Cher Mimile,
Les troupeaux sont descendus de leurs alpages. Gérard, l’armailli des Reybes, a vécu sa dernière rindiaaprès trente-cinq étés passés sur les flancs du Moléson. Aidé de ses collaborateurs Robert et Daniel, il a fait de son chalet un paradis de rencontres et de dégustations. Notre veilleuse de nuit Catherine a la larme à l’œil de penser que la double crème des Reybes ne trouvera plus place dans son sac à commissions. Gérard m’a glissé à l’oreille: «Je suis triste, j’ai connu là-haut une merveilleuse épopée. Quand on a servi la montagne, on ne peut plus l’oublier.» Et c’est par un sursaut de splendeur que l’automne achève sa carrière. La nature, grande dame, revêt pour mourir sa plus belle robe. Les bois sont une féerie de couleurs, qu’incendient les longues coulées d’un soleil…