Pour une entente cordiale

A propos du rattachement de Moutier au canton du Jura.

L’histoire est écrite, le problème jurassien est réglé, a-t-on pu lire dans la presse suisse, qui salue avec une belle unanimité le rattachement de Moutier au canton du Jura. Certes, le cas est réglé sur le plan institutionnel. Quant aux autres aspects du divorce, ils feront l’objet de négociations dans le cadre du concordat entre Berne et Delémont.
Un point sociétal très sensible, pas forcément inscrit à l’ordre du jour s’insérera dans le débat, celui qu’évoque Le Temps lorsqu’il note avec pertinence que la moitié de la population de Moutier se sent encore bernoise.
Les autorités communales à majorité autonomiste, écrit-il encore, ne devraient pas minimiser cet état de fait et encore moins le négliger. C’est un appel du pied à l’émergence d’une entente cordiale qu’il ne sera pas facile d’établir, car elle suppose un changement de mentalité qu’aucune feuille de route ne peut instaurer.
Deux faits concomitants ne permettent guère d’espérer dans l’immédiat une évolution des consciences vers la sérénité: la manifestation ostensiblement triomphale qui a ponctué la journée de votation et le propos du secrétaire général du mouvement autonomiste qualifiant de vaincus les antiséparatistes. Une rhétorique belliqueuse dépassée. D’autre part, la grande majorité des antiséparatistes gardera l’identité bernoise, elle obtiendra subsidiairement le statut de résident confédéral. Voilà qui ne va pas être perçu comme un désir d’intégration.
Terminons sur une note positive. La Suisse a la réputation de démêler les imbroglios les plus coriaces. Le canton du Jura est, dit-on, un réservoir d’intelligence. Cette addition de vertus ne peut que déboucher sur l’inattendu.

Clovis Colliard, Châtel-sur-Montsalvens

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