Le Fribourgeois Ludovic Chammartin est en passe de se qualifier pour les jeux Olympiques de Rio. Sa victoire à l’African Open, samedi à Casablanca, lui permet de se classer provisoirement seizième au classement olympique et ainsi de faire partie de la liste des 22 judokas sélectionnés pour les JO.
PAR JOELLE DUCRAUX
Le Romontois Ludovic Chammartin s’est imposé, samedi, lors de l’African Open. Il a remporté son premier tournoi de Coupe du monde. Une victoire qui lui fait du bien, après un début d’année difficile. Elle lui permet d’engranger des points décisifs pour une qualification aux jeux Olympiques de Rio.
Pensiez-vous remporté ce tournoi?
J’étais tête de série numéro un. Mais il y avait des Azéris et des jeunes Russes qui sont vraiment très forts. Dans leur pays, ils concourent avec le champion d’Europe et le champion du monde, donc ce n’est jamais évident de tomber sur eux.
Que représente cette victoire?
Pour moi, ce succès n’a pas autant de valeur qu’une médaille européenne. Mais je suis content, car c’est ma première victoire à ce niveau-là. Je n’ai pas été là-bas pour gonfler mon palmarès. J’y suis vraiment allé dans le but de chercher des points pour la qualification olympique. Et les 100 points que j’ai récupéré sont très importants.
C’est un résultat bienvenu après quelques déceptions en début d’année?
Oui. Je me connais bien depuis le temps. Cela fait maintenant quatre ans que, chaque début d’année, je ne suis pas performant. Je savais que ça allait tourner, mais je ne savais pas quand. Cette année, il fallait que ça tourne le plus rapidement possible.
Comment expliquez-vous cette mise en route difficile?
Il y a plusieurs facteurs. Déjà, on fait un break pour les fêtes. On s’entraîne toujours, mais on n’a plus de compétition, donc l’approche est complètement différente. A cette période, je prends du poids que je dois ensuite rapidement reperdre. En plus, je suis quelqu’un qui a besoin d’être dans sa bulle pour être performant et il me faut parfois du temps pour me remettre à 100% dans le judo.
Où en est votre qualification pour les jeux Olympiques?
La sélection pour les JO se termine fin mai. Il faut être parmi les 22 premiers mondiaux pour être pris. Je suis actuellement en seizième position, avec environ 200 points d’avance sur le dernier qualifié. Je ne suis donc pas officiellement pris, mais je pense que ce sera difficile de me sortir des 22.
Comment se passe la préparation pour les Jeux?
C’est une approche spécifique. Dès que la liste des qualifiés sera tombée, fin mai, on va partir assez rapidement en Amérique du Sud. Cela nous permettra de nous mettre dans l’ambiance de la compétition et de nous acclimater. Je pense qu’on partirait un mois avant les Jeux: trois semaines en Amérique latine et une semaine à Rio.
Votre staff est-il toujours le même ou vous entourez-vous différemment?
Le staff va rester le même. Comme lors de la préparation pour Londres, je vais devoir choisir un, voire deux fight partenaires qui vont me suivre dans ma préparation. Ce sont des partenaires d’entraînement.
Comment allez-vous choisir ces partenaires?
Cela va sûrement être des Suisses avec qui je m’entends bien, qui sont près de mon poids et de ma taille. Je pense que ce sera des juniors qui veulent se qualifier pour les jeux Oympiques 2020. C’est une super expérience pour eux.
Les jeux Olympiques de Londres ne vous avaient pas réussi. Qu’attendez-vous de Rio?
En effet, Londres était une grosse déception. Maintenant, avec l’expérience que j’ai et mon niveau qui a étonnamment monté malgré mon âge, j’aimerais vraiment faire beaucoup mieux. J’espère me classer et peut-être même aller chercher les meilleurs pour espérer une médaille.
Avez-vous appris de votre défaite en 2012?
Oui. J’ai appris à appréhender le combat differemment. Avant, j’étais trop tendu, je ne voulais absolument pas perdre. Quand on est trop crispé là-dessus, on n’en oublie l’essentiel. Il faut réussir à maîtriser tout ça. Les trois mois qui ont suivi les Jeux, j’ai beaucoup repensé à ce combat et à ce que j’aurais pu faire différemment.
Et votre carrière après les Jeux, vous y pensez?
Je ne pensais déjà pas aller jusqu’à Rio, donc c’est déjà énorme de pouvoir revivre une fois cette expérience olympique. Vu mes résultats je me suis dit: pourquoi pas continuer encore une année? Et ça s’est enchaîné.
Ensuite, on verra bien, mais je pense que ça sera mes derniers Jeux. Mon corps a subi beaucoup de pression et de charge d’entraînement durant ces dix ans à haut niveau et je commence à le ressentir.
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Préparation olympique
Ludovic Chammartin a jusqu’en fin mai pour se qualifier officiellement pour les jeux Olympiques de Rio. Sa victoire à Casablanca lui permet de préparer les championnats d’Europe dans de bonnes conditions, de se concentrer sur les tournois importants et d’amasser la confiance nécessaire pour affronter l’épreuve olympique qui débutera le samedi 6 août pour les judokas.
Pour engranger un maximum de points, il a prévu de participer à trois compétitions: «Je vais prendre part au Grand Prix de Tbilisi, en Géorgie, fin mars, au championnat d’Europe à Kasan, en Russie, fin avril et au Grand Slam de Bakou, en Azerbaijan, début mai.» JD
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