BARRICADE. C’est un tract collé sur un mur, quelque part en ville. Plutôt les restes d’un tract. Déchiré, délavé. Que reste-t-il de son appel? A peine quelques lettres, mais si les mots sont amputés – sauf un –, le sens demeure. C’est un appel à une manifestation, oui. Une mobilisation pour dénoncer la complicité et l’impunité. De qui, pour quoi? Chacun y mettra ses mots. C’est l’avantage d’un vieux tract collé sauvagement qui résiste au propre en ordre de nos murs. Ils deviennent avec le temps, le soleil, la pluie, le vent, un bout de page blanche où peuvent alors s’écrire en quelques lettres nos colères jamais assouvies. CLAUDE ZURCHER