adoptent la même position: «Nous ne voulons pas vendre des places, affirme le chrétien-social, Philippe Wandeler. Mais nous sommes contents si les candidats participent financièrement.»
Les indemnités versées par les élus à Berne, ou à d’autres fonctions, permettent de constituer des réserves en dehors des périodes électorales. Pour compléter cela, les partis cherchent des contributions auprès de leurs membres et sympathisants. Pour le PS et les Verts, c’est même la seule source de revenus.


Financement privé
S’il est tabou à gauche de solliciter des entreprises, ça l’est moins à droite. Le PLR dit compter sur un certain montant. Ce ne sont pas seulement les partis, mais aussi les candidats qui misent sur cette manne pour leur campagne personnelle. L’argent ne coule toutefois pas à flot, à en croire le président du PBD, Sandro Arcioni. «Pour des questions d’image, les entreprises n’ont pas forcément envie d’être associées à un parti.»
L’aide de l’Etat constitue un autre apport important. Elle est distribuée en fonction de la force électorale. En 2015, le canton a prévu d’allouer 150000 francs pour l’élection au National et 45000 pour celle aux Etats. Il offre également la mise sous pli et l’envoi du matériel de propagande, pour autant que les partis s’organisent en commun, ce qui représente 85000 francs au maximum.
Dernier atout majeur des partis: l’huile de coude. L’UDC a renoncé par exemple à employer une agence de communication. Une petite équipe de cinq à six bénévoles organise sa campagne. Le graphisme et la photo ont toutefois été confiés à des professionnels.

 

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Grosses campagnes en solo


Les budgets financiers dévoilés par les partis ne prennent pas en compte une donnée essentielle: les montants investis à titre personnel par les candidats. En 2011, sollicités par la RTS, certains élus sortants fribourgeois avaient révélé leur budget. A droite, le démocrate-chrétien Dominique de Buman avançait une somme de 100000 francs, alors que le libéral-radical Jacques Bourgeois avouait 50000 francs. A gauche, Christian Levrat, alors candidat pour le Conseil national, disait avoir une réserve de 10000 francs, alors que son camarade de parti Jean-François Steiert parlait de 12000 francs.
Au sein des partis, les responsables n’articulent aucun chiffre. A droite, on admet toutefois assez facilement que la campagne personnelle fait partie des moyens mis en œuvre. «Nous laissons nos candidats assez libres», explique le président du PLR, Didier Castella. Certaines règles, comme appeler à voter la liste du parti, doivent être toutefois respectées. «Les candidats font leur campagne personnelle comme ils veulent», renchérit Gabriel Kolly, pour qui l’UDC offre une campagne de base. Au PDC, on ne nie pas cet aspect, même si on tente d’éviter une disproportion des moyens. André Schoenenweid estime à environ 50000 francs le coût moyen d’une campagne pour un candidat, y compris l’argent réclamé par le parti.
Le PS favorise une campagne de liste avec une égalité entre les candidats, même s’il admet un petit budget personnel pour placer par exemple des annonces. Sans rien interdire, les Verts privilégient le pot commun. Dans les autres petits partis, rien n’empêche les campagnes personnelles, même si les montants sont généralement modestes. DM

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