PAR CHRISTOPHE DUTOIT
Sur la perspective en 3D, on dirait une station lunaire évadée d’une bande dessinée de science-fiction. Avec ses déambulations en couloirs hémisphériques, ses deux dômes de 400 m2 pouvant accueillir des spectacles et sa forme extérieure en hexagone s’étendant sur 5000 m2 (dont 1500 m2 d’espaces verts), le projet de l’Helvétique Center du Cercle des Cent-Suisses pourrait voir le jour prochainement en Gruyère.
Si l’idée peut paraître totalement farfelue aux yeux de certains, elle est parfaitement réaliste pour Jean-Charles Martin, président du Cercle des Cent-Suisses, une institution reconnue d’utilité publique fédérale et dans le canton de Genève, où se trouve actuellement son siège social. «Ce projet est né voilà plusieurs années, explique ce détective privé professionnel. Son but est de promouvoir et de faire revivre l’histoire suisse à travers un centre d’histoire, vivant et intellectuel, à connotation ludique et récréative. Un musée, une bibliothèque et un collège dispensant des cours d’histoire suisse seraient intégrés à cet Helvétique Center.» La création d’un Musée sur le mythe fondateur de la Confédération et sur Guillaume Tell est ainsi envisagée (une version virtuelle est visible sur www.tellmuseum.com).
De la sécurité à l’histoire
Fondé en 2005, le Cercle des Cent-Suisses était d’abord un groupement d’intérêts visant à défendre les sociétés de sécurité, domaine dans lequel Jean-Charles Martin était alors actif. «Très rapidement, nous nous sommes tournés vers l’histoire», raconte le Genevois, qui s’installera début octobre à Bulle, «pour raisons sentimentales».
Depuis 2008, le Cercle des Cent-Suisses a cherché à l’installer en région genevoise. D’abord sur le domaine de Rive-Belle, une magnifique maison de maître du XIXe siècle, alanguie au bord du lac. Il avait d’ailleurs reçu à ce propos le soutien du Grand Conseil genevois dans une motion déposée le 24 mai 2011, qui jugeait que «le projet de l’Helvétique Center correspond à une attente culturelle locale et nationale». Puis les Cent-Suisses avaient encore cherché à investir le château de Penthes, qui abrite déjà la Fondation pour l’histoire des Suisses dans le monde. Là aussi, en vain.
«Genève est tournée vers l’international. On trouve difficilement des appuis politiques pour des projets nationaux», plaide Jean-Charles Martin, qui, au fil de fréquents déplacements en région bulloise, voit désormais en Gruyères le site idéal pour implanter son centre. «La Gruyère est en pleine expansion et la cité de Gruyères est un lieu très attrayant pour le tourisme», expose-t-il.
Architecture modulaire
Du coup, un nouveau concept s’élabore, avec l’appui de l’entreprise Swissmodule, établie à Bulle, qui propose des architectures modulaires, comme les classes enfantines de Broc (La Gruyère du 14 août 2010). «Le concept n’est pas encore abouti, mais on a déjà visité différents terrains», affirme Jean-Charles Martin, qui refuse de donner davantage de précisions.
Pour l’heure, le budget de construction est estimé à 3 millions de francs. Sans compter le terrain ni les frais de fonctionnement. «Si on joint une boutique et une cafétéria (qui seraient privatisés), on créerait en tout une quinzaine d’emplois», prévoit le président.
«C’est un pari assez fou, reconnaît Jean-Charles Martin. Nous y croyons et nous devons maintenant convaincre les gens que c’est une nécessité. Enseigner l’histoire suisse permet une meilleure compréhension de nos problèmes et une meilleure intégration de la communauté étrangère.»
A ce propos, comment le Cercle des Cent-Suisses se positionne-t-il sur le plan politique, avec des thématiques qui pourraient être jugées de «nationalistes»? Réponse de Jean-Charles Martin: «A Genève, nous avons reçu des soutiens de l’UDC et du MCG (Mouvement citoyens genevois). Mais, que ce soit clair: nous n’avons pas d’idéologie politique et nous essayons au maximum d’éviter toute récupération.»
Documents exceptionnels
A l’intérieur de son futur Helvétique Center, le Cercle des Cent-Suisses exposera sa collection, actuellement conservée dans des entrepôts. «Nous possédons des documents exceptionnels, comme les carnets du seul garde suisse à s’être échappé des Tuileries, annonce le président. Nous voulons créer une exposition tournée vers l’interactivité, quelque chose de très moderne, pour éviter les mises en scène poussiéreuses de certains musées.» Pour ce faire, Jean-Charles Martin est en contact avec des spécialistes à Taïwan, «au bénéfice de nouvelles technologies».
En attendant d’en apprendre davantage sur ses prodigieux projets, le Cercle des Cent-Suisses aura à cœur de se présenter le 25 novembre 2012, lui qui participe à l’organisation du Bicentenaire de la Bérézina, qui aura lieu à Villars-sous-Mont.
Infos: www.lescentsuisses.ch
--------------
Bérézina commémorée le 25 novembre
L’appel lancé dans La Gruyère du 29 mars 2012 a porté ses fruits. Petit rappel: auteur du livre La Bérézina, Suisses et Français dans la tourmente de 1812, l’historien marsensois Alain-Jacques Tornare invitait les habitants de l’Intyamon à réhabiliter la stèle de Villars-sous-Mont. Un monument en pierre, sans doute érigé par les survivants des campagnes napoléoniennes, dénaturé par une plaque gravée «Mission 1993». Le seul lieu en mémoire de la Bérézina toujours sur pied en Suisse.
«Cet article m’a interpellé, raconte Ariane Favre, présidente de la Société de développement de l’Intyamon. Ce n’est pas tous les jours qu’on a une pareille occasion pour se faire connaître et mettre en valeur notre patrimoine.» Tout se déroule alors sur les chapeaux de roue. Contact est pris avec Alain-Jacques Tornare, puis avec le Cercle des Cent-Suisses, déjà organisateur de plusieurs reconstitutions, notamment lors de fêtes du 1er Août, dans la région genevoise.
Stèle nettoyée et déplacée
On décide de déplacer la stèle, cachée derrière une barrière routière, et de lui offrir un nettoyage en profondeur et une petite esplanade en tout-venant. «Ces travaux ont été offerts par l’entreprise JPF», explique Ariane Favre, ravie d’avoir trouvé des sponsors dans un délai aussi court. A ses côtés, un panneau didactique sera bientôt posé, sur lequel on pourra lire une mise en contexte historique. Pour rappeler que «depuis 1803, 1364 Fribourgeois ont participé au service national des Suisses en France».
Ainsi restaurée, la stèle de Villars-sous-Mont s’élève au rang de second lieu de «mémoire collectif» à tous les Suisses, aux côtés du célèbre Lion de Lucerne, comme se plaît à le réaffirmer Alain-Jacques Tornare.
Cérémonie, bivouac et cortège
De manière tout aussi effrénée, une journée de commémoration est mise sur pied et fixée au dimanche 25 novembre. Plusieurs fanfares (la Landwehr, la Bertholdia, le Corps de musique de la ville de Bulle) et des corps d’armes (les Grenadiers fribourgeois notamment) ont annoncé leur présence. De même, des groupes de reconstitution, qui comptent une centaine de figurants, monteront un bivouac pour rappeler la vie du 3e Régiment suisse. Le conteur Dominique Pasquier officiera comme narrateur de cette lointaine époque.
En fin de matinée, une cérémonie aura lieu près de la stèle, puis un cortège se formera pour rejoindre la place d’armes de Grandvillard où Alain-Jacques Tornare et le commandant de corps Dominique Andrey donneront des conférences. CD
Commentaires
Baeriswyl Jean-... (non vérifié)
dim, 16 sep. 2012
Jean-Charles Martin (non vérifié)
lun, 17 sep. 2012
Jean-Charles Martin (non vérifié)
sam, 15 sep. 2012
Jean-Charles Martin (non vérifié)
sam, 15 sep. 2012
OB (non vérifié)
sam, 15 sep. 2012
Baeriswyl Jean-... (non vérifié)
lun, 17 sep. 2012
gcurrat@bluewin.ch (non vérifié)
ven, 14 sep. 2012
Jean-Charles Martin (non vérifié)
sam, 15 sep. 2012
Ajouter un commentaire