«Quand il y a une boule à jouer, en général, je ne la rate pas»

| jeu, 23. jui. 2015

Stéphane Lambert rentre de l’Europétanque de Nice, où il n’a pas réédité son exploit 2013, une participation aux seizièmes de finale. Le restaurateur bullois évoque son parcours et cette pétanque qu’il aime pratiquer à haut niveau. Entre grands rendez-vous et explications techniques: petite balade dans le monde boulistique.

PAR KARINE ALLEMANN

Dans le sport, il y a d’un côté les champions du monde de l’entraînement, incapables de rééditer leurs exploits en compétition. Et, de l’autre, ceux dont le niveau augmente en même temps que l’enjeu. Stéphane Lambert est de ceux-là. «Quand il y a une boule à jouer pour achever une partie, en général, je ne la rate pas.» Le restaurateur bullois joue à la pétanque. Dans son cas on ne parle pas de jeu, mais bien de sport. Car le joueur de LNA est un habitué des grands rendez-vous mondiaux et il a l’esprit de compétition chevillé au corps. «Si on se fait éliminer au premier tour, ça me rend malade.»
Le Vaudois de 38 ans, qui travaille au Café de la gare, a participé le week-end dernier à l’Europétanque de Nice, où étaient réunies certaines des meilleures équipes du monde. Infiniment disert quand il s’agit d’évoquer cette pétanque qu’il aime temps, Stéphane Lambert prend garde de rappeler à plusieurs occasions qu’il n’est pas un as. Et qu’il existe de biens meilleurs joueurs que lui, y compris en Gruyère – où il va bientôt emménager – notamment le fer de lance du club de Bulle Fabrice Ruffieux. Une longue conversation qui permet de découvrir comment ce  sport se pratique à haut niveau.

Les débuts à 22 ans
«J’ai joué au foot jusqu’en 2e ligue inter. Mais j’ai dû arrêter à cause de problèmes au genou. Au départ, j’ai commencé par jouer à la pétanque avec des amis, façon Ricard-rosé. Mais le père d’un copain était président d’un club et il m’a proposé de venir le voir jouer. J’ai tout de suite croché et j’ai pris ma licence. Je me suis mis à jouer tous les jours. Comme ma mère est gruéro-cannoise, j’y jouais aussi quand j’allais la voir en France. Ça a duré deux ans. Puis j’ai rencontré ma femme et je me suis calmé un peu.
»En Suisse, j’ai commencé par évoluer au club de Pully, puis on m’a proposé le Lys de Prilly, où j’ai pu apprendre aux côtés de Nicole et Martial Theiler, les enfants de Chrisitan Theiler, le seul Suisse à avoir gagné deux fois les championnats du monde. J’ai vraiment franchi un palier.»

La compétition en Suisse
«L’hiver, on joue le championnat de Suisse des clubs. Il existe une LNA (8 équipes), une LNB (8 équipes, dont Bulle) et une 1re ligue, qui est cantonale. Ce qui m’occupe le plus, c’est mon rôle de capitaine de l’équipe de LNA de Prilly. Je joue, mais je gère aussi le coaching et la sélection de l’équipe. Le champion de Suisse est qualifié pour les championnats d’Europe. Malheureusement, malgré trois podiums, nous n’avons jamais réussi à remporter le Graal.
»La compétition extérieure débute au printemps avec le championnat cantonal, qui permet de se qualifier pour le national. L’été, je participe à des grands internationaux en France, mais aussi en Suisse, comme à Sion, en septembre.»

Grands rendez-vous et fortes nations
«Les championnats du monde et d’Europe sont les deux plus grandes compétitions pour les nations. Ensuite, il y a La Marseillaise, qu’on appelle le Mondial pétanque à Marseille, avec 4000 équipes. L’International de Millau attire 2500 à 3000 joueurs. Le plus relevé, c’est l’Europétanque de Nice, avec seulement 512 équipes. Le total cumulé réparti aux joueurs est de 40000 euros. Les meilleurs reçoivent entre 2500 et 3000 euros par personne. On associe souvent la pétanque au Ricard. Mais il faut savoir qu’en France l’alcool et le tabac sont interdits sur les sites de compétition.
»Après la France, les meilleures nations de la pétanque sont la Thaïlande et Madagascar. Les Malgaches sont nombreux à jouer dans les grands clubs français. Aux championnats d’Europe, le Danemark, la Hongrie, l’Ukraine et la Slovaquie alignaient de très bonnes équipes. La Suisse est dans les 10 ou 15 premières nations.
»Les meilleurs joueurs sont professionnels. Comme ceux de la dream team française Philippe Quintais, Henri Laxroix et Philippe Suchaud. Si le niveau français est tellement élevé, c’est que les écoles de pétanque attirent dès le plus jeune âge. Alors qu’en Suisse on commence après 20 ans. Le phénomène Dylan Rocher avait 18 ans quand il a explosé. Ses petits frères de 13 et 17 ans jouent bientôt avec les professionnels.»

Jeu d’échecs et adrénaline
«Quand on évoque la pétanque, tout le monde parle de jeu. Mais, à notre niveau, ça équivaut à une partie d’échecs avec des boules en fer et un petit cochonnet en bois. Dans la vie, je suis quelqu’un de dynamique qui aime communiquer. Mais j’adore la concentration que nécessite une partie. Ce qui fait que je peux jouer à un certain niveau, c’est qu’après avoir placé 25 ou 30 boules, quand j’en ai une à tirer, huit fois sur dix, j’arrive à la jouer. Je suis un gagneur et je recherche l’adrénaline de ces points importants. Après, je suis aussi capable de perdre des boules, comme tout le monde.
»Il faut aussi souligner que l’amitié et l’amalgame dans une équipe sont très importants. J’apprécie beaucoup cet aspect-là.»

L’exploit sur la Promenade
«Le week-end dernier, avec mes coéquipiers François Vultaggio et Jean-Denis Willemin, nous avons été éliminés au premier tour de l’Europétanque. Avec seulement 512 équipes au départ, ce n’est que du haut niveau. Il y a forcément plus de risques de tomber sur un gros morceau. Nous avons perdu contre les futurs demi-finalistes, qui comptent un ancien champion du monde et le recordman du tir de précision. Mais nous avons réalisé une énorme partie!
»En 2013,  nous avions réussi à passer cinq tours. Un exploit! En 32es de finale, nous avions battu des champions du monde. Se retrouver au milieu d’une arène de 5000 spectateurs montée sur la Promenade des Anglais était très impressionnant. Si j’y participe, c’est pour affronter ce genre d’équipes et continuer de progresser. J’ai envie d’aller le plus loin possible et de me donner à 200%. Dans la vie comme dans la pétanque, c’est pour ça que je me lève tous les matins.»

 

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La pétanque se joue comme ça
Entre déroulement d’une partie et langage de connaisseurs, petit explicatif pour mieux connaître ce sport.


Les confrontations. Elles peuvent être en tête à tête, en doublette, en doublette mixte, en triplette, en triplette mixte.


Une partie. Dans les grands rendez-vous, elle se dispute en général entre deux équipes de trois joueurs. Chacun lance deux boules.


Une mène. On peut la comparer à un jeu au tennis. Une fois les douze boules lancées, l’équipe qui est la plus proche du cochonnet gagne des points. En fonction du nombre de boules gagnantes, une mène peut rapporter de un à six points. Pour gagner la partie, une équipe doit arriver à 13 points. Les Internationaux se jouent par élimination directe.


Pointer/tirer. Pointer signifie placer sa boule, tirer signifie écarter une boule adverse.


Le carreau. Quand non seulement une boule tape celle de l’adversaire, mais en plus elle prend sa place.


Les boules. Il existe deux marques principales: Obut et KTK. «Je joue principalement avec des KTK, précise Stéphane Lambert. Il y a des boules tendres ou mi-tendres en fonction de la surface, qui joue un grand rôle dans le déroulement d’une partie. Elles pèsent 700 grammes. La grandeur varie selon les mains du joueur.»


Le pointeur de tête. Il joue en premier et doit placer sa boule pour faire tirer l’adversaire. C’est le poste du Vaudois: «Dans certaines configurations très agressives, je serai aussi amené à tirer. Il arrive donc qu’après avoir pointé pendant une heure, je doive absolument taper une boule pour terminer une partie. A ce moment-là, je dois la voir grosse comme une voiture.»


Le milieu. «Dans une triplette, c’est le poste le plus ingrat. Mais il est tenu par le meilleur bouliste, car il faut être doué au point et au tir. Le Français Henri Lacroix, qui est le meilleur joueur du monde, évolue à ce poste. Quand le pointeur a raté une boule, le milieu doit faire des miracles pour assurer une prise de points ou pour éviter de prendre une grosse mène.»


Le tireur de tête. Celui qui évacue les boules adverses pour faire de la place, ou pour prendre trois ou quatre points s’il reste une boule adverse dans la zone. KA

 

 

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