On ne se connaît pas. A peine un bonjour quand on se croisait, au temps où l’on pouvait se croiser, dans ce quartier mi-populaire, mi-bobo de Fribourg. Un de ces coins de ville où, entre voisins, on s’ignore tranquillement, sans mépris ni rejet. Juste chacun pour soi et tout va bien. Quand on se voit sur les balcons, on fait semblant de rien, on ne voudrait pas gêner.

On ne se connaît pas, mais, depuis quelques jours, dès que 21 h a sonné au clocher de l’église, on commence à s’entendre. La rumeur sourd dans la nuit, enfle, avant d’éclater. Des applaudissements, des sifflets, des «merci». C’était le cas aussi à 12 h 30, hier. Et ce soir encore, et demain… On ne se connaît toujours pas, mais on se devine, penchés à nos fenêtres, et on tape dans nos mains, plus fort, plus longtemps, parce…