NOS RÉPONSES À VOS QUESTIONS
Combien y a-t-il d’arbres à Bulle?
La ville de Londres posséderait 8,4 millions d’arbres, presque autant que d’habitants. Cette information, parue dans le journal britannique The Guardian (en décembre 2015) et relayée sur le site de la capitale anglaise, a marqué une lectrice, habitante de Bulle, qui s’interroge sur la situation du chef-lieu gruérien: «Et qu’en est-il à Bulle, ville autrefois campagnarde?» La Gruyère a cherché la réponse.
«Sur l’ensemble du domaine public, je pense que la commune dénombre environ 3000 arbres.» L’estimation vient de Philippe Romanens, chef du Service d’entretien de Bulle. «En tenant compte des rues, des parcs, des cimetières, des écoles, de la piscine et autre. Mais sans s’intéresser aux propriétés privées, qui n’en dénombrent sans doute pas plus que 3000 selon une estimation grossière.» Au total, il y en aurait donc au maximum 6000, avec comme essences principales l’érable et le tilleul. On reste (très) loin du nombre d’habitants: 22 709, au 31 décembre 2017. Mais l’entrée de la forêt de Bouleyres, qui se trouve en dehors de la zone urbaine – et qui n’est ainsi pas comptabilisée dans les calculs – se situe à moins d’un kilomètre de l’Hôtel de Ville. Philippe Romanens tient à rassurer la lectrice – qui parle de la «pauvre ville de Bulle» – et tous ceux qui ont l’impression d’une ville de moins en moins verte: «Le nombre d’arbres sur le domaine public est en augmentation. Lors du dernier recensement, en 2010, le chiffre était de 2700. Nous allons refaire un comptage cet hiver pour chiffrer précisément l’évolution.»
Ce travail a déjà eu lieu pour les «arbres de grande qualité», dans le cadre du nouveau Plan d’aménagement local. Lors de la présentation du projet, la ville a annoncé qu’environ 350 arbres seront répertoriés et protégés, dont 180 situés sur des terrains privés. Là aussi, l’évolution est nette: la version précédente, approuvée en 2012, n’en protégeait qu’une centaine, presque tous dans le domaine public.
De quelle protection parle-t-on? «On parle là d’arbres qui sont exceptionnels, pour des raisons historiques, d’âge ou de milieu de vie, précise Philippe Romanens. Même malade, sec ou cassé, aucun ne peut être coupé sans en réfé- rer au Conseil communal.» Un préavis est aussi demandé au Service cantonal de la nature et du paysage (SNP). «Si l’abattage est lié à un permis de construire, notre service et la commune donnent un préavis, le préfet délivre la dérogation», précise Chantal Baudassé, collaboratrice scientifique au SNP. La Loi sur la protection de la nature et du paysage de 2014 protège d’office les «boisements hors forêt» situés en dehors des zones à bâtir. «Dans ces dernières, les communes doivent recenser et protéger les arbres intéressants. Elles gèrent les autres comme elles l’entendent.»
A Bulle, l’objectif est de compenser les abattages, même pour les arbres ordinaires pour lesquels il n’y a pas d’obligation légale. «Mais les nouveaux ne sont pas forcément plantés au même endroit, alors les gens ont l’impression qu’ils ont disparu. A La Toula, par exemple, quatre ont été enlevés et trois déjà replantés ailleurs.»
Alors, Bulle, une ville autrefois campagnarde qui se bétonne? Au Conseil général, le Vert Nicolas Pasquier partage l’inquiétude de notre lectrice. Il a déposé en novembre 2017 un postulat «pour la végétalisation du domaine public». Il pointait notamment la disparition des arbres de la rue de Vevey et du Russalet, où 60 érables ont été remplacés par 30 tilleuls. La commune n’a pas eu à lui répondre, car le Conseil général a voté contre la transmission de l’objet. En octobre dernier, Nicolas Pasquier est revenu à la charge avec un nouveau postulat demandant une certification «Villeverte Suisse».
Ceux qui veulent se faire leur propre opinion peuvent consulter le portail cartographique fédéral, map.geo.admin.ch. Les anciennes cartes, mais surtout les vues aériennes, de 1930 à 2000, en sélectionnant le thème «photos aériennes», permettent de visualiser l’évolution de la végétation urbaine. De quoi s’offrir, en prime, un petit voyage dans le passé.
XAVIER SCHALLER
Posez-nous vos questions
La Gruyère inaugure aujourd’hui une nouvelle rubrique: «Nos réponses à vos questions». Un espace où les lecteurs participent, en posant les questions, auxquelles notre équipe de journalistes répond.
Toutes les thématiques sont abordables. Les plus sérieuses comme les plus légères, celles qui font actuellement du bruit comme celles qui ne collent pas à l’actualité. Toutefois, quatre règles précises, essentielles au bon fonctionnement de l’exercice, sont à observer:
1. Les questions traiteront d’un sujet en lien avec la région
2. Elles appelleront des réponses objectives et non un avis subjectif
3. Elles présenteront un caractère d’intérêt public
4. Elles ne porteront pas atteinte à la vie privée des personnes
Les interrogations qui dérogeront à l’une de ces règles seront écartées. Pour les autres, notre rédaction essaiera de trouver la réponse la plus adéquate possible. GRU
Vos questions peuvent être transmises:
– par e-mail à redaction@lagruyere.ch
– via Facebook, en envoyant un message personnel sur la page de LaGruyère
– par courrier à: Journal La Gruyère, rue de la Toula 9, 1630 Bulle
Ajouter un commentaire