Par Valentin Castella
Le petit Elia Schmid était à peine plus haut que la table. Deux ans après avoir découvert le tennis de table, le jeune Bernois effectuait, avec son club d’Interlaken, ses premiers pas en compétition officielle, en 5e ligue. Face à des adultes, il a enregistré 95% de victoires. A 8 ans seulement! «Les adversaires étaient parfois énervés ou étonnés de perdre contre un enfant, explique-t-il. Ils étaient surtout surpris par ma manière de jouer. Car 90% de mes revers se font à l’envers. Pour le moment, je n’ai jamais vu d’autres adversaires jouer de cette façon.»
Très tôt, le joueur du CTT Bulle a impressionné. Avec une moyenne de quatre entraînements par semaine dès l’âge de 9 ans, le Bernois, aujourd’hui en stage linguistique à Palézieux, a sans cesse grimpé dans la hiérarchie nationale. De la 5e ligue à 8 ans, il s’est retrouvé en 1re ligue à 12 ans. «Cette saison-là, j’avais perdu deux matches sur trente-six», se souvient-il, presque encore frustré. Frustré oui, car le Bullois d’adoption est un perfectionniste assumé. «Aujourd’hui encore, je suis énervé lorsque je perds un match. Je pense qu’un sportif qui n’a pas ce caractère ne peut pas progresser. Il doit sans cesse en vouloir davantage.» Son regard, qui traduit une gentillesse et une certaine timidité dans la vie de tous les jours, se transforme lorsqu’il se retrouve derrière une table, dans son élément. L’adolescent laisse place à un sportif d’élite en quête du Graal que représente la victoire.
Eternel insatisfait, Elia Schmid ne ménage pas ses efforts pour poursuivre sa progression. Aujourd’hui, le Bernois s’entraîne tous les jours, à Bâle, Belp et enfin à Bulle, deux fois par semaine. Il y retrouve un certain Thierry Miller. Un joueur qui a, lui aussi, fait le désespoir de nombreux adversaires. «La saison dernière, j’évoluais en LNC à Belp. Comme je fais une année linguistique en Suisse romande, j’ai demandé si je pouvais venir jouer à Bulle, en LNB. Je suis très content de pouvoir m’entraîner avec Thierry Miller. Il a connu le niveau international et il a longtemps été le meilleur en Suisse. C’est une chance de pouvoir être son coéquipier. Il m’aide beaucoup à progresser.»
«Un jeu différent»
L’intéressé ne cache d’ailleurs pas sa joie de pouvoir prendre sous son aile la probable future star helvétique. Celui qui deviendra peut-être son successeur: «Il développe un jeu très intéressant, différent des autres, analyse le multiple champion de Suisse. Il est plus créatif et varie beaucoup. Sa marge de progression est énorme. Cela va dépendre de lui et de ses conditions d’entraînement, mais il peut aisément viser une place parmi les meilleurs joueurs du pays.»
De beaux objectifs
Elia Schmid va même plus loin. Lui rêve de découvrir le niveau au-dessus, au-delà des frontières helvétiques. Il a d’ailleurs déjà goûté à la compétition internationale en participant à plusieurs championnats d’Europe juniors, en individuel et par équipe. En 2010, il a même remporté un tournoi réservé à la relève au Luxembourg. Dans la Principauté, il était seulement le troisième Suisse à s’imposer. Le premier avait été…Thierry Miller, en 1984. Des résultats qui légitiment ses ambitions internationales: «L’année prochaine, je vais commencer un apprentissage où je pourrai m’entraîner l’après-midi et le soir. Je ne sais donc pas si je vais rester à Bulle. Puis, pour progresser encore, je devrai aller tenter ma chance à l’étranger. En Suède peut-être. Un pays très bon dans la formation des jeunes.» Dans un coin de sa tête, il vise une participation aux jeux Olympiques et aux championnats du monde. L’adolescent a besoin de défis pour avancer. Quoi de mieux que de telles compétitions pour continuer à s’entraîner inlassablement.
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