Par Yann Guerchanik
Jeudi soir, l’assemblée de l’Association régionale la Gruyère (ARG) s’est conclue par un exposé sur l’aménagement du territoire. Directeur d’Urbasol SA à Givisiez, l’urbaniste Jean-Claude Verdon a présenté différentes pistes pour une gestion à l’échelle régionale. La présentation aura permis de connaître le surdimensionnement de zones à bâtir réparties dans le district. Huit communes sont en «surdimensionnement», ce qui représente une surface globale de 500000 m2 au minimum.
Petit rappel. Le Plan directeur cantonal en vigueur a permis à certaines communes de dimensionner «généreusement» leurs zones résidentielles et leurs zones d’activités. A l’aune du nouveau droit fédéral, cela ne passe plus. Avec l’entrée en vigueur de la LAT révisée, le canton doit notamment répartir les réserves de zones à bâtir et identifier les zones surdimensionnées. Aujourd’hui, environ 40% des communes fribourgeoises présentent un surdimensionnement.En Gruyère, elles sont donc huit «mauvaises élèves»… qui pourraient bien se voir récompensées. En effet, tant qu’un nouveau plan directeur cantonal ne sera pas validé par le Conseil fédéral – chose espérée d’ici 2019 – le moratoire imposé par la LAT ne sera pas levé. Ce dernier oblige toute commune qui veut étendre sa zone à bâtir à proposer simultanément le dézonage d’une surface équivalente.
Favoriser l’emploi
Une sorte de bourse d’échange officieuse pourrait dès lors se mettre en place, dans laquelle les communes surdotées auraient beau jeu de proposer leurs terrains, même en dehors de leur district. Une situation que l’ARG veut éviter absolument. «L’éventuel marchandage de ce potentiel constructible serait néfaste, a insisté jeudi soir le préfet et président de l’association Patrice Borcard. Ce potentiel doit servir prioritairement les intérêts de la région!»
L’idée est de permettre à certaines communes gruériennes de mettre en zone d’activité des terrains pour favoriser l’implantation ou l’agrandissement d’entreprises. Et Patrice Borcard de marteler: «On entend certaines réticences à échanger un surdimensionnement avec une commune de l’agglomération, sous prétexte qu’il ne faut pas trop favoriser l’agglomération. Je pense qu’il s’agit là d’un mauvais calcul.»
Mandaté par l’ARG, le bureau Urbasol a également évalué les besoins des communes: «Un maximum de 100000 m2», a indiqué Jean-Claude Verdon. Précisons que Bulle n’a pas encore été prise en compte. Les besoins du chef-lieu pourraient bien représenter l’entier des 400000 m2 restant. S’il reste toutefois un solde de surdimensionnement, «on pourrait alors imaginer le négocier avec d’autres districts», a évoqué l’urbaniste.
Jeudi soir, le message était donc clair: les communes gruériennes sont priées de négocier entre elles avant d’aller voir ailleurs. L’ARG se verrait d’ailleurs bien proposer un plan directeur régional. Histoire que la Gruyère garde la mainmise sur son aménagement, au moment où Fribourg doit revoir le plan directeur cantonal.
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