Du 2 au 17 juillet, 25 petits Russes issus de milieux défavorisés vivent une belle aventure depuis leur camp de base à Enney. Des vacances offertes par l’association Bol d’air des clubs Rotary du canton de Fribourg. Reportage à Vounetz.
PAR JEAN GODEL
Servir d’abord, qui donne reçoit. Telle est la devise du Rotary. Pour sûr, avec ce camp de deux semaines offrant une longue liste d’animations et de découvertes à 25 enfants russes, on est au cœur de la philosophie du club service. Dimanche, au sommet de Vounetz où le groupe a suivi la fabrication du fromage d’alpage, les sourires étaient radieux.
C’est l’association Bol d’air, présidée par le Gruérien Pierre Corboz et regroupant les clubs Rotary du canton de Fribourg, qui organise et finance l’entier du camp basé à la colonie Viva Gruyère, à Enney. Dix-huit enfants proviennent de Vladimir, et sept de Nizhny-Novgorod (l’ancienne Gorki), à l’est de Moscou. Ils sont issus de milieux défavorisés et beaucoup souffrent de maladies des yeux ou sont malvoyants.
Si, en 2014, le premier camp avait été organisé au Motélon par le Rotary de Romont, cette année, ce sont les clubs de Fribourg et Fribourg Cité qui sont à la tâche, en partenariat avec des Rotary russes. «Ainsi, on est sûrs de toucher les bonnes personnes là-bas», explique André Schenker, responsable du programme – en fin de journée, il accueillera l’équipe dans son chalet, en face de la Valsainte.
«On est crevés!»
Kapitolina – Kapa, de son surnom – fait partie des accompagnants russes (un pour six enfants, dont un médecin). Professeure retraitée de français et de russe, elle confirme, dans un français soigné et sourire en coin, que le programme est bien chargé: «Le soir, nous les adultes, nous sommes crevés!»
A Vounetz, les enfants apprécient la vue. «Chez nous, raconte Kapa, il n’y a que de vastes plaines et des collines. Alors ils sont tout surpris de pouvoir admirer le monde d’en haut.» Au moment d’entrer dans le chalet, un doute s’installe. C’est que, la veille au soir, la raclette n’a pas fait recette: «Les enfants n’ont jamais mangé de fromage fondu, explique Kapa. Alors le fromage, il ne faut plus essayer…»
Tant pis, tous s’engouffrent dans le trintsâbyo et regardent la famille Piller œuvrer, tandis qu’Elena assure la traduction – avec Anastasia et Florence, deux autres Fribourgeoises russophones, elle est venue en renfort. A peine le fromage moulé, les enfants ressortent, victimes de la chaleur du feu.
Protection civile en renfort
Après une pause sur l’aire voisine de départ des parapentes, la dégustation de sérac, vacherin et gruyère rassure: les plateaux sont «poutzés». Le meilleur? «Le jaune!» – le gruyère, donc. «Je n’aime pas le fromage, mais celui-là, il est bon», jure un garçon.
Cette année, l’association Bol d’air a instauré une collaboration avec la Protection civile. Une trentaine d’hommes de la compagnie sud du canton se relaient et assurent l’entier de la logistique, 24 heures sur 24: transport, assistance et intendance. En fait, ils sont aux petits oignons avec leurs hôtes russes, allant jusqu’à faire les chambres et laver le linge. «Et en plus, ils débarrassent la table!» s’émerveille Kapa.
«Pour la PC, c’est l’exercice idéal, argumente André Schenker, avec même des problèmes de langue, et donc de communication, délicats en cas de crise. On est dans le concret.» La collaboration devrait d’ailleurs se poursuivre.
Au palmarès des activités, aucune ne se détache: les enfants ont tout aimé. La luge au Lac-Noir, le loup à Servion, le tour en voilier ou le vol en avion – chaque Rotary du canton en organise une. Tout fier, un garçon raconte qu’il a déjà reçu des like sur le compte You Tube créé pour l’occasion avec des vidéos de son séjour. Et les parents restés en Russie peuvent suivre le camp sur le site www.boldair-rotary.ch.
Ouverture au monde
Alors, bien sûr, on se dit que le retour en Russie sera un brin cruel. «Vous savez, douche à froid le directeur de l’école d’Etat de Vladimir, la vie en Russie n’est pas si mauvaise. Et il y a de nombreuses activités dans notre école.» Sans parler de Vladimir, l’une des perles de l’Anneau d’or de Russie, ce chapelet d’anciennes villes princières, véritables joyaux historiques… «C’est important pour eux de ressentir ce que l’on vit dans le reste du monde, continue le directeur. Ce projet est aussi conçu pour développer l’amitié entre la Suisse et la Russie par le biais des enfants.»
A l’issue de la visite, le livre d’or du chalet de Vounetz est pris d’assaut. Le directeur félicite pour le fromage «très appétissant», une fille se laisse guider la main par une copine jusque sur la feuille, une autre écrit les yeux collés au papier. Au final, l’album de la famille Piller est recouvert de messages en cyrillique décorés de petits soleils, de fleurs, de smileys et de cœurs qui disent le bonheur des petits Russes.
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