PAR VALENTIN CASTELLA
«Avec un copain, nous avions vu une pocketbike dans une vitrine. Nous avons économisé lors de nos anniversaires, à Noël et, finalement, nous sommes parvenus à l’acheter. Ensuite, nous faisions tout le temps des tours dans un parking.» Voici la première expérience sur deux roues de Robin Mülhauser. Alors âgé de 15 ans, le citoyen de Fribourg ne savait pas encore que cet épisode allait être un déclencheur. Dès lors, sa voie était tracée et elle l’a amené au plus haut niveau, seulement huit ans plus tard.
Aujourd’hui en effet, celui qui a effectué son apprentissage de mécanicien sur motos à Bulle évolue dans le championnat Moto2 en compagnie des Suisses Dominique Aegerter, son coéquipier, Thomas Lüthi et Randy Krummenacher. Depuis l’ouverture de la saison, il parcourt le monde en quête de résultats en tentant de se démarquer dans cet univers où chacun a le même objectif: rouler plus vite que le concurrent.
Ce nouveau monde, Robin Mülhauser l’a en partie découvert la saison dernière, lorsqu’il a remplacé Randy Krummenacher, blessé, lors du Grand Prix d’Aragon, en Espagne. «Avec quelques autres pilotes suisses, nous étions allés faire des tests pour le Team Technomag-carXpert durant l’été et j’avais réalisé les meilleurs résultats, se souvient-il. C’est pour cette raison que le manager Fred Corminbœuf m’a appelé. Au départ, je n’y croyais pas. Et puis, je me suis dit que c’était une fantastique opportunité.»
Le stress du premier départ
Une première qu’il n’est pas prêt d’oublier: «Au départ, j’étais vraiment stressé. Je voulais tellement bien faire. Et puis, autour de la piste, il y avait des tribunes pleines, des hélicoptères, des drones, des caméras. Je n’avais jamais connu ça.» Finalement, il est parvenu à terminer l’épreuve et à convaincre le manager fribourgeois d’entamer des discussions en vue de la saison suivante. «Je me suis posé la question du budget, et puis, surtout, de mon niveau. Car cela ne faisait que sept ans que je roulais. Est-ce que j’allais être largué ou non? Je ne savais pas. Et puis, on s’est dit que c’était une occasion fantastique qui ne se présenterait peut-être plus.»
Dès la signature de son contrat, le Fribourgeois a arrêté sa maturité professionnelle à l’école des métiers pour devenir pilote. «Cet hiver, j’ai beaucoup travaillé physiquement, notamment au niveau du cardio. Ensuite, nous avons commencé la moto en février, un mois avant la première course, au Qatar, le 23 mars. J’ai abordé cette épreuve d’une autre manière que la première. Cette fois-ci, je savais que la saison serait longue et que je devais faire plus attention, d’autant plus que j’avais chuté à de nombreuses reprises en préparation. Et puis, tout était plus précis, tout était décortiqué au niveau de la moto.»
Cette première course s’est conclue par un 22e rang, sur 25 pilotes classés. Ont suivi des 24e, 29e, 27e et 25e places à Austin, en Argentine, à Jerez et au Mans. «Au Qatar, je terminais à plus de trois secondes du meilleur tour. Aujourd’hui, j’en suis à deux secondes. Peut-être que cela ne se voit pas si l’on ne regarde que les résultats, mais je progresse.»
«Au moins un point»
Il a d’ailleurs placé cette année 2014 sous le signe de l’apprentissage. «Je sens que je me rapproche. Mais ce n’est pas évident de débarquer sur un circuit que je ne connais pas. Au Qatar par exemple, je n’avais aucun repère. Un pilote comme Lüthi savait déjà où il devait freiner avant même d’arriver sur place.»
Cette saison, Robin Mülhauser a bien conscience qu’il ne jouera pas les premiers rôles. Il espère toutefois décrocher au moins un point en figurant à une reprise parmi les quinze premiers. «Si je parviens à gagner une seconde au tour, j’ai les moyens d’atteindre ce but. Mais je sais que cet objectif ne sera pas évident à atteindre, étant donné que les vingt premiers se tiennent à environ une seconde et que quatorze d’entre eux ont déjà gagné un Grand Prix.»
S’il souhaite s’illustrer au plus vite, c’est pour mieux préparer le prochain exercice. Car le pilote bénéficie d’un contrat de deux ans, plus une saison en option. «Je ne me serais pas engagé pour une seule année. Avec ce contrat, j’ai davantage de temps pour apprendre. Ainsi, en 2015, j’espère pouvoir régulièrement me classer parmi les quinze premiers.»
Jusque-là, le Fribourgeois va poursuivre son difficile apprentissage du haut niveau à l’arrière du peloton. Prochaine étape: le 1er juin sur le circuit du Mugello, près de Florence.
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