par Yann Guerchanik

Des commerçants qui défendent bec et ongles les places de parc au centre-ville de Bulle, un concept de stationnement qui prévoit d’en supprimer vingt à la Grand-Rue… une cohésion qui sonne comme un doux rêve. Jeudi soir, un débat public organisé par le Groupement des commerçants de Bulle et de La Tour-de-Trême a permis d’en savoir plus sur les dernières évolutions du concept de stationnement. Un concept aiguisé au fur et à mesure des ateliers menés par une commission spéciale. Dans trois semaines, elle devra présenter un projet définitif à la commune. Cette dernière décidera ensuite ce qu’il convient de proposer au canton qui lui avait tapé sur les doigts une première fois.

Le refus du canton
En 2006, la commune de Bulle avait élaboré un premier concept de stationnement pour le centre-ville. A l’époque, la ville et les commerçants avaient signé une convention pour maintenir le nombre de places de parc. Plus de deux ans après, le concept était mis en œuvre, tandis que le centre historique était réaménagé et le parking Bulle-Centre inauguré. Entre 2008 et 2012, dans le cadre de la révision du PAL, les services cantonaux examinaient la poursuite de la mise en œuvre du concept. Plusieurs adaptations s’ensuivirent, mais le couperet a fini par tomber: le canton donne un préavis défavorable. Bulle doit revoir sa copie. Parmi les griefs: le statu quo sur le nombre de places de parc au centre-ville. «Il n’est pas justifié, car il ressort que l’offre est plus grande que la demande», tonne Fribourg.

Les acteurs bullois
Pour remettre le concept au goût du jour, le Conseil communal opte pour une méthode participative: experts cantonaux, citoyens, commerçants, tout le monde est entendu. La réflexion est complétée par des relevés du bureau d’urbanisme Team+. Plusieurs tendances se dégagent alors par rapport au centre-ville: il y a trop de voitures, (notamment sur la Grand-Rue), il y a trop de voitures ventouses, les habitudes doivent changer et le parking Bulle-Centre est sous-utilisé (entre 20% et 30% seulement).

Un véritable casse-tête
Le concept cherche la quadrature du cercle: il doit plaire au canton, plaire aux citoyens qui veulent moins de carrosseries pour une meilleure qualité de vie, ainsi qu’une sécurité optimale, plaire aux citoyens (bis) qui veulent des places devant les magasins, plaire aux commerçants qui veulent la même chose que ces derniers. Certains parlent de supprimer des cases quand d’autres scandent sens unique et places en épis dans la Grand-Rue. D’autres encore s’accordent pour rayer des places pour autant qu’on les compense ailleurs.

Le concept dernier cri
Quatre mesures composent la dernière mouture du concept au centre-ville.

Premièrement: réduire le nombre global de places. Ainsi, il est prévu de maintenir deux places sur trois à la Grand-Rue, côté place du Marché. De cette manière, on passerait de 72 cases à 52. Résultat: meilleure qualité de l’espace public, plus d’endroits visibles pour traverser à pied, plus d’espaces pour les terrasses et les étals, plus de facilité pour les manœuvres de parcage, des arbres qui respirent… et des commerçants fâchés. Notons que, à la Place des Alpes, l’offre en stationnement est maintenue et que la Place Saint-Denis (70 places) sera de toute façon revue dans le cadre des travaux d’aménagement prévus dans le secteur.

Deuxièmement: les six places de parc devant la pharmacie Dubas-Centre seront limitées à 30 minutes pendant une phase test. Un horodateur spécial sera installé.

Troisièmement: les tarifs seront modifiés au parking Bulle-Centre (1re heure gratuite, 1 fr. les 2e et 3e, 2 fr. les heures suivantes, gradation par tranche de 10 ct.; autrement dit, on ne paye que le temps consommé) et en surface (seul changement: la 2e heure dans une zone 2 heures coûtera deux francs au lieu d’un). Le conseiller communal Yves Sudan, qui préside à la fois la commission de stationnement et la société simple qui gère le parking Bulle-Centre, a annoncé jeudi que cette dernière s’accordait pour l’instant sur 30 minutes de gratuité uniquement.

Quatrièmement: des contrôles de police réguliers seront mis en place et l’utilisation des sabots préconisés pour lutter contre le phénomène des voitures ventouses.