Le Centre de la Gouglera attend ses 130 requérants

mar, 27. mar. 2018
L’entreprise ORS est chargée du Centre fédéral de la Gouglera. C’est également elle qui gère les centres d’accueil du canton. CHARLES ELLENA/LA LIBERTÉ

PAR XAVIER SCHALLER

Samedi, les curieux ont afflué sur les hauts de Chevrilles, à l’invitation du Secrétariat fédéral aux migrations (SEM). Ils sont venus découvrir le nouveau Centre fédéral pour requérants d’asile (CFA) de la Gouglera, dont l’exploitation débutera le 3 avril.

A l’extérieur, des grillages entourent le bâtiment, avec des caméras de surveillance à chaque coin. Au-dessus des barrières, les barbelés tournés vers l’extérieur protègent aussi des intrusions – en octobre 2016, l’inondation du centre par des vandales, pas encore identifiés, avait causé des dégâts pour un montant de 800 000 francs.

Une fois la clôture passée, l’entrée se fait par la loge des agents de Securitas. Pour veiller sur le centre 24 h sur 24 et 7 jours sur 7, une vingtaine d’employés s’y relaieront. Un grand bureau, une salle d’attente et quatre locaux de fouilles. Celles-ci seront obligatoires lors de l’admission des requérants, ainsi qu’après chacune de leurs sorties.

Ambiance spartiate

Dans le bâtiment, l’ambiance est spartiate, du blanc au mur, du gris foncé au plafond, un peu de vert dans les toilettes et l’infirmerie. La Confédération a dépensé 19 millions de francs pour l’achat, 9,5 millions pour la rénovation et pas grand-chose pour la déco. L’arrivée des premiers occupants ajoutera un peu de vie, même si les décorations personnalisées ne sont pas autorisées pour ces courts séjours – comme le CFA s’inscrit dans la nouvelle procédure d’accueil accélérée, décidée par le peuple suisse en 2016, l’hébergement durera au maximum cent quarante jours.

Après la fouille, chaque arrivant recevra des kits literie et hygiène, des habits de seconde main si nécessaire. Il sera aussi informé des règles de vie: pas d’alcool ni de tabac dans le centre, des sorties possibles de 9 h à 17 h la semaine, le weekend de 9 h le samedi à 19 h le dimanche. Pour les repas, c’est déjeuner de 7 h 15 à 7 h 45, dîner de 12 h à 12 h 30, souper de 18 h 15 à 18 h 45.

Ni cuisine ni nettoyage

«Contrairement aux centres d’hébergement cantonaux, les requérants ne cuisineront pas eux-mêmes», explique Claude Gumy, codirecteur d’ORS, la société mandatée pour la gestion du centre. «Des activités cuisine sont néanmoins prévues, pour qu’ils se préparent de petits en-cas.» Une société de la région, dont les autorités préfèrent pour l’instant taire le nom, se chargera du ravitaillement. De même que la cuisine, le nettoyage ne sera pas effectué par les requérants, mais par une entreprise spécialisée. «Là aussi, de petites tâches pourront leur être confiées dans le cadre des activités.» En plus des animations ludiques, éducatives ou sportives, un programme d’occupation est prévu. «Nettoyage de forêt, arrachage de plantes invasives, travaux d’intérêt public, nous sommes encore en pourparlers sur ce point», note Claude Gumy. Ce travail sera payé 30 francs par jour, qui s’ajouteront aux 3 francs quotidiens d’argent de poche.

Pour les enfants, la Direction de l’instruction publique, de la culture et des sports organisera, sur place et aux frais de la Confédération, leur scolarisation. Des activités de loisirs spécifiques leur seront proposées. Au deuxième étage par exemple, un espace détente a été aménagé, avec un baby-foot et deux tables de pingpong. Les étages de logement, avec des chambres de quatre à seize lits, ne seront pas mixtes. Des lieux sont réservés aux familles et aux personnes vulnérables, notamment des mineurs non accompagnés, qui pourraient être envoyés à la Gouglera dès septembre.

Les procédures accélérées

L’ouverture du CFA s’inscrit dans la réorganisation des procédures d’accueil. Commencée à Zurich, la phase test durera jusqu’en 2019. Le CFA n’accueillera d’abord que 130 requérants, avant que sa capacité ne passe à 250 au maximum.

«Avec les procédures accélérées, il est prévu que 60% à 70% des cas soient réglés directement dans les centres fédéraux, précise Pierre-Alain Ruffieux, chef de division au SEM. Cette proportion n’est actuellement que de 20%.» Un transfert vers les cantons ne se fera qu’après acceptation du dossier ou dans des cas compliqués, nécessitant une procédure étendue.

Selon les prévisions, deux tiers des requêtes traitées en procédures accélérées se termineront par des «renvois Dublin». Une bonne partie des locataires de la Gouglera devront ainsi quitter la Suisse, volontairement ou non. Et même si le CFA est géré par la Confédération, ce sont les services fribourgeois qui devront mettre en œuvre les rapatriements forcés. Enfin, pour les requérants qui attendront leur renvoi. Durant l’expérience menée à Zurich, plus de la moitié des personnes déboutées ont disparu dans la nature.

Autre alternative au renvoi: le départ volontaire, avec ou sans une aide à la réintégration de la Confédération. «On parle de quelques centaines de francs, au maximum 2000 pour une famille», explique Jean Quartarolo, de l’Organisation internationale pour les migrations. Cet organisme des Nations Unies sera présent un jour par semaine à la Gouglera, pour présenter cette option aux requérants et préparer des projets. «L’aide est reçue sur place en nature. Dans la majorité des cas, c’est une solution durable. Son coût est de toute façon inférieur à celui d’un mois de séjour en Suisse ou à celui d’un renvoi forcé.» ■

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