Après quatre ans aux Etats-Unis, Kevin Madiamba est de retour au pays. Le Romontois de 21 ans a choisi Genève, le club phare du basket suisse. Il évoque son expérience américaine et ses objectifs au bout du lac.
PAR KARINE ALLEMANN
Kevin Madiamba vient de signer un contrat de deux ans aux Lions de Genève. Preuve que le club mise sur le Romontois de 21 ans. Car Genève, c’est ce qui se fait de mieux actuellement en Suisse, le champion en titre, le club qui rêve de Coupe d’Europe la saison prochaine. De retour au pays après quatre ans aux Etats-Unis, Kevin Madiamba s’oriente vers une carrière dans le monde professionnel. «Le coach et le président de Genève m’ont dit qu’ils voulaient m’aider à me développer comme basketteur.» Avec 198 cm et 95 kg de matière première, l’entraîneur Ivan Rudez va se régaler au modelage.
Kevin Madiamba a grandi à Romont, où ses parents congolais ont élu domicile à leur arrivée en Suisse. La famille compte encore quatre sœurs, «dont la petite, qui fait du taekwondo», sourit le grand frère. Le garçon s’est mis au basket à 11 ans. L’année suivante, il quittait déjà Romont pour l’Académie Fribourg Olympic. La LNB à 15 ans et des débuts en LNA l’année suivante: Kevin Madiamba est repéré par des agents qui lui parlent de France et d’Italie. «Avec mes parents, nous avons opté pour les Etats-Unis, où les écoles prennent tout en charge, même le logement et les repas. Je n’ai eu qu’à payer le billet.»
«Tout petit et tout maigre»
Il débarque à Los Angeles à 17 ans. «Je me revois encore, tout petit et tout maigre…» Si on n’évite jamais les coups de blues quand on laisse sa famille derrière soi, l’expérience est enrichissante. «J’ai eu beaucoup de chance. Avec l’équipe, on allait souvent jouer à Las Vegas. Et puis, j’ai pu énormément voyager à l’intérieur des Etats-Unis. Malheureusement, après une année, le coach s’est fait virer. Je n’étais pas très sûr de vouloir rester avec un entraîneur que je ne connaissais pas.»
L’agence qui lui avait trouvé l’école californienne lui propose alors une autre high school, dans l’état de New York cette fois, où le programme sportif est bien coté. Kevin Madiamba y passe une année, avant d’entrer dans un collège, toujours dans l’état de New York. «A Rochester, j’ai passé deux ans au Roberts Wesleyan College, en deuxième division universitaire.»
Le Romontois est titulaire dès sa deuxième année, avec comme statistiques 27 minutes de jeu, 7 points et 5 rebonds. «Par rapport à ma première année, c’était beaucoup mieux. Nous nous entraînions tous les jours, parfois deux fois par jour. Sans compter les entraînements de musculation. Le niveau était très bon. Certains joueurs de cette ligue sont ensuite allés faire des essais en NBA.»
Quelle a été son évolution? «Je suis vraiment parti aux Etats-Unis pour le basket. Mon idée était de progresser et de revenir jouer en Europe. C’est ce que j’ai fait. Je pense m’être amélioré dans tous les domaines. J’ai aussi pris de la masse musculaire.»
Celui qui évolue au poste 3 ou 4 (ailier fort) mise avant tout sur son athléticité. «Les coaches comptent sur moi pour défendre et prendre des rebonds. Ils attendent une grosse dépense d’énergie.»
S’il se décrit plutôt comme introverti sur le terrain, le garçon peut aussi sortir de sa réserve. «Seulement si je mets un gros dunk à quelqu’un, rigole-t-il. Sinon, je ne suis pas particulièrement expansif.»
Au collège, «Big Kev» ou «Air Swiss», comme on le surnomme, fait l’expérience de la vie sur un campus américain. Est-ce conforme aux séries télévisées, où les sportifs sont les stars de l’école et les chouchous des filles? «Franchement, c’est assez ça… J’ai beaucoup apprécié l’expérience. Tout le monde connaît les sportifs, on rencontre toujours plein de gens. C’est vrai que les athlètes ont du succès. Surtout les basketteurs… Il faut dire qu’aux Etats-Unis, il y a une vraie culture du sport. Les gens aiment ça, ils s’intéressent et nous posent plein de questions. Ces quatre années sont passées super vite.»
«J’avais fait le tour»
Au terme de sa deuxième saison, le basketteur décide de revenir en Suisse. «Mon objectif aurait été d’évoluer en première division. Mais, trouver une école qui accepte un joueur de deuxième division au milieu du cursus est compliqué. Car j’aurais dû rester une année sans jouer. Alors, comme j’avais l’impression d’avoir fait un peu le tour de ce niveau-là, je suis revenu en Suisse.»
Pour mieux rebondir. Après tout, le rebond, c’est son truc.
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Jouer avec les potes de Romont
Naturalisé suisse à 19 ans, Kevin Madiamba a pu participer aux Universiades en Corée du Sud avec l’équipe nationale U25. «Le niveau y était incroyable. On a joué contre de très grosses équipes, notamment la Serbie, la Turquie, le Brésil et les Etats-Unis. Au final, nous avons remporté trois de nos huit matches. C’était une très belle expérience, humainement aussi. En tout cas, les Coréens avaient l’air heureux de nous voir.»
Le Romontois a-t-il eu des contacts avec Fribourg Olympic, son premier club en LNA? «Il y a eu des discussions. Mais, la possibilité de poursuivre mes études dans un collège américain à Genève a fait pencher la balance.» Au bout du lac, le Romontois bénéficiera d’un statut de semi-professionnel. Quels sont ses objectifs? «Gagner un maximum de matches et avoir du temps de jeu. Il s’agit de ma première année en Suisse. Il est donc difficile pour moi de me situer. Par contre, l’équipe de Genève aligne de très bons joueurs. Il y aura beaucoup de concurrence et je suis encore jeune. Ce sera intéressant.»
Comme beaucoup de basketteurs, Kevin Madiamba rêve d’une carrière à l’étranger. Mais le chemin est encore long et il faudra d’abord s’imposer sur les parquets suisses. Le jeune homme caresse un autre rêve, plus original. «Quand je serai vieux, j’aimerais bien revenir jouer à Romont. J’espère que d’ici là les gars seront montés en 1re ligue, voire en LNB, qui sait?» Kevin Madiamba a grandi dans le même quartier que Dusan Langura, qui évolue toujours aux Etats-Unis, en première division universitaire. Alors c’est sûr que si les copains d’enfance reviennent au bercail, l’équipe de Romont aura belle allure. KA
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