En 2019, nous avons eu l’occasion de voyager durant trois mois en Indonésie, dont près de deux mois à Sumatra. Allons droit au but: c’est ici, dans deux infimes parties de jungle dont la riche biodiversité est menacée, que vivent les dernières populations sauvages d’orangs-outans au monde. Pour atteindre ces régions, nous avons passé des journées entières en voiture. Durant ces interminables trajets, nous avons tristement constaté «en vrai» la déforestation de masse. Nous avons roulé à travers des collines dénudées ou l’immensité d’une palmeraie qui n’en finit jamais. Seules âmes qui vivent, les habitants du coin, condamnés à travailler (ou plutôt à être exploités) pour cette industrie qui a causé le déclin de leur patrimoine économique, écologique et social. Dans ce coin du monde, la population est divisée en deux catégories: les pauvres, qui vivent dans la jungle et essaient de préserver leur biotope en vivant en harmonie avec leur milieu et leurs traditions et localement en développant un tourisme durable. Et puis, il y a les pauvres devenus miséreux, depuis que l’engrenage des bulldozers les a saisis, au profit d’une huile qui n’engraissera jamais les leurs. Ici, les gens en sont à abolir l’utilisation de papier toilette, pensant ainsi pouvoir sauver quelques hectares de forêt… L’accord promet une protection de l’environnement et du droit des travailleurs sur place… Une phrase graissée à l’huile de palme pour mieux faire passer la pilule! Nous avons bien saisi les enjeux économiques pour la Suisse, mais les questions environnementales et sociales nous semblent bien bancales pour accepter là un accord qui prétend viser le développement durable. A l’heure où l’on nous somme de consommer local pour soutenir notre économie et nos agriculteurs, pardonnez-nous d’avoir du mal à avaler la couleuvre. Pauline Varga et Sébastien Lauper, Bulle