A propos de la stratégie agroalimentaire du Conseil d’Etat (La Gruyère du 30 janvier).
«Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute» (Jean de La Fontaine). Les agriculteurs et l’ensemble des consommateurs-contribuables fribourgeois vont-ils accepter que les marchands de «charabia» mandatés par les grands distributeurs et nos autorités cantonales vivent à leurs dépens? La «stratégie agroalimentaire» est issue d’un «large processus participatif». Qui a participé, en dehors de l’Institut agricole de Grangeneuve, d’Agroscope, d’AgriCo, de la Swiss food and nutrition valley, de NTM-Innobooster, du Food living lab et du Swiss plastics cluster à BlueFactory? Mes excuses, Monsieur Castella, mais sur la photo qui accompagne l’article paru le 30 janvier, vous avez l’air aussi dubitatif que moi sur le sens de ce jargon. Quel rapport tout cela a avec un troupeau de vaches, un champ de blé ou un carré de choux? «Déploiement de la numérisation et de l’automatisation dans l’agriculture.» Les marchands d’appareils et d’installations ne vont pas vous contredire. Ils s’enrichissent quotidiennement sur le dos d’agriculteurs qu’ils sont parvenus à convaincre de s’endetter encore plus. Pour vendre à des prix dérisoires des produits dont j’ai entendu dire qu’ils peuvent valoir dix fois (quand ce n’est pas davantage) plus cher sur l’étal des grandes surfaces. Si à côté de ce que j’estime être du blabla pseudo-diététique affiché sur l’emballage plastique des produits figurait le prix payé au producteur… Une autre «stratégie agroalimentaire»: le développement et la diffusion de petites exploitations respectueuses de l’environnement qui font de la vente directe ou se regroupent en structures coopératives de distribution. Il en existe de plus en plus, qui s’avèrent viables. Après avoir tenté de détruire la fabrication du fromage d’alpage sous prétexte d’hygiène, c’est à l’ensemble de l’agriculture de proximité que les géants de l’agroalimentaire s’attaquent. Est-ce ce que le Conseil d’Etat soutient, au détriment de la majorité des agriculteurs et des consommateurs du canton? Albert Friedli, Charmey