Je pose mon oreille…
… sur la neige qui tombe. La neige, c’est la crème chantilly de janvier. Je n’ai jamais posé mon oreille sur la crème chantilly. A tenter. Sans doute que les molécules de crème ne sont pas aussi légères que les flocons qui, en ce moment sous nos yeux, peignent la nature. Ils la soulignent, l’épousent, l’illuminent, la blanchissent comme le fluor blanchit les dents, mais sans agressivité. Il y a dans la neige une douceur à faire fondre les violences et les amertumes.
Chaque fois qu’il neige, on déciderait d’une trêve. Tout s’immobiliserait. En l’honneur de la crème chantilly de janvier. Nous la regarderions tomber, hypnotisés, sans plus aucun projet qui nous tendrait vers demain. Adieux les délais, les virevoltes, les brassages d’air. Nous entrerions dans une rêverie…