Régime scandinave, smileys sur les skis et… de l’entraînement

| jeu, 01. mai. 2014
Steven Girard et Vincent Mabboux, tout comme Didier Moret et Cédric Remy, visent une place dans le top 10 samedi. Une équipe italienne pourrait créer la surprise à Verbier. Les Gruériens racontent leur préparation.

PAR KARINE ALLEMANN

Didier Moret l’assure, ce n’est pas pour gagner du poids qu’il est allé se faire enlever une dent ces jours. «Je m’en serais bien passé», rigole le vainqueur 2008 de la Patrouille des glaciers. Qui, comme ses compères, scrute le ciel depuis le début de la semaine, ou plutôt les sites internet dédiés à la météo.
Il paraît que les conditions seraient bonnes dans la nuit de samedi à dimanche. Alors peut-être que la deuxième course sera reportée d’un jour, comme le permet le règlement. Hier soir, sauf ordre contraire de dernière minute, le coup d’envoi de l’édition 2014 été donné à Zermatt et à Arolla, direction Verbier. Avant le départ de la seconde course, vendredi ou samedi.
Présentation avec les quatre coureurs qui visent moins de 7 heures et une place dans les dix premiers ce week-end: Steven Girard (Estavannens) et Vincent Mabboux (Charmey), qui porteront le dossard 2736 du Swiss Team III avec Marcel Theux (VS), ainsi que le vainqueur 2008 Didier Moret (La Tour-de-Trême) et son coéquipier Cédric Remy (Charmey), associés à un autre vainqueur il y a six ans, Alexander Hug (SG).

Forza italia, hop suisse ou cocorico?
La course ayant été interrompue en 2012, le record établi en 2010 par Florent Troillet, Martin Anthamatten et Yannick Ecœur (5 h 52’20) tient toujours. Les trois gardes-frontières sont d’ailleurs candidats à leur propre succession. A moins que…
«Ils ont été assez largués cette saison. Mais ça reste l’équipe la mieux préparée spécifiquement pour la Patrouille, et sans doute la plus motivée, présente Didier Moret. Toutefois, les Italiens Lenzi (n.d.l.r.: numéro un mondial), Eydallin et Boscacci, qui ont remporté la Pierra Menta et le Tour du Rutor, sont les meilleurs actuellement. Sans oublier les Français Jacquemoud, Bon Mardion (n.d.l.r.: champion d’Europe) et Sevennec.»
Reste à connaître le degré de motivation de ces équipes étrangères. «Je sais que les Italiens ont effectué un stage en altitude dernièrement et qu’ils se sont entraînés à skier encordés. Ils ont quelque chose derrière la tête, précise Steven Girard. Pour moi, ce sont les grands favoris. Sans oublier que, entre les Italiens et les Français, il y a la lutte pour le classement final de la Grande Course.» Qui réunit les principales épreuves de ski-alpinisme.
Cédric Remy aussi mettrait une piécette sur l’équipe italienne. «Ils ont tout gagné, sauf la Patrouille. Les gardes-frontières, c’est vraiment l’inconnu cette saison. Mais je ne me fais pas de souci pour eux. Tactiquement, ils seront au point. Ils connaissent la course par cœur et ils pourront s’appuyer sur une vingtaine de personnes sur le parcours pour les ravitailler.»

Et les Gruériens?
Tous l’affirment, la forme est bonne. Même si Didier Moret ne s’entraîne plus autant qu’à la belle époque: «J’espère que le manque de dénivelé ne va pas se payer sur la longueur. Je vais d’ailleurs devoir gérer la course. Car, quand on est moins entraîné, on ne peut pas se permettre de partir en surrégime.»
Steven Girard et Vincent Mabboux porteront la tenue de l’équipe nationale. Le premier participe à sa première grande Patrouille et le deuxième va terminer pour la deuxième fois seulement (environ 8 h en 2010). Une pression supplémentaire? «Non, parce que nous avons déjà tous réussi notre saison, assure Girard. Ceux qui ont la pression, ce sont les gardes-frontières, qui doivent gagner.»
Vincent Mabboux abonde: «Je suis surtout content de porter les couleurs de la Suisse pour une telle course. C’est sûr que les gens attendent que les équipes du Swiss Team soient devant. Mais je n’aurais pas moins de pression sans la tenue officielle.»
Qui portera la corde dans leur trio? «J’ai dit que nous devions en discuter, mais les deux autres ont répondu que ce serait moi…», sourit Mabboux. Contre mauvaise fortune bon cœur.
Et si, comme le souffle Didier Moret en confiance, Girard et Mabboux créaient la surprise en luttant pour le podium?

Régimes et grigris
Outre des entraînements de longue haleine toute la saison, des stages en altitude et l’organisation d’une quinzaine d’amis sur le parcours pour les ravitaillements, certains patrouilleurs s’astreignent à une alimentation stricte. C’est le cas de Moret, Remy et Girard. Un régime venu du froid importé par Didier Moret: le régime scandinave.
Steven Girard explique: «Les trois premiers jours, tu t’entraînes le matin, à jeun. Puis tu ne manges que des protéines: viandes, œufs, poissons et crustacés. Le soir, pareil. Le quatrième jour, tu te fais vraiment plaisir le matin, avec des tartines à la confiture et au miel, des boissons sucrées comme du coca, pour provoquer un pic de glycémie. Puis, les deux derniers jours avant le départ, ce n’est que des sucres lents avec des pâtes, du riz et des patates. Et repos complet pour le corps.»
Et ça donne quoi, un patrouilleur au repos complet? «On va juste courir une heure pour faire tourner les jambes.»
Cédric Remy l’assure, ce régime scandinave lui convient: «On a beaucoup moins envie de manger pendant la course et c’est énormément d’énergie de gagnée. Après, il ne convient pas à tous. Et il faut éviter de le faire pour la première fois avant une grande course!»
Si les sportifs sont souvent superstitieux, ce n’est pas le cas des skieurs gruériens. «Je n’emporte rien de spécial avec moi, note Didier Moret. Mais je sais qu’Alexander (Hug) a un slip porte-bonheur.»
Vincent Mabboux n’a pas de grigri non plus. Quant à Steven Girard et à Cédric Remy, ils ont collé des smileys sur leurs skis. «Psychologiquement, c’est prouvé que ça fait du bien de voir ce smiley quand tu as la tête dans le ski toute la course, note Girard. Sinon, quand ça va moins bien, je pense à ma famille et à ma copine. Ça me motive à aller au bout pour les voir à l’arrivée.»
Le temps de course étant totalement tributaire de la météo, il n’est qu’indication. Mais, si tout se passe bien pour eux ce week-end, les Gruériens devraient pouvoir embrasser leurs proches avant 10 h du matin à Verbier.

 

---------------------------

 

Ils visent moins de 8 heures
Six régionaux prendront le dernier départ, à 3 h, avec les élites. Parmi eux, les Glânois Jean-Claude Pache, Bertrand et Nicolas Kessler, tous spécialistes de la course à pied. «Notre équipe est assez homogène, précise Jean-Claude Pache. Nous comptons environ 80000 m de dénivelé chacun. Notre objectif? Si nous terminons à une heure trente ou deux heures des vainqueurs, nous aurons déjà réalisé une belle course.» A noter que les frères Kessler ont déjà remporté la petite Patrouille avec Michael Crausaz (Villarsiviriaux).
Avec le dossard 2713, c’est la patrouille des malchanceux. Nicolas Philipona (Vaulruz) n’a pas pu la terminer en 2012 et son coéquipier italien Erwin Deini l’a tentée deux fois, sans arriver au bout. Les deux hommes, accompagnés de l’ancien cycliste Damien Corthésy (Maules), comptent bien inverser la tendance. «Damien ne pratique que depuis une année, mais il a très vite progressé, félicite Nicolas Philipona. Si nous réalisons un temps de 7 h 30, ce serait bien. Je pense qu’énormément d’équipes pourront viser un rang entre le 10e et le 30e. De notre côté, un top 15 serait une belle performance.»
Avec son beau-frère Philippe Débaz et un ami vaudois, Raphaël Kaesermann, le Veveysan Thierry Conus espère lui aussi un chrono en dessous de 7 h 30. «Mais on va y aller à la cool, dans une bonne ambiance. Avec mon beau-frère, nous avons dû trouver un troisième au dernier moment. Et ça tombait bien, un de ses anciens coéquipiers se retrouvait sans équipe. Au début, on visait les 8 h. Mais on peut espérer moins.»
Pas inscrits dans le dernier départ, les Gruériens Eloi Schornoz et Cédric Brodard seront accompagnés de Michael Crausaz. «Aucun de nous n’a déjà fait la grande Patrouille, note Schornoz. Nous n’avons pas de temps référence. Mais, entre 7 h 30 et 8 h, c’est jouable.» Le trio n’a pas souhaité être inscrit dans la course élites. «Le problème est que le dernier temps de passage à Arolla est 6 h 30. Ce qui laisse trois heures trente pour y arriver. Alors que, l’année du record, les vainqueurs l’avaient fait en 2 h 45. S’il arrive un quelconque pépin, une casse de matériel ou autre, et qu’on atteint Arolla à 6 h 40, on peut se retrouver éliminés alors que nous aurions terminé la Patrouille en moins de
8 heures. Ce qui reste un sacré bon temps.» KA

Ajouter un commentaire

CAPTCHA
Cette question est pour tester si vous êtes un visiteur humain et pour éviter les soumissions automatisées spam.

Annonces Emploi

Annonces Événements

Annonces Immobilier

Annonces diverses