Berra, Birner et Cervenka, entraînés par qui à la reprise?

| mar, 04. avr. 2017

Fribourg-Gottéron a annoncé trois jolis coups sur le marché des transferts: arrivée du gardien Reto Berra et prolongement de contrat pour Roman Cervenka et Michal Birner. La question de l’entraîneur, elle n’est pas réglée. Mais Larry Huras reste une option. Une décision devrait tomber après Pâques.

PAR KARINE ALLEMANN

La scène aurait fait une belle photo: quelques minutes avant le début de la conférence de presse bilan du HC Fribourg-Gottéron, hier, le directeur technique Christian Dubé était seul à la table, face aux journalistes. Tous les projecteurs braqués sur lui, il attendait stoïquement que la séance commence. L’échec de cette saison 2016-2017, c’est forcément le sien. Pour une part. Alors il sait bien que des comptes vont lui être demandés, même si les dirigeants l’ont confirmé dans ses fonctions. Puis, Michel Volet (président) et Raphaël Berger (directeur général) ont pris place à ses côtés pour livrer leur analyse. Pas de révolution de palet du côté de la BCF Arena, mais de quoi rassurer les fans.

● Berra arrive, Cervenka et Birner prolongent
D’abord les nouvelles qui concernent l’avenir: comme pressenti depuis de longues semaines, le gardien Reto Berra a signé pour trois saisons à Fribourg. A 30 ans, et après quatre années en Amérique du Nord et notamment en NHL, le Zurichois fera son retour en Suisse.
«Le gardien est la pierre angulaire d’une équipe, rappelle Christian Dubé. La renommée internationale de Reto Berra redonnera confiance à tout le monde.» Le club compte ainsi trois gardiens sous contrat et devrait s’attacher à trouver une solution pour Benjamin Conz.
L’arrivée du portier des Panthers de Floride s’accompagne du prolongement de contrat pour une saison des Tchèques Roman Cervenka (65 points en 55 matches cette saison) et Michal Birner (42 points en
41 matches). Un joli coup pour le directeur sportif: «Roman est un joueur à part, rappelle Christian Dubé. Et un gagneur, qui a été approché par de gros clubs. Cette saison a été très difficile pour lui, mentalement aussi. Toutefois, il m’a dit qu’il ne s’était jamais autant senti à la maison qu’à Fribourg. Il faut croire qu’on ne fait pas tout faux, et qu’il nous fait confiance pour la suite.»
Au niveau suisse, le Québécois est aussi «en discussion avec Tristan Vauclair (retour à Fribourg pour les play-out) et Laurent Meunier (attaquant franco-suisse de La Chaux-de-Fonds)» et espère une issue favorable pour ces deux dossiers. Le contingent sera étoffé par l’arrivée de quatre jeunes. «Au niveau des joueurs étrangers, je recherche encore un attaquant et un solide défenseur. Pour l’instant, le marché est assez calme, beaucoup attendent de savoir ce qui se passera avec la création de la nouvelle équipe de NHL à Las Vegas.»

● Pas encore d’entraîneur
Reste l’épineuse question de l’entraîneur, ou plus généralement du coaching staff, comme le nomme Christian Dubé. Larry Huras, qui a repris les rênes après Gerd Zenhäusern, sans réussir à faire décoller une équipe déjà mal classée à son arrivée, est sur les rangs. «Notre priorité était de débriefer avec les joueurs, rappelle le président Michel Volet. Nous allons nous atteler à désigner l’entraîneur très rapidement, sans doute après Pâques.»

● Quels enseignements en tirer?
Au moment de dresser leur bilan de saison, les dirigeants fribourgeois ont rappelé que de nombreux éléments extérieurs avaient perturbé l’équi­pe. Et en premier lieu le départ de Gerd Zenhäusern, qui a étonné, «voire choqué certains joueurs, qui ne s’en sont jamais totalement remis, note le président. Peut-être que, sur le moment, nous avons mal jugé les effets que ce départ pouvait avoir.»
Christian Dubé abonde: «La stratégie de recrutement avait été faite avec Gerd, son départ a déstabilisé le groupe.» Toutefois, pour rappel, Gerd Zenhäuserne n’avait pas émis le souhait de quitter immédiatement, seulement celui de reprendre le poste de chef de la formation après la saison. Et que c’est son directeur sportif qui avait exigé que le changement se fasse séance tenante. L’équipe était alors déjà classée sous la barre. Peut-être en aurait-il été autrement si Gerd Zenhäusern avait été en tête du championnat à ce moment-là...
Au départ du coach suisse se sont ajoutés «la saga» Pouliot (remercié après avoir oublié ses patins lors d’un match à l’extérieur) et les départs surprises de Ritola et Gustafsson en cours de saison. «Autant d’éléments qui ont fragilisé le groupe», rappelle Dubé.
La gestion de l’équipe étant de son ressort, quels enseignements le directeur technique a-t-il tirés de ces épisodes? «Que je dois davantage me faire confiance. J’ai eu tendance à beaucoup écouter les avis. Or, à la fin, c’est ma tête qui est en jeu. Donc c’est à moi de prendre les décisions.»

● Quels joueurs recruter?
Dans toutes ses interviews d’après saison, Julien Sprunger – admirable capitaine – a répété qu’il fallait «changer les mentalités». Mais à quel niveau? Et comment faire? Notamment en recrutant de vrais leaders pour l’équipe, répondent en chœur les dirigeants fribourgeois. Or, les joueurs talentueux, qui ont un impact sur l’équipe et du leadership, coûtent cher, très cher. «C’est vrai pour les joueurs suisses, concède Michel Volet. Cela l’est un peu moins pour les joueurs étrangers. Comme le budget ne sera pas augmenté, il faudra sans doute investir sur le leadership et sur ce que les joueurs seront capables d’apporter à l’équipe.»
Il y a, à une trentaine de kilomètres de là, un joueur suisse hyper talentueux, dont l’entier du hockey suisse vante l’incroyable leadership. Et il est pour l’heure sans contrat pour la saison prochaine. Martin Plüss (CP Berne) serait-il un candidat idéal? «Ce n’est pas une option, car il n’est pas abordable pour nous, coupe Christian Dubé. Mais les joueurs avec qui nous parlons pour la saison prochaine ont tous le caractère pour s’imposer.»

● Quelles conséquences financières?
Les dirigeants fribourgeois dresseront le bilan financier plus tard. Mais ils n’ont jamais caché que les mauvais résultats, et la baisse de la fréquentation qui les accompagne, ne devraient pas rester sans conséquences. «Nous ne pouvons pas encore dire si le budget de la première équipe sera identique à celui de cette saison, note Michel Volet. Mais nous allons tout faire pour.»
Et Raphaël Berger d’ajouter: «Il faut bien se rendre compte de la réalité du championnat suisse: chaque année, huit ou neuf équipes peuvent être concernées par les play-out. A nous de nous battre pour terminer dans la bonne moitié.»
L’équipe 2017-2018 se retrouvera le 1er mai pour l’entraînement d’été, sous la houlette de son habituel préparateur physique Bruno Knütti. ■

 

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Cours magistral sur l’ambition par Slava Bykov

Plusieurs fois hier matin, les mots «changer les mentalités» ont été prononcés. Mais sans que les moyens pour y parvenir soient clairement expliqués ou détectés. Au terme de la conférence de presse, à laquelle il a assisté en toute discrétion, mais avec un extrême intérêt, Slava Bykov nous a approchée pour donner sa vision. «Vous savez, une mentalité ne se change pas d’un jour à l’autre. Le caractère d’un sportif se construit dès les juniors. Tout ce qui se passe par la suite, notamment l’obligation de faire appel à des psychologues du sport, cela vient d’une faiblesse chez les petits. Ce qu’on a fait cette saison, c’est jouer les pompiers. Pour moi, il est nécessaire de travailler cette approche mentale dès l’âge de 15 ou 16 ans.»
Car, pour l’ancien champion olympique et du monde, les temps ont changé. Notamment avec l’arrivée des réseaux sociaux qui branchent encore plus de projecteurs sur les sportifs: «L’évolution de notre société est incroyable. Aujourd’hui, un joueur doit gérer tellement de choses. Il y a énormément d’émotions liées aux échecs ou à la gloire, ce n’est vraiment pas facile. Alors, plus vite nous agirons avec les jeunes, moins nous devrons jouer les pompiers.»
L’ambition est la marque des grands champions. Pour Slava Bykov, elle est de la responsabilité individuelle des joueurs. «Chacun a l’obligation de se préparer et de se fixer des objectifs. Un jeune doit se poser la question de ce qu’il veut atteindre. Et nous, nous devons lui ménager un chemin pour le faire. Mais c’est à lui de se donner les moyens d’y parvenir. Le mot important, c’est le mot sacrifice. Et cette notion est optionnelle chez chacun. Mais c’est elle qui nous permet de nous surpasser.»
La question est donc de savoir si l’équipe de Fribourg-Gottéron a manqué d’ambition personnelle. La star élude, Bykov n’est pas là pour nommer des coupables. Mais il s’explique: «Un groupe est comme un puzzle. Les pièces s’imbriquent. En médecine, on parle de contagion. Je pense qu’un joueur qui se bat, qui s’engage, qui ne lâche jamais rien, peut contaminer l’ensemble du groupe et créer une ambiance positive à laquelle il sera plus facile de se raccrocher. Mais, à l’inverse, un joueur qui baisse les bras peut lui aussi contaminer un groupe. On en revient à la notion de sacrifice. Jusqu’à quel point suis-je capable de me sacrifier?»
Pour l’entraîneur, l’ambition se résume aussi à une bonne analyse de la situation: «Il faut être capable de voir la réalité en face. Par exemple, je ne vais pas dire: “Je peux sauter d’un immeuble de 10 étages.” Ce ne serait pas réaliste. Il faut donc se fixer un objectif réaliste, mais légèrement plus élevé, pour qu’il nous permette de progresser.»
Comment faire en sorte que Fribourg-Gottéron ait cette mentalité? «Cela viendra du coach et de nous, membres du conseil d’administration. Le coach est le plus proche des joueurs, il prend le pouls de l’équipe, il connaît ses faiblesses et ses lacunes. Cette saison il était difficile d’intervenir en cours de route, car il y avait beaucoup de points sur lesquels il fallait agir. Et quand un joueur perd sa confiance en lui, il est très difficile de la retrouver. Une bonne ambiance permet de rester solide dans les moments difficiles.»
Une mentalité de gagnant est quelque chose de difficile à construire, non? «Oui, mais c’est passionnant!» L’enthousiasme de Slava Bykov impose la question suivante. Pourquoi ne reprend-il pas la main sur cette équipe en devenant son entraîneur en chef? «Parce que je ne suis pas prêt. Entraîner à ce niveau demande un engagement total. Et, actuellement, j’ai d’autres choses en tête. Je suis là pour des coups de main. Mais, ce ne serait pas juste de reprendre l’équipe tant que je ne serai pas à 100% prêt à m’investir.» KA

 

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