Miliciens à l’entraînement, professionnels en intervention

| sam, 24. sep. 2016

La section gruérienne du Club alpin suisse fête ce samedi les 75 ans de sa colonne de secours. Démonstrations et ateliers sont au programme au Moléson. Fondée pour venir en aide aux camarades du club en difficulté, la colonne de secours a vu sa mission évoluer au fil des ans. Rencontre avec Yvan Ryf, préposé au sauvetage depuis le début de l’année.

PAR SOPHIE ROULIN

En 1941, une avalanche faisait trois morts au Moléson. De cette tragédie qui avait emporté trois skieurs-alpinistes de la région est née la colonne de secours de la Gruyère, qui associait la section locale du Club alpin suisse (CAS) et le ski-club Alpina. Elle fête aujourd’hui les 75 ans de sa fondation, à Moléson.
A la base, la station de secours intervenait pour aider les camarades du club. Dans les archives, l’actuel préposé au sauvetage du CAS la Gruyère, Yvan Ryf, a retrouvé des récits d’interventions dans le massif du Mont-Blanc, au Grépon ou encore au Chardonnet. Mais, avec la démocratisation des activités en montagne, les missions de la colonne de secours ont évolué. Ses activités concernent toute la population et se concentrent essentiellement dans la région.

Comment fonctionne la colonne de secours de la Gruyère?
Yvan Ryf: Elle fonctionne sur la base de l’investissement de bénévoles miliciens. Actuellement, la colonne de secours gruérienne dispose de deux stations, une à Bellegarde et une à Bulle. La première compte 29 membres, à la tête desquels se trouve Linus Buchs. Lionel Scheurer est le responsable de la seconde et de ses 37 membres. En tant que préposé au sauvetage, je suis le répondant des deux stations au sein du comité de section du CAS. En intervention, je suis l’adjoint de Lionel Scheurer. Nous sommes cinq à pouvoir fonctionner comme chef d’intervention. La colonne compte aussi trois spécialistes hélicoptères, un spécialiste canyoning, cinq conducteurs de chiens et deux spécialistes médicaux.

Le tout étant encore chapeauté par le Secours alpin suisse…
Oui, il y a dix ans, la Rega et le Club alpin suisse ont lancé cette fondation. En schématisant, la Rega gère tout ce qui est opérationnel, alors que le Club alpin s’occupe plutôt de l’administratif.

Et concrètement?
Concrètement, nous som-mes des miliciens bénévoles pendant toutes les phases de formation et d’entraînement et quand nous sommes en intervention, nous devenons des collaborateurs de la Rega. Durant ces moments-là, nous sommes rémunérés par la Rega, qui nous demande alors de travailler comme des professionnels. C’est un sacré challenge!


Est-ce qu’on a atteint les limites d’un tel système?
Non, je pense que c’est le moins mauvais des systèmes. En 2016, jusqu’à ce jour, nous comptabilisons treize interventions. Je ne vois pas comment on pourrait prétendre à un système professionnel. En revanche, en collaboration avec le Secours alpin romand, on cherche à obtenir davantage de soutien de la part de l’Etat. On aimerait pouvoir financer les équipements de nos membres, entièrement à leur charge actuellement et les défrayer quand ils se déplacent pour suivre des formations à l’autre bout de la Suisse. Si une organisation privée comme la nôtre n’existait pas, l’Etat devrait mettre en place une structure ad hoc.

Quel est le soutien financier à l’heure actuelle?
Le canton verse 10 ct. par habitant au Secours alpin suisse. Celui-ci en garde la moitié pour son propre fonctionnement et restitue l’autre moitié aux quatre stations de secours fribourgeoises, soit 2500 francs à chacune. Un autre soutien nous vient de la section gruérienne du CAS qui prélève un franc sur chaque cotisation. En tout, le soutien se monte à environ 3500 francs par station, ce qui nous permet de financer le matériel de la colonne de secours. On essaie aussi de financer les radios des conducteurs de chiens d’avalanche – qui assument déjà une formation très lourde. Elles coûtent 800 francs l’une.

Malgré tout, vos effectifs n’ont pas l’air d’en souffrir…
C’est vrai. Nous n’avons pas de problème de recrutement. Beaucoup de jeunes ont envie de s’investir dans le sauvetage. Pour nous, c’est important de pouvoir compter sur des personnes de la région, qui connaissent nos montagnes, nos vallées, les voies des Gastlosen…


Qu’est-ce qui explique une telle motivation?
J’imagine, pour l’avoir vécu, qu’ils trouvent leur compte dans le cadre des formations qu’ils sont amenés à suivre.

Moléson, Gare aux sorcières et Plan-Francey, démonstrations, samedi 24 septembre, de 10 h à 16 h

 

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