Enterrer l’autoroute, l’idée fait son chemin

| jeu, 20. oct. 2016

La couverture de l’autoroute à Fribourg, dans le secteur de Chamblioux, a franchi une étape décisive. Désormais, le canton a toutes les cartes en main et peut construire un projet.

PAR DOMINIQUE MEYLAN

Et si on imaginait Fribourg sans autoroute… Une bande verte remplacerait la cicatrice grise qui sépare la ville d’une partie de son agglomération. Le bruit disparaîtrait et un nouvel environnement urbain émergerait sur les terrains qui jouxtent actuellement l’A12.
Ce projet de couverture de l’autoroute n’est plus complètement utopique. Il a franchi une étape décisive avec la conclusion d’un accord de principe entre le canton et la Confédération. Berne accordera les 33 millions de francs prévus pour assainir le bruit dans le secteur et laissera les rênes à la Direction de l’aménagement, de l’environnement et des constructions qui devient maître d’ouvrage.
L’idée de recouvrir l’autoroute revient de loin. Alors que le projet était à bout touchant à la fin des années 2000, son coût avait été réévalué, passant de 45 millions de francs à 70 mio. C’en était trop pour les communes, qui ne pouvaient assumer une telle augmentation. Le dossier est alors parti aux oubliettes.
C’est sur l’impulsion de quelques députés, en particulier de l’ancien conseiller communal libéral-radical de Givisiez Jean-Daniel Wicht, que l’idée a été ravivée. Les élus lancent un mandat, qui est accepté à l’unanimité par le Grand Conseil (moins trois abstentions). Le groupe de travail, formé dans la foulée, se charge d’imaginer un financement, basé sur le principe d’un partenariat public-privé.


Deux variantes
«C’est le début d’un long processus», a averti mardi le directeur de l’Aménagement, de l’environnement et des constructions, Maurice Ropraz. Deux variantes sont étudiées. La première, d’une longueur de 600 mètres, est estimée à 63 millions de francs. Elle s’étendrait dans le secteur Chamblioux jusqu’au pont qui relie les routes de la Chassotte et du Jura. La seconde, qui fait, elle, 1000 mètres, serait étirée jusqu’à la hauteur des dépôts TPF. Son coût est évalué à 93,8 millions de francs.
Avec cette dernière variante, «on peut augmenter de 50% la surface actuelle constructible», rapporte Jean-Daniel Wicht, député PLR et président du groupe de travail «couverture autoroutière de Chamblioux». Alors que sans tranchée couverte, la zone est susceptible d’accueillir 1600 habitants et 2500 emplois, la proportion bondit à 3900 habitants et 2500 emplois. «Imaginez le potentiel de densification», se réjouit Jean-Daniel Wicht.
Tous les partenaires soutiennent a priori la deuxième variante. Mais la question du financement doit encore être réglée. Outre l’apport de 33 mio de la Confédération, un partenariat public-privé prendra en charge le reste de la facture. Le solde sera donc réparti entre les collectivités publiques et des entrepreneurs privés, prêts à trouver le financement manquant.


Financement novateur
Un tel mécanisme constitue une nouveauté dans le canton pour un ouvrage d’une telle ampleur. En guise de contrepartie, les entrepreneurs intéressés pourraient recevoir un droit de superficie. Ce sera donc la plus-value foncière tirée de la valorisation des terrains alentour qui permettra de financer le solde. Les travaux en eux-mêmes seront attribués selon le principe des marchés publics. Les investisseurs ne bénéficieront d’aucun passe-droit dans ce domaine.
«Le projet est économiquement réalisable», estime Jean-Daniel Wicht. Qui plus est, la majorité des terrains concernés sont en main publique, ce qui pourrait encore faciliter
la tâche. Le canton doit maintenant finaliser les conven-tions avec l’Office fédéral des routes, les communes et les partenaires financiers. Le Con-seil d’Etat prendra ensuite une décision de principe et soumettra un crédit d’étude au Grand Conseil. Dans l’intervalle, le choix entre la variante à 600 mètres et celle à 1000 mètres devra être finalisé. Le chemin jusqu’à l’inauguration s’annonce encore long.

 

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La ville sera transformée


La couverture de l’autoroute, telle qu’elle est envisagée à Fribourg, ne permettra pas de constructions lourdes. Seules des structures légères pourront être bâties. Mais de nouvelles connexions de mobilité douce pourront être développées et les flux de circulation seront complètement repensés. L’agglomération de Fribourg pourra ainsi retrouver une unité.
Au niveau de l’aménagement, le projet permettra de fortement densifier la zone. Sans problème de bruit, il sera possible de construire des immeubles élevés à proximité de l’autoroute. Commerces, bureaux, écoles, logements, tout est envisagé. La proximité de la future halte de Givisiez offrira en outre une liaison rapide avec le centre-ville.
Avec cette tranchée couverte, l’entrée de la ville changera radicalement d’apparence. «Au niveau paysager aussi, on pourra donner une image de Fribourg beaucoup plus belle que la saillie de l’autoroute», estime René Schneuwly, président du comité d’agglomération. DM

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