Un homme de 30 ans comparaît pour meurtre

| mar, 01. sep. 2020

Le Tribunal de la Sarine examine le meurtre d’une prostituée en janvier 2017 à Fribourg. Un homme de 30 ans a avoué les faits, mais son mobile reste peu clair.

Face aux juges, cette ancienne promesse du football romand a fait profil bas. Tête baissée, épaules rentrées, il a immédiatement exprimé ses regrets. "C’est probablement un des jours les plus durs de ma vie. Avec le recul, je regrette énormément ce que j’ai fait. Et j’ai honte. Je suis là pour assumer."

Le 14 janvier 2017, au milieu de la nuit, cet homme s’est rendu dans un salon de massage situé au domicile d’une prostituée à Fribourg. La femme, suisse originaire de République dominicaine, était âgée de 49 ans. Grâce à son activité, elle faisait vivre une partie de sa famille restée au pays.

Après la passe, l’accusé se dispute avec la prostituée. Cette dernière l’aurait traité de drogué, lui aurait fait remarqué une impuissance passagère, ce qui l’aurait mis hors de lui. L’homme aurait alors saisi un couteau à désosser qu’il avait emporté avec lui et tué sa victime en lui assenant vingt coups.

L’accusé affirme ne plus se souvenir de ce déchaînement de violence. Seul le premier coup lui est resté en mémoire et hante ses nuits. Après avoir commis cet homicide, il a nettoyé les lieux et mis le corps dans une valise qu’il a ensuite transportée chez lui à la rue de la Grand-Fontaine (photo). Pour monter dans son appartement, il demande l’aide d’un homme, âgé alors de 38 ans, qu’il hébergeait provisoirement. Ce dernier comparaît également au Tribunal pénal de la Sarine.

La première journée a essentiellement servi à cerner l’accusé et à chercher à clarifier son mobile. L’homme avait consommé de la drogue avant de rencontrer la prostituée. Mais il peine à expliquer davantage son geste. «Je ne me reconnais pas dans l’homme qui a fait ça. Oui, j’ai pu avoir des accès de violence, des paroles par le passé, mais…»

Le président du Tribunal, Benoît Chassot, a exploré la piste de l’adoption. L’accusé est né au Brésil d’une mère qu’il soupçonne d’être prostituée. Il s’est toujours interrogé sur ses origines. «C’est l’éternelle inconnue de ma vie.» A ce moment de l’audience, il laisse couler ses larmes. Sa victime, originaire d’Amérique latine, plus âgée, aurait-elle réveillé quelque chose en lui? Il n’a pas de réponse. «Je ne sais pas ce que j’ai pensé inconsciemment à travers cette femme.» Grâce à sa sœur, il a pu retrouver sa mère biologique et avoir un contact téléphonique avec elle depuis la prison.

L’accusé admet avoir beaucoup fréquenté le milieu de la prostitution. Il reconnaît aussi avoir été toxicomane et avoir vendu de la drogue. Les différents témoins, à commencer par le père de l’accusé, l’ont tous décrit comme un garçon sociable, doué pour le football. Ils peinent à l’imaginer en meurtrier. Tous relèvent le changement qui s’est opéré en lui depuis son incarcération.

Poursuivi pour atteinte à la paix des morts et entrave à l’action pénale, son complice a affirmé qu’il ne savait pas ce que contenait la valise. Pourtant, selon l’acte d’accusation, son aspect prêtait peu à confusion. L’homme reconnaît avoir commis un délit, mais il a aussi dit sa colère d’avoir été incarcéré pendant plusieurs mois ce qui l’a coupé définitivement de son fils, de sa mère et de ses frères.

Le procès se poursuit mercredi avec le réquisitoire du Ministère public et les plaidoiries. DM

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