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Entraîneur des cracks suisses, il ouvre les coulisses du géant

| mar, 10. Jan. 2012
Entraîneur de Didier Cuche et de Didier Défago, Bertrand Dubuis nous ouvre les portes du Cirque blanc, dans les coulisses du slalom géant d'Adelboden. Reportage.

PAR THIBAUD GUISAN
«Les nuits avant une course sont toujours agitées. Ce n’est pas le même stress que pour un athlète, mais on se pose beaucoup de questions. A-t-on fait juste? Est-ce que ça va aller?» Entraîneur de Didier Cuche, Didier Défago et de Silvan Zurbriggen, Bertrand Dubuis semblait pourtant plutôt détendu, samedi à 8 h 30, au sommet de la Chuenisbärgli, la piste du mythique slalom géant d’Adelboden. «Le jour de la course, c’est différent, sourit le Valaisan de 38 ans. Les gars ne sont pas des OJ. Ils savent ce qu’ils ont à faire. Nous sommes là pour les détails.»


En général, six entraîneurs suisses prennent position le long de la piste d’un slalom géant. C’était le cas à Adelboden. Impératif: être en place vingt minutes avant le début de chaque manche (10 h 30 et 13 h 30 samedi) et y rester jusqu’au passage du dernier coureur de sa nation. «Pour une descente ou un super-G, nous sommes huit ou neuf et trois pour un slalom», expose Bertrand Dubuis.
En revanche, le rôle des techniciens ne change pratiquement pas d’une discipline à l’autre. «Nous servons avant tout de points de repère à des endroits clés. Nous communiquons aussi les changements de ligne intervenant au fil de la course, si la piste commence à marquer ou à casser. Mais, d’une manière générale, nous essayons de faire silence radio. Les athlètes n’aiment pas recevoir trop d’informations. Ça peut les obliger à revoir toute leur approche du tracé.»


La discussion, c’est plutôt pour la reconnaissance, entre les portes: une période de quarante-cinq minutes qui suit une phase d’échauffement à discrétion. Libres de gérer le temps à disposition – de 8 h 45 à 9 h 30 à Adelboden – les coureurs n’ont toutefois droit qu’à une seule descente de reconnaissance. Pour le coup, la piste se voit colonisée par un long serpent bigarré.


Parvenus dans l’aire d’arrivée, les skieurs ont-ils vraiment appris par cœur la disposition de la cinquantaine de portes? «Le schéma général, tous l’ont assimilé, répond l’entraîneur. Après, cela varie beaucoup d’un coureur à l’autre. Carlo Janka, par exemple, effectue une reconnaissance plutôt rapide. Ce qui lui importe, c’est d’avoir des points précis du tracé en tête, comme une bosse. Par contre, Didier Cuche, Didier Défago, Silvan Zurbriggen ou Daniel Albrecht essaient de mémoriser tout le parcours dans ses moindres détails. Souvent, ils s’arrêtent toutes les dix portes, pour refaire le parcours dans leur tête. S’il le faut, Cuche ou Défago n’hésitent pas à remonter une partie de la piste.»


Entre les deux manches d’un géant ou d’un slalom, les athlètes ne rentrent pas à l’hôtel, mais peuvent se rendre dans une tente, pour se reposer et se ravitailler. Le temps est compté jusqu’à la reconnaissance de la seconde manche.


L’entraîneur profite, lui, de l’intermède pour donner quelques conseils à ses athlètes, mais aussi pour un brin de causette. «Dans la saison, Adelboden ou Wengen sont des rendez-vous particuliers, parce qu’on croise du monde. C’est l’occasion de revoir d’anciens athlètes, mais aussi des copains d’armée ou du village. Ça fait du bien.»


Souvenirs de Bellegarde
Après avoir taquiné William Besse, l’ancien vainqueur du Lauberhorn, Bertrand Dubuis croise une vieille connaissance, coiffé du bonnet de l’Association fribourgeoise de ski et de snowboard: Simon Rauber, de Bellegarde. «Bertrand était mon entraîneur quand je courais en FIS, dans le groupe interrégion ouest, glisse le Gruérien de 27 ans. Cela devait être il y a dix ans.»

Entre entraîneurs des différentes nations, on y va aussi de quelques badineries. «Evidemment, je ne vais pas dire ce que Cuche choisit comme fart. Mais, comme dans la vie de tous les jours, on peut avoir un copain dans une entreprise concurrente.» Des concours de pronostics sont même organisés entre techniciens. «On parie surtout sur les descentes. L’année dernière, j’avais gagné 40 euros à Chamonix. Je crois que j’étais un des seuls à avoir un des coureurs du podium…»


Mais il est déjà 13 h 10. Bertrand Dubuis file reprendre sa position pour la seconde manche. Toujours sous les mêmes sapins, après le premier mur. Le dernier coureur arrivé – en l’occurrence le vainqueur autrichien Marcel Hirscher – l’entraîneur remontera en télésiège, piquets de slalom en main. Objectif: tracer une manche d’entraînement en vue de l’épreuve du lendemain. «D’habitude, après une course, je me rends directement à la salle de télévision pour chercher les images. Nos athlètes peuvent ainsi les revoir sur leur ordinateur.» Le changement de programme s’explique par un demi-jour de congé, samedi en fin d’après-midi.


Après un détour par Veysonnaz pour quelques séances d’entraînement avec Silvan Zurbriggen, Bertrand Dubuis prend aujourd’hui la route de Wengen pour les courses de la fin de la semaine. La tournée alpine se poursuivra avec encore une dizaine d’épreuves jusqu’aux finales de la Coupe du monde, mi-mars à Schladming. Le Valaisan n’a pas fini d’avoir des nuits agitées.

 

Défago: «Ils participent à provoquer un déclic»
Bertrand Dubuis est un traceur de courbes. Dessinateur géomètre de formation, et titulaire d’un diplôme Swiss Olympic depuis 2003, l’habitant de Savièse, employé de Swiss-ski à 100%, a entamé sa carrière d’entraîneur il y a dix-huit ans. Après les courses FIS et la Coupe d’Europe, il a fait ses débuts en Coupe du monde au début de la saison 2008-2009.


«Il motive bien les gens et il a du franc-parler, ça fait du bien», relève Didier Défago, rencontré dans l’aire d’arrivée d’Adelboden après son élimination en première manche. Le champion olympique de Vancouver, 34 ans, a d’ailleurs enchaîné les séances seul avec son entraîneur, pour préparer son retour à la compétition, après sa blessure au genou. «On a revu quelques bases techniques, avant que je ne réintègre l’équipe en juillet dernier. A notre niveau, il est vrai qu’on travaille les petits détails pour trouver une certaine constance. Les entraîneurs participent aussi à provoquer un déclic.» Pour le Morginois, le premier de la saison est déjà intervenu le 29 décembre dernier, avec une victoire sur la descente de Bormio.


Au sein de l’équipe de Suisse, les athlètes sont répartis en quatre groupes. Si Cuche, Défago et Zurbriggen évoluent dans le premier, WC1, c’est autant pour des caractéristiques sportives que pour une question de génération. «Les jeunes, comme Albrecht, Viletta, Janka ou Feuz (n.d.l.r.: membres du groupe WC2) restent beaucoup ensemble, constate Bertrand Dubuis. Pour l’entraînement, on peut très bien les mélanger avec les autres, mais pour le reste, c’est un peu plus difficile. A l’hôtel, aussi, après le repas, on voit un certain décalage entre les jeunes, beaucoup sur leur ordinateur et sur facebook, et les anciens, qui viennent plus volontiers boire un café au bar avec les entraîneurs.»


Bertrand Dubuis se verrait bien poursuivre dans sa fonction jusqu’aux jeux Olympiques de Sotchi, en 2014. «Mon objectif est d’accompagner Défago et Zurbriggen jusqu’à cette échéance. Après, tout est ouvert.» Car la vie sur la Coupe du monde est usante. «On dort peu quand on change de lits tous les trois jours. Et puis, il y a la vie de famille. Je suis marié et j’ai trois jeunes enfants. De fin octobre à mi-mars, je ne suis que quelques jours à la maison. L’année des Jeux de Vancouver, je n’y ai passé que quatre jours du 1er janvier à la fin février. C’est un peu comme une séparation.»

Commentaires

Je tiens a dire que Dubuis a cassé un nombre incroyable de coureur. Il est très mauvais.

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