La Gruyère retrace le parcours de ces acteurs indispensables du sport: les arbitres.
Avant-dernier épisode de cette série thématique avec Logan Berchier, officiel en football.
Le Gruérien de 29 ans siffle au deuxième échelon national depuis l’été dernier.
GLENN RAY
Stade de Tourbillon, 31 août 2024. Alors que Sion et Bâle se neutralisent, l’attaquant rhénan Xherdan Shaqiri fait son entrée en jeu après avoir serré la main du quatrième arbitre Logan Berchier. «C’était seulement sa deuxième apparition depuis son retour en Suisse, retrace le résident d’Enney. Il y avait un petit côté historique et j’ai pris conscience que j’avais atteint un nouveau palier dans ma carrière.»
Depuis l’été dernier, le Gruérien de 29 ans fait partie des 26 arbitres de Swiss Football League. Il alterne entre les terrains de Challenge et de Super League. Et les fonctions d’arbitre central et de quatrième officiel. «Ça fait partie de la formation: être sur la touche est un moyen de prendre du galon et de découvrir différents types d’arbitrage.» Si Logan Berchier apprécie son rôle de «paratonnerre» entre les deux bancs, c’est dans le feu de l’action qu’il vibre le plus. «J’aime devoir prendre des décisions rapides et gérer 22 joueurs, tout en faisant du sport.»
Héritage paternel
Cette vocation lui vient de son papa Jean-Daniel, décédé en 2020. «Il avait arbitré jusqu’en 3e ligue et c’est lui qui m’a poussé à essayer au FC Haute-Gruyère à 15 ans.» Milieu de terrain «limité techniquement», mais aussi gardien de hockey passé par le mouvement junior de Fribourg-Gottéron, l’adolescent voit dans ce nouveau poste un moyen de combiner ses deux sports. Et d’accéder au plus haut niveau. «Je jouais au hockey le dimanche et j’arbitrais le samedi, avec mon papa qui me coachait et me donnait confiance.» Car affirmer ses décisions face à des adultes à 17 ans n’a pas toujours été évident. «Je me souviens avoir dû arrêter un match de 3e ligue à cause d’une bagarre. Ce n’est pas un bon souvenir et je m’étais beaucoup remis en question.»
Sa progression n’en a pas été freinée pour autant: Logan Berchier a découvert la 1re ligue en 2019, puis la Promotion League deux ans plus tard. «Quand j’ai intégré le groupe talents, j’ai compris que j’avais mes chances d’atteindre la Super League en tant qu’arbitre central, mon rêve.» Un rêve dont le Gruérien aux six matches de Challenge League n’a jamais été aussi proche. «Ça pourrait arriver dans les deux à quatre ans. Il y a un nombre fixe de 15 arbitres en Super League, je dois donc attendre que l’un d’eux arrête. Pour avoir ma chance, il me faudra non seulement être bon, mais aussi l’être au bon moment.»
Trio gruérien
En attendant, Logan Berchier va continuer d’écumer les pelouses de Suisse. Avec, parfois, de jolies surprises à la clé, comme lorsqu’il a arbitré Vaduz en septembre dernier. «Avec Ryan Fosso et Théo Golliard, nous nous sommes retrouvés à trois Gruériens sur une pelouse de Challenge League. Ça n’était plus arrivé à ce niveau depuis quelques années.»
Logan Berchier n’oublie toutefois pas les sacrifices consentis. «Les jours de match, il faut compter environ 12 heures, trajet inclus. A raison de six à huit rencontres par mois, ça fait beaucoup, surtout que je travaille à 80%», précise le directeur des comptes d’une entreprise de brand management. La moitié des quelque 2000 francs qu’il touche mensuellement lui servent à se «payer de l’équipement, un préparateur physique et un masseur. C’est paradoxal de se dire qu’en tant qu’arbitres, nous sommes les seuls à ne pas être pro en arrivant au stade.»
Un statut que la technologie ne devrait pas péjorer, au contraire. «L’assistance vidéo est un filet de sécurité, qui nous permet d’éviter des erreurs manifestes. Mais elle ne remplacera pas le central, car l’arbitrage implique aussi une forme d’interprétation», souligne Logan Berchier. Avant de conclure: «A terme, expliquer nos décisions sur le terrain pourrait amener à une meilleure compréhension et reconnaissance de notre rôle.»
Kim Christensen et les poteaux mouvants
En septembre 2009, le portier de Göteborg Kim Christensen est pris sur le fait alors qu’il déplace ses poteaux amovibles pour réduire la taille de son but en pleine rencontre face à Orebrö, lors de la 24e journée du championnat de Suède. Alerté, l’arbitre de la rencontre les replace lui-même, mais ne sanctionne pas le tricheur. «Comme c’est arrivé lorsque le jeu était arrêté, il ne pouvait pas faire beaucoup plus, précise Logan Berchier. Aucun article du règlement n’évoque un tel cas, mais ce n’est pas dans l’esprit du jeu. Le maximum serait de donner un carton jaune. Mais encore faut-il l’avoir vu.»
Pour le Gruérien de 29 ans, l’homme en noir a donc parfaitement réagi. «J’aurai fait pareil, en interrompant le match pour réparer le but d’abord, puis en dénonçant le cas à la commission de discipline dans mon rapport d’après-match.» Malgré cette dénonciation et les aveux de Kim Christensen, ce dernier n’a jamais été suspendu. Une impunité qui a probablement inspiré l’Islandais Patrik Gunnarsson, accusé des mêmes faits en 2022 en Norvège.
Du tac au tac
Si vous étiez…
… une personnalité?
L’ancien président des Etats-Unis Barack Obama. Malgré les responsabilités, il a su rester humble.
… un compliment?
Que je suis curieux, parce que j’aime bien voir de nouvelles choses.
… un événement marquant du sport?
Les derniers Jeux olympiques à Paris. Un rassemblement réussi combinant sports et cultures.
… un film?
Le Roi Lion. Un film qui démontre que malgré les épreuves, tout finit par s’arranger.
… un métier de rêve?
Petit, je rêvais de devenir pilote d’avion. Un métier qui m’aurait permis de voyager et de rencontrer des gens.
… un superpouvoir?
Arrêter le temps, pour profiter de l’instant présent.
… une ville?
San Francisco (Etats-Unis). J’y suis né et j’y ai vécu dix ans. J’apprécie le côté multiculturel de cette ville.
… un livre?
Un dictionnaire. Parce que j’ai cette envie de tout comprendre. Au point d’en énerver ma fiancée (rires)!
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