PAR VALENTIN CASTELLA
Dimanche, Pascal Ungersboeck se retrouvera au milieu de plus de 100 athlètes venus de tout le continent. A Belgrade, il défendra les couleurs de la Suisse à l’occasion des championnats d’Europe juniors de cross.
Cette échéance, le Bullois l’attend depuis plusieurs mois, depuis qu’il a décidé, cet été, que cette épreuve serait son principal objectif. Cette dernière approche à grands pas et l’étudiant de 20 ans piaffe désormais d’impatience de pouvoir enfin se mesurer aux meilleurs athlètes du continent. En 2012 à Budapest, le coureur du SA Bulle s’était classé 47e. Cette fois-ci, il vise le top 30.
Pascal Ungersboeck, dans quel état de forme êtes-vous avant ces championnats d’Europe?
Je me sens très bien. J’ai réussi deux bonnes performances lors des deux cross de sélection en remportant le premier et en réalisant une bonne performance en Allemagne, où le niveau était très élevé.
Cette épreuve, vous l’avez déjà vécue à plusieurs reprises dans votre esprit?
Oui, on imagine toujours tous les scénarios possibles, même les pires, lorsque vous chutez au départ. C’est d’ailleurs possible, tant tous les concurrents se poussent. Une chose est certaine, les premiers mètres seront très rapides. Et ce n’est pas à mon avantage. J’ai besoin de temps, contrairement à des coureurs de 800 m ou de 1500 m. Je sais que je n’arriverai pas à les suivre et qu’il sera difficile de conserver le contact avec les meilleurs. Mon but est donc de terminer parmi les trente premiers. Ce serait déjà une bonne performance sur une distance de 6 kilomètres qui ne m’avantage pas.
Comment expliquez-vous un tel écart?
Ces athlètes s’entraînent davantage, tout simplement. Et puis, la plupart bénéficient de beaucoup d’expérience. Personnellement, j’ai commencé à courir sérieusement à 17 ans. J’ai donc du retard. Les meilleurs effectuent entre 120 et 150 km par semaine. Actuellement, j’en suis à 90, malgré dix séances d’entraînement par semaine. L’écart est encore grand. Cela ne me poserait pas de problème de courir 160 km par semaine. Mais mon corps n’est pas encore prêt à supporter une telle charge. Il faut du temps.
Le parcours sera-t-il à votre convenance?
Oui, je crois savoir qu’il sera plutôt plat. Nous effectuerons trois boucles de deux kilomètres, sans trop de virages. Plus le terrain est plat et rapide, plus il m’aidera à réaliser une bonne performance.
De telles épreuves sont-elles enrichissantes au niveau de l’expérience?
Bien sûr. On apprend beaucoup. En Suisse, nous ne sommes pas beaucoup à lutter pour la victoire. Au niveau européen, on ne peut pas se permettre de gérer. Courir à 99% ou 100% ne t’apportera pas le même classement. Cela me fait du bien d’être derrière et de devoir me battre parmi le peloton.
Vous êtes un coureur appréciant les longs efforts et très à l’aise sur la piste. Pourquoi vous êtes-vous alors intéressé au cross?
A la base, cette discipline n’était pas prioritaire. Mon objectif principal était de participer aux championnats d’Europe sur piste, soit sur 5000 m, soit sur 10000 m. Mais j’ai été malade tout le mois de juin et je n’ai pas pu me qualifier. J’ai donc chamboulé tout mon programme et mis l’accent sur les championnats d’Europe de cross. Cette saison, je n’ai, finalement, participé qu’à une course sur piste. C’était les championnats de Suisse juniors du 5000 m, que j’ai remportés avec trente secondes d’avance.
Vous vous êtes également illustré sur la route…
Oui. Le record national junior du 10 km sur route faisait aussi partie de mes objectifs. J’ai réussi à le battre grâce à un temps de 31’36 (n.d.l.r.: l’ancien était de 31’53).
Allez-vous retrouver la piste la saison prochaine?
Oui. Cette discipline redeviendra ma priorité. Je me dois de rattraper la saison blanche vécue en 2013. Je courrai en catégorie U23 et je m’en réjouis. Cela va être très intéressant, car je serai en concurrence avec le meilleur coureur suisse actuel: Adriano Engelhardt. Il s’était classé 10e des championnats d’Europe U23 du 3000 m steeple. Il va me permettre de progresser plus vite. Mes objectifs seront les championnats de Suisse actifs du 10000 m en juin et du 5000 m en juillet. Je vise le top 5. Au niveau du chronomètre, je vise 14’30 sur 5000 m en mai et passer sous la barre de 31’’00 au 10 km sur route.
------------------
A l’armée en Autriche
L’année 2014 sera particulière pour Pascal Ungersboeck. En effet, le Bullois aura terminé ses études au Collège du Sud. Comme tout le monde, il devra ensuite assumer ses devoirs militaires. «Comme je suis binational, j’avais les moyens de choisir entre la Suisse et l’Autriche. En Suisse, il n’était pas possible pour moi de poursuivre mes entraînements. En Autriche, par contre, j’avais la possibilité de suivre le programme de sportif d’élite, mais à une seule condition: que je représente ensuite ce pays. J’ai refusé, car je veux courir pour la Suisse.»
Il poursuit: «Finalement, nous avons discuté et trouvé un accord. J’officierai en tant que secrétaire dans ce camp pour sportif d’élite. Une manière non officielle de bénéficier de ce statut.»
Le Gruérien se trouvera donc, dès le mois d’octobre 2014, pendant six mois en Autriche, dans la périphérie sud de Vienne. Il aura ainsi l’occasion de courir encore plus fréquemment que maintenant et de progresser encore. De quoi voir l’avenir avec sérénité pour celui qui dit éprouver toujours autant de plaisir à courir tous les jours. vac
Ajouter un commentaire