A propos de l’hôpital de Marsens.
En prenant connaissance de l’article de François Pharisa et Dominique Meylan dans La Gruyère du samedi 6 mars, «Un climat délétère provoque une enquête» (dans le secteur des personnes âgées de l’hôpital de Marsens), j’ai été abasourdie par la réponse d’Anne-Claude Demierre, à la question du journaliste qui lui demandait si les patients pouvaient être victimes de cette situation: «Cela ne les concerne absolument pas. La qualité de la prise en charge est assurée.»
Méconnaissance grave? Réflexe défensif de politicienne face à ce que nous savons tous, à savoir que la performance au travail et la satisfaction du client ou de l’usager sont en lien direct avec la manière dont se sentent les collaborateurs, et avec le climat de travail qui règne dans leur entreprise?
Que penser alors de ce climat dans un endroit aussi sensible qu’un hôpital? Ce lieu à nul autre pareil où les soignants sont en prise avec la souffrance de leurs semblables. Qui plus est dans un hôpital psychiatrique… répondant à l’appellation édulcorée de «Réseau fribourgeois de santé mentale».
Sans être soignant soi-même, on ne peut qu’imaginer l’importance pour ces derniers de se sentir solidaires les uns les autres face à la détresse psychique côtoyée au quotidien. Combien il doit être important de se sentir soutenus et accompagnés par leurs responsables pour se maintenir dans une humanité de tous les instants, requise pour soigner ses semblables touchés par la maladie psychique.
Comment est-ce possible dans un climat de travail délétère? A quand une sérieuse remise en question de l’esprit qui règne à l’hôpital de Marsens? Où sont les responsables politiques de tous bords, pour questionner le fonctionnement de cet hôpital, comme il est d’usage de le faire pour les autres?
Danielle Aeby-Magnin, auteure du livre Un hôpital psychiatrique mis en lumière, Marsens (Editions Au fil du temps, 2018)