Michaël Perruchoud
L’Age d’Homme
Je l’ai dit de mon ton le plus bougon, et je ne passe pas pour être une personne de grande chaleur. Mais Edwige ne cille pas, pas plus qu’elle ne jette au vieux papier cette lettre dont je ne veux pas, comme je lui ai pourtant demandé. Elle souhaiterait que je lui explique pourquoi je n’ai pas souscrit à son idée, pourquoi je n’ai pas offert un brin de bonheur simple à quelqu’un qui n’avait besoin de rien d’autre.
– Vous devriez prendre le temps, Madame. Edwige ne m’appelle pas par mon nom, mais quand elle me sent d’humeur, que je n’ai personne à voir et que je ressens un besoin de compagnie, elle s’installe à mon bureau, face à moi.
– Vous ne voulez pas ouvrir ?
– C’est un conseil, Edwige ?
– Non, Madame, je ne me permettrais pas.
– C’est très bien, car vous…