Par Christophe Dutoit
«Vu l’état critique du bâtiment, nous pensons sérieusement reconstruire un nouveau centre, plus petit et plus sécurisé. Nous espérons pouvoir récupérer les matériaux de l’hôpital existant et bâtir des murs avec du ferraillage, afin de faire face aux secousses.» Dix jours après les tremblements de terre qui ont fait des milliers de victimes au Népal, le Gruérien Serge Currat a enfin reçu des nouvelles de l’hôpital de Kharikhola, avec qui les communications directes sont toujours coupées. «L’infirmier de l’hôpital a dû marcher deux jours jusqu’à la petite ville de Paplhu, où il a enfin trouvé un accès internet pour nous transmettre des photos et des informations.»
Selon lui, le bâtiment de l’hôpital de Kharikhola – situé à deux jours de marche de Lukla, où se trouve l’hôpital soutenu par la Fondation Nicole Niquille – s’est déplacé de quelques centimètres, ce qui a provoqué de nombreuses fissures et l’effondrement de pierres de soutènement dans les faux plafonds en bois. «L’hôpital demeure pour l’instant fermé, explique Serge Currat, président de l’association Action Kharikhola. Il est en effet trop dangereux de rester à l’intérieur et les premiers soins sont donnés dans une tente à l’extérieur.» Ce dispensaire couvre une vallée de 20000 habitants et, en moyen-ne, quarante patients par jour y reçoivent des consulta-tions.
D’après les dernières informations, vingt-sept maisons du village ont subi de gros dégâts. «Par chance, aucune victime n’est à déplorer, car les gens travaillaient dans les champs au moment du séisme. En revanche, de nombreux pères de famille ont trouvé la mort dans la vallée, alors qu’ils étaient en expédition sur les chemins de l’Everest et dans le Langtang, lui aussi très fortement touché par le tremblement de terre.» En outre, un petit village de sherpas, à un jour de marche, est presque entièrement démo-li et aucune aide n’a encore pu y être apportée en raison de la difficulté d’accès.
Recherche de dons
«Face à cette situation, nous allons lancer une campagne intensive de recherche de dons, notamment au travers d’un souper de soutien à la fin mai dans la région de Bulle et sans doute d’une présence au Paléo Festival, annonce Serge Currat. En temps normal, les finances de l’ONG suffisent juste à payer les salaires annuels de l’équipe médicale, à savoir 24000 francs pour trois infirmières et un médecin. «En quelques jours, un incroyable élan de solidarité s’est développé en Suisse. La Chaîne du bonheur a récolté onze millions de francs, ce qui représente davantage d’argent que ce que donnent les Etats-Unis… De notre côté, nous avons déjà reçu 10000 francs ces derniers jours.»
Par ailleurs, un membre d’Action Kharikhola est parti cette semaine pour Katmandou avec 5000 francs donnés par l’ONG. Cette somme a déjà servi à l’achat de kits de survie, composés d’un sac de 30 kilos de riz, d’un litre d’huile, d’un kilo de sel, d’un matelas et d’un bidon pour l’eau. Ils ont été distribués par le Kharikhola Trust, une dizaine d’expatriés du village, vivant aujourd’hui à Katmandou.
Ce comité, emmené par le sherpa Sher, le contact de l’association sur place, a conduit ce matériel jusqu’au dernier accès routier, puis des porteurs l’ont acheminé à Kharikhola après quatre jours de marche. «Sher viendra en Gruyère vers la mi-juin pour parler des actions en cours lors de conférences et de marchés», annonce encore Serge Currat.
La seule ONG
A noter qu’Action Kharikhola Suisse est actuellement la seule organisation à soutenir cet hôpital, après que deux associations françaises (France Lorraine – Népal et France Liberté, la fondation de Danielle Mitterrand) eurent abandonné ce projet à cause de son éloignement et des difficultés d’accès.
«Depuis 2001, notre équipe a amené l’électricité à plus de 400 foyers grâce à une génératrice hydroélectrique, elle a remis en état l’hôpital avec du matériel de diagnostic (rayon X, ultrasons, microscope, matériel de soins…) et elle a for-mé une équipe médicale de quatre personnes», explique Serge Currat.
En plus, des projets de soutien aux familles de castes défavorisées ont permis la reconstruction d’une quinzaine de maisons et le parrainage de cinquante enfants défavorisés. Enfin, un projet écologique de replantation de pins de l’Himalaya (environ 30000 pousses) a permis d’éviter la déforestation et les éboulements de terrain affaibli par la coupe des arbres pour le bois de chauffe.
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1600 kilos de matériel récolté en quelques jours
D’autres Gruériens sont également actifs pour venir en aide aux victimes des récents tremblements de terre au Népal. La semaine dernière, l’ONG Kam for Sud (fra.kamforsud.org) a lancé un appel pour récolter du matériel de camping. «En quelques jours, nous avons reçu 150 tentes, 320 sacs de couchage et 120 matelas, soit un total de 1600 kilos de matériel qui devrait arriver la semaine prochaine à Katmandou, annonce Frédéric Pasquier. Sur place, il faut absolument que les gens soient à l’abri pour l’arrivée des moussons, afin d’éviter qu’ils ne dorment dans des maisons qui risquent encore de s’effondrer.» Cette semaine, ce matériel a été transporté au Tessin, où l’organisation a son siège social. «Dimanche, le Gruérien d’origine Daniel Pittet s’envolera pour
le Népal et il pourra procéder à la distribution du matériel», poursuit le maréchal-ferrant de Maules, qui s’avoue agréablement surpris de l’ampleur de cette solidarité. «Certaines personnes sont venues spontanément nous donner du matériel. D’autres s’excusaient presque de n’amener qu’un seul sac de couchage… Parfois, nous n’avons même pas eu le temps de prendre leurs coordonnées pour les remercier.»
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