«Il aura fallu onze ans pour disputer cette finale»

| mar, 03. déc. 2013
Le JC Romont écrit une page d’histoire: le club dispute sa première finale de LNA et devient vice-champion de Suisse. Récit.

PAR THIBAUD GUISAN


Le JC Romont l’a fait! Les judokas glânois ont enfin découvert les joies de la finale du championnat de LNA. Après six médailles de bronze (2002, 2003, 2007, 2008, 2011, 2012), le club a remporté la première médaille d’argent de son histoire. C’était samedi à Yverdon.
Vice-champion de Suisse, Romont a battu Morges en demi-finale, avant de se casser les dents sur Brugg en finale. Pas de miracle: l’ogre argovien a décroché son onzième titre de champion, le septième consécutif.


Les larmes de «Yoshi»
Au-delà des statistiques, il y a l’émotion. Et en particulier celle qui a envahi Yoshiyuki Hirano. L’entraîneur japonais du JC Romont a fondu en larmes quand il a vu la victoire de Jonathan Deillon propulser son équipe en finale. «J’ai tout lâché, confie le technicien. C’était vraiment une émotion très forte. Ça faisait un mois qu’on pensait à cette finale. Nos premières finales remontent à 2002. Il aura fallu onze ans pour arriver à disputer la grande finale!» Pour compléter la belle histoire, «Yoshi» fêtait son anniversaire samedi. «C’est un très joli cadeau», sourit le Japonais âgé de 36 ans et arrivé en Suisse à l’âge de 22 ans.
Mais Yoshiyuki Hirano est un perfectionniste. Sa joie est tout de même atténuée par la défaite en finale de son équipe contre Brugg (10-4). Face au grandissime favori, seuls deux Romontois se sont imposés: Nicolas Maurer et Ludovic Chammartin, de retour à la compétition. «Forcément, à côté de la joie, il y a la déception de la défaite. Mais nos judokas ont tout donné. La finale n’a pas été serrée, mais au moins disputée…»
A la décharge des Glânois, Brugg n’aligne pratiquement que des judokas actifs sur le plan international. «Il faut être réaliste. Pour s’imposer, il aurait fallu deux victoires et deux exploits», résume le coach Joël Grandjean. Ludovic Chammartin ajoute: «Nous, on est un club avec de bons combattants. Brugg, c’est une équipe nationale.»
La journée aura donc surtout valu pour le suspense de la demi-finale, remportée 8-6 con­tre Morges. Après deux succès initiaux de Mike Chavanne et de Matthieu Pahud (4-0), suivis de défaites de Gilles Progin et de François Laudrin (4-4), c’est Ludovic Chammartin qui a redonné l’avantage à son équipe (6-4). Nicolas Maurer n’avait «plus qu’à» conclure, mais il ne trouvait pas la faille face à un adversaire très défensif. Forcé de prendre des risques, il se faisait contrer à quarante secondes du terme du combat (6-6).


Deillon décisif
C’est finalement sur les épaules de Jonathan Deillon, dernier en lice, que reposaient les espoirs glânois. Sur un combat parti à un rythme effréné, le jeune poids léger, 21 ans seulement, faisait preuve de patience pour marquer un ippon sur un contre à 1’42 de la fin du combat. Victoire! «Il fallait supporter la pression, applaudit Yoshiyuki Hirano. Et ça ne s’est pas vu qu’il y avait de la tension: “John” a sorti son judo. Il a prouvé qu’il avait beaucoup progressé.» Ses coéquipiers ne se sont pas trompés en lui tombant dans les bras à la fin Le héros du jour, récent troisième des championnats de Suisse (–60 kg), revient sur cette victoire décisive sur Simon Rosset, autre médaillé de bronze des derniers championnats de Suisse (–66 kg). «Quand j’ai vu Maurer perdre, je me suis dit que le sale boulot, c’était pour moi, rigolait-il après coup. Je suis entré déterminé sur le tatami. Je n’étais pas trop tendu. Je savais que mon adversaire allait me sauter dessus dès le début. Je ne devais pas me laisser intimider.»
En finale, contre Brugg, le judoka de La Joux, membre du cadre national U23, s’est incliné contre Michael Iten, numéro 2 suisse des –60 kg derrière Ludovic Chammartin. «J’ai pu placer deux ou trois attaques. A la fin, je perds, mais la victoire n’a pas été donnée.»


«Après le salut, on réalise»
Jonathan Deillon, qui espère s’illustrer sur les tatamis internationaux, résume bien l’état d’esprit qui prédominait au sein du JC Romont. «Le premier sentiment, c’est un peu de déception avec la défaite en finale. Mais après le salut, on réalise que ce qu’on a fait: c’est historique. Le but était d’aller en finale et on l’a fait. C’est génial.»

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Chammartin et la campagne de Corée
Près de six mois après son dernier tournoi – le Grand Prix de Miami en juin dernier – Ludovic Chammartin a renoué avec la compétition lors de ces finales de LNA. Au bilan, deux victoires: la première yuko contre Yann Mages, champion de Suisse des –66 kg, la seconde ippon après un bel ura-nage. «Je me suis senti attendu, souffle le vice-champion d’Europe. Le but n’était pas de faire le spectacle, mais les points pour l’équipe. Lors de la demi-finale, j’étais super tendu. J’aurais pu aller chercher le ippon, mais je ne voulais pas prendre le risque de me faire contrer.» Ludovic Chammartin est parti dimanche pour la Corée du Sud, pour deux semaines de stage avec l’équipe de Suisse. «On va dans l’université la plus réputée de Corée. Il paraît que c’est plus dur que le Japon. L’endroit est perdu dans les montagnes, entouré de forêt. Ça me fera du bien. Depuis les championnats du monde, en août, je ne me suis plus entraîné pour le niveau international. Ne sachant pas si j’allais continuer, je n’ai fait qu’entretenir mon judo.» Pour 2014, Ludovic Chammartin, 28 ans, fera des championnats d’Europe son premier objectif. «Après, ce sera déjà le début des qualifications pour les jeux Olympiques de Rio.»


La tension du néophyte
Les finales de LNA, c’est un peu la Coupe Davis du judo. A Yverdon, les tribunes étaient bien garnies et bruyantes. A 21 ans, Gilles Progin y goûtait pour la première fois, lui qui a disputé sa première saison à ce niveau. «Je n’ai jamais ressenti quelque chose d’aussi intense de toute ma vie, confie le Bullois. C’était une sensation incroyable, même si j’ai perdu mes deux combats. La pression était forte. Je manque d’expérience. J’en ai accumulé beaucoup cette saison.» Gilles Progin combattait encore en 1re ligue (avec Bulle) l’an dernier. «On est content de sa progression, commente le coach Joël Grandjean. Gilles, c’est l’avenir de l’équipe. Il apprend et il commence à croire en lui.»


Les mêmes et un nouveau lourd en 2014
Dix-sept judokas ont combattu pour le JC Romont cette saison. «C’est un record», souligne le coach Joël Grandjean, qui a dû composer avec de nombreux absents. «La saison a été difficile. Ça s’est joué à la raclette», glisse-t-il, soulagé. Le problème: il n’y avait pas assez de médailles, puisque chaque équipe n’avait droit qu’à un lot de quatorze pièces. L’an prochain, Romont repartira avec la même équipe. Ouly Reymond (–100 kg, 34 ans) rejoindra l’équipe. Troisième des championnats de Suisse (+90 kg) et 5e des championnats du monde vétérans il
y a une semaine, à Abu Dhabi, le Valaisan du JC Chamoson n’est pas un inconnu: il a déjà combattu pour Romont au début des années 2000. «Il donnera une assise supplémentaire à l’équipe», se réjouit Joël Grandjean. Le bémol: le Valaisan ne sait pas quand il pourra renouer avec la compétition. Il s’est blessé à un ménisque à Abu Dhabi. TG

Commentaires

Bravo Jonathan!!!

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