En Veveyse, la proportion de protestants augmente

| jeu, 12. mai. 2016

A l’inverse de ce qui se passe sur le plan national, les paroissiens réformés progressent en Veveyse. Un second pasteur a d’ailleurs été appelé en renfort. Ce qui doit permettre à la paroisse, longtemps engluée dans des crises, de retrouver la stabilité.

PAR FRANCOIS PHARISA

Il n’attendait pas autant de monde. Le temple du Gottau, dans le quartier éponyme à Châtel-Saint-Denis, est bondé. Près d’une centaine de personnes sont présentes: des fidèles réguliers, mais surtout beaucoup de curieux venus découvrir leur nouveau pasteur. Costard cravate et lunettes de vue aux verres teintés, Didier Meyer, 49 ans, veut faire bonne impression pour son culte d’accueil dans la paroisse évangélique réformée de Châtel-Saint-Denis-La Veveyse. «En comparaison avec la paroisse de Menton et de Monaco, où j’exerçais mon ministère, celle-ci est bien plus dynamique et compte davantage de membres», décrit-il.
Engagé à plein-temps depuis le 1er avril, il vient épauler Michel Fallas, également pasteur à plein-temps, et Pierre Maffli, diacre à mi-temps. «Cela faisait deux ans environ que nous cherchions un second pasteur, un renfort absolument nécessaire», expliquent de concert Marlène Baumann et Valérie Weiss, coprésidentes du Conseil de paroisse depuis le début de l’année. Car la demande est là. Le nombre de protestants dans le district progresse.
Au moment de la création de la paroisse en 2001 – à la suite de la scission de la paroisse de Romont/Châtel-Saint-Denis – on dénombrait 1831 réformés en Veveyse. Ils sont aujourd’hui 2823. Dans le chef-lieu, un habitant sur sept est protestant. A Attalens, ils forment un peu moins du tiers de la population, faisant dire à Didier Meyer «qu’un culte pourrait un jour y être donné» – il n’y a pour l’heure qu’un culte hebdomadaire à Châtel-Saint-Denis. «Pas mal, quand on pense qu’il y a cinquante ans, les réformés se comptaient sur les doigts de la main dans les villages alentour», relève pour sa part Marlène Baumann. Car, longtemps, le catholicisme a régné en monarque absolu sur le district, comme ailleurs dans le canton.
Ces chiffres flatteurs s’inscrivent à contre-courant de la tendance nationale. D’après les Statistiques ecclésiales 2015, publiées en décembre dernier par l’Institut suisse de sociologie pastorale, basé à Saint-Gall, la proportion des protestants dans le pays a diminué entre 1950 et 2013, passant de 56,3% à 26,1%. Le déclin de l’Eglise protestante se fait particulièrement ressentir en Suisse romande, où les réformés ne représentent plus qu’un cinquième de la population. Plus qu’un transfert vers une autre religion, l’époque est à la sécularisation et au profane.


Migrations intercantonales
«En Veveyse et en Broye surtout, mais aussi en Glâne et en Gruyère, le nombre de paroissiens a crû assez fortement ces quinze dernières années», assure Pierre-Philippe Blaser, président du Conseil synodal du canton de Fribourg, à Morat, et ancien pasteur à Châtel-Saint-Denis au tournant du XXIe siècle. Mais il tempère aussitôt son contentement: cette augmentation s’explique par la démographie croissante du canton et non par la force du message des Ecritures.
En effet, l’installation de Vaudois en Veveyse est la raison première invoquée. Des nouveaux habitants que la paroisse espère bien pouvoir compter parmi ses fidèles. Et ce n’est pas gagné d’avance, comme le fait remarquer Marlène Baumann: «Certains, en arrivant à Fribourg, réalisent qu’ils paient un impôt ecclésiastique. Dans le canton de Vaud, ils s’en acquittaient déjà, mais cet impôt était intégré dans le total dû. Son montant n’apparaissait pas directement.»
Alors, les pasteurs prennent leur bâton de pèlerin et rendent visite aux nouveaux Veveysans. «Pour leur souhaiter la bienvenue et leur expliquer le fonctionnement de la paroisse», précise Didier Meyer, que la tâche ravit. C’est aussi pour cela qu’il a été engagé. Car ces deux dernières années, les visites s’étaient perdues, d’après Valérie Weiss.


Une pastorale des jeunes
Les arrivants sont souvent de jeunes parents avec enfants. Les heures de catéchisme dans les écoles primaires du district ont d’ailleurs augmenté. Au total, trente-sept heures sont dispensées par les six catéchistes de la paroisse. Auxquelles s’ajoutent six heures données au cycle d’orientation. En outre, le nombre de confirmands a doublé ces dernières années dans plusieurs communes. Dès lors, la paroisse désire mettre l’accent sur une pastorale des jeunes. «Nous aimerions con-server quelques jeunes de plus de 16 ans qui, entre leur confirmation et leur mariage, ne côtoient plus la paroisse», indi-que Didier Meyer. Pas nécessairement pour leur faire suivre le culte dominical, mission quasi impossible, mais pour leur faire prendre part à des activités sociales en lien avec la paroisse. Comme s’occuper du service lors du repas des aînés ou participer à des camps d’été.


Les couacs sont derrière
Une bonne santé au niveau du nombre de fidèles donc, qui doit permettre à la paroisse d’atteindre la stabilité qui lui a longtemps manqué. Les couacs successifs – démission en bloc du Conseil, procédure administrative et disciplinaire à l’encontre d’un couple de pas-teurs, changements d’effectifs récurrents – sont définitivement derrière, espèrent Marlène Baumann et Valérie Weiss. «L’arrivée d’un second pasteur va créer un nouvel élan.»

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