David Meyer a toujours eu la «hargne respectueuse»

| jeu, 23. fév. 2017

Cofondateur de l’Uni Futsal Team Bulle en 2004, l’entraîneur-joueur David Meyer a tiré sa révérence samedi. Il restera président du club. La fête qui lui a été réservée fut à la hauteur de son investissement pendant treize ans: de l’émotion, beaucoup de passion et de grandes amitiés. Petite balade dans ses souvenirs.

PAR KARINE ALLEMANN

Ils étaient tous là: ses amis, ses anciens coéquipiers, sa famille, les supporters... David Meyer a disputé samedi son dernier match en tant que joueur et entraîneur de l’équipe qui évolue en Premier League, l’élite de ce sport. Il restera président de l’Uni Futsal Team Bulle, club qu’il a cofondé en 2004. L’homme de bientôt 37 ans s’est investi, mais vraiment investi, pour développer ce sport. Au moment de jeter un regard sur ces treize années de passion – «jusqu’à l’excès parfois, j’en suis conscient» – petite balade dans ses souvenirs, au gré des lettres de l’alphabet.

A comme amitié
«Quand on a gagné notre premier titre en 2004, dans une interview donnée à une télé locale, j’ai répété au moins quinze fois qu’on était une bande de copains. Ils se moquent de moi depuis douze ans!»

B comme but
«Quand on l’a découvert avec l’équipe universitaire, on ne connaissait rien au futsal. Et on en est tombés amoureux. Notre but a tout de suite été de le développer. J’ai toujours dit que je souhaitais qu’ici le mot futsal ait un autre sens une fois que j’allais arrêter.»

C comme coéquipiers
«Ça reste un monde où il  n’y a pas d’argent. On s’investit bénévolement. Alors les relations entre les coéquipiers sont encore plus importantes.»

D comme défaite
«Après avoir gagné les trois premiers championnats, on se dirigeait tout droit vers un quatrième sacre. La finale était même prévue à Bulle. En demi-finale, on gagnait encore 9-4 à quatre minutes de la fin, puis tout a mal tourné et on a perdu. Je me rappelle très bien avoir été pleurer dans le local matériel. Cette défaite a été un traumatisme très longtemps.»

E comme entraîneur
«Je n’ai pas ça dans le sang. Je reste un joueur. C’est pour ça que j’arrête les deux fonctions. Je l’ai fait, car j’étais sûrement le mec qui connaissait le mieux le futsal en Suisse. Mais, avec le temps, entraîner et voir la progression des jeunes, j’ai adoré ça.»

F comme fête
«La fête qu’ils ont organisée pour mon dernier match... C’est des malades! Il y a eu des discours, puis tout à coup j’ai aperçu une immense bâche avec ma photo et cette phrase: “Un club, un homme”. Même notre adversaire, Minerva, m’a fait venir dans son cercle avant le match. A la 9e minute de jeu, tout le public a commencé à applaudir et ils ont tous mis un
T-shirt avec mon numéro 9. Ma famille avait préparé un buffet pour tout le monde... On a fini la fête chez moi, à 8 h du matin...»

G comme galère
«Il y en a toutes les années... C’est difficile de réussir à toujours fédérer une équipe. Il faut trouver une motivation et une ligne collectives. Quelques fois, ça n’a pas fonctionné. Mais “galère” n’est pas un mot sur lequel je veux avancer. Je positive toujours, parfois un peu trop.»

H comme hargneux
«Au foot, le fait de me battre et de ne jamais rien lâcher a toujours été une de mes qualités. J’ai amené cet esprit au futsal. Les arbitres disaient que j’étais difficile à arbitrer. J’étais agressif, mais cette hargne a toujours été très respectueuse.»

I comme international
«Les quatre participations à l’UEFA Futsal Cup, qui équivaut à la Ligue des champions, c’est l’apothéose de ce qu’on pouvait vivre avec le club.»

J comme jeu
«Ce qui me plaît, c’est le fait de toucher si souvent la balle, la spontanéité que ce sport demande et le spectacle qu’il propose.»

K comme klaxon
«Une photo est restée longtemps sur le site de l’ASF: la
tribune d’Yverdon pleine de monde, quand on  a gagné le titre en 2014. C’étaient nos supporters. Nous avons le meilleur public de Suisse.»

L comme larmes
«Samedi, j’ai dû lutter pour ne pas pleurer, au moins quatre fois avant le match. Il y a eu le discours de Serge Castella en théorie d’avant match, puis un discours de Pascal Francioli (ancien capitaine), de Laurent Rumo (cofondateur du club) et de Patricia Diogo (responsable de l’équipe féminine). J’aurais pu verser toutes les larmes de mon corps. Mais j’ai tendance à ne pas trop montrer mon émotion.»


M comme Meyer
«Quand je jouais au foot à Fribourg, La Liberté avait titré “Un homme bien sous tout rapport”. J’avais rigolé, mais il y a un peu de ça, dans le sens où j’essaie tout le temps de faire les choses bien. Mais il y a toujours des détracteurs. J’ai dû travailler mentalement pour me forger une carapace.»

N comme Nati
«Etre entraîneur de l’équipe nationale est une grande fierté. Après cinq ans, on a atteint tous les objectifs fixés sur dix ans: sortir d’un groupe préliminaire pour participer à une phase principale de qualification, organiser une phase préliminaire en Suisse et créer une mentalité futsal avec un noyau de joueurs qui ne font que ça. Cette fonction me tient à cœur. Mais j’ai l’impression d’arriver gentiment au bout. Dans une ou deux années, il faudra sûrement quelqu’un de neuf.»

O comme omnipotent
«On m’a toujours dit que je ne déléguais pas assez. Je pensais que c’était une force, mais parfois c’était aussi une faiblesse. C’est vrai que je me suis retrouvé en même temps entraîneur, joueur, capitaine, président... C’est juste qu’à un moment donné je me suis senti investi. Mais je pense l’avoir fait en bonne intelligence.»

P comme plaisir
«Dans tous les domaines, c’est ce qui m’a toujours fait tenir.»

Q comme quotidien
«Le futsal, c’est tous les jours. En revanche, dans ma vie privée, je n’ai rien sacrifié pour lui. Aujourd’hui, je suis dans une relation avec mon amie qui me donne envie d’aller plus loin. Ce n’était pas le cas avant. Cela dit, je n’arrête pas pour faire autre chose. J’arrête parce que, pour ce qui concerne le jeu et l’entraînement, j’ai donné ce que j’avais à donner.»

R comme Rumo
«Avec Laurent, on habitait dans le même quartier à La Tour. Ensemble, on a joué au foot, on a découvert le futsal, on a créé ce club et on a même cohabité trois ans. C’est un long chemin et une très belle amitié entre deux caractères complètement différents.»

S comme souvenirs
«Après avoir manqué l’accès à la Premier League, on a fait venir des joueurs étrangers. On a gagné le championnat de LNA et, l’année suivante, le titre en Premier League. Ces deux années ont été hallucinantes au niveau du jeu et de la mentalité.»

T comme tatouages
«J’ai mon prénom en chinois (sur le triceps), les dates de naissance de mes parents et de mes trois sœurs (sur le poignet droit), mes initiales et l’année 2004, date de la fondation du club (sur le mollet), mon numéro fétiche le 9 (sur le ventre), The city that never sleeps (sur l’épaule), en hommage à New York, que j’adore, et un autre avec la date à laquelle j’y suis allé pour la première fois (30 mars 2005). Et, sur le flanc, j’ai tatoué en latin ma philosophie de vie: chaque instant qui passe est une occasion de changer le cours de sa vie.»

U comme Uni Futsal Team Bulle
«Quand on a créé le club avec les copains de l’équipe universitaire, on ne savait pas du tout où on allait mettre les pieds. Aujourd’hui, l’UFTB compte quatre titres en première division, 150 membres, quatre équipes actives masculines, une formation actives filles et trois équipes juniors. Nous sommes les seuls à avoir des jeunes. C’est ma plus grande fierté.»

V comme victoire
«La plus belle, c’était avec l’équipe de Suisse, lors d’une compétition en Turquie. On a battu l’équipe turque chez elle. L’entraîneur a eu tellement honte qu’il n’est plus sorti de l’hôtel pendant deux jours. Il y avait 2000 Turcs dans la salle. L’équipe nous était supérieure, mais on a réussi à lui tenir tête. Avec Laurent, on se relayait derrière face au capitaine adverse, c’était un combat. On a gagné 3-2. A la fin, ça a été surréaliste. Pour nous, c’est comme si on avait gagné la Coupe du monde.»

W comme wagon
«C’est vrai qu’on s’est presque toujours retrouvés dans le wagon de tête de tout ce qui s’est fait dans le futsal. Je suis content de ce côté précurseur.»

X comme X-Factor
«Qu’est-ce que les grands joueurs de futsal ont de plus? Les deux meilleurs joueurs sont le Brésilien Falcao et le Portugais Ricardinho. Falcao marque grâce à sa technique incroyable. Mais Ricardinho bonifie les joueurs autour de lui. Il voit les choses beaucoup plus vite que les autres et il est toujours disponible.»

Y comme y a-t-il une fonction qu’il n’a pas occupée?
«Je n’ai pas le souvenir d’être entré sur le terrain en tant que masseur-soigneur. Sinon j’ai dû faire toutes les autres tâches dans un club.»

Z comme zéro défaut?
«Sûrement pas... J’ai du mal à accepter que je puisse avoir tort et je fais trop confiance. Je peux donner X chances aux mêmes personnes, pour quand même prendre sur la figure à la fin. Et, parfois, je prends les choses trop à cœur, je peux être excessif. Mais les gens savent que c’est parce que je suis animé de bonnes intentions.»


Premier League
Uni Futsal Team Bulle - Minerva    3-11
Classement
1. FC Silva      18  14  3  11  (34)  105- 42  43   
2. Futsal Minerva       18  13  3  2  (38)  92- 38  40
3. Mobulu Futsal Uni Bern      18  9  5  4  (38)  70- 54  30
4. Futsal Löwen Zurich       18  8  4 6  (58)  74- 72  26   
5. Futsal Maniacs       18  7  4  7  (23)  70- 68  23
6. Uni Futsal Team Bulle       18  6  3  9  (36)  86- 97  19
7. Futsal Fribourg Old Fox       18  6  3  9  (17)  65- 69  19
8. MNK Croatia 97     18  2  4  12  (52)  65-112  8
9. Benfica Rorschach         18  0  3  15  (79)  49-124  1

Le championnat de LNA s’est conclu avec un troisième forfait de Riaz Black Cats, en manque d’effectif. L’équipe termine dernière du groupe et est reléguée en LNB.

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