La Poste a communiqué hier sa stratégie de développement du «réseau postal du futur» pour le canton de Fribourg. Elle implique la disparition de 28 offices postaux sur 60, dont douze dans le Sud fribourgeois, sur 21. Le Gouvernement «prend acte» de cette décision tout en déplorant la suppression de 21,3 équivalents plein temps.
PAR PRISKA RAUBER
La Poste poursuit la mise en place de son «réseau du futur», cette fois dans le canton de Fribourg. Elle a communiqué hier ses projets de modifications et de suppressions de ses filiales traditionnelles. Ainsi, sur les 60 offices postaux du canton, 28 sont appelés à disparaître, dont 12 dans le Sud fribourgeois, qui en compte 21. Il en restera neuf, «au moins jusqu’en 2020» (à Châtel-Saint-Denis, Attalens, Romont, Ursy ainsi qu’à Bulle rue de la Condémine, Broc, Gruyères, Charmey et Vuadens). Quatre postes sont déjà en phase de fermeture, dont deux dans le district de la Gruyère.
Celles d’Albeuve et de La Roche vont en effet fermer «dans les prochaines semaines». Elles seront remplacées par des agences postales, respectivement à l’épicerie du village et à la Migros. «Nous sommes évidemment très déçus, mais nous n’avons pas eu le choix», confient d’une même voix Boris Fringeli et Joël Brodard, syndics de Haut-Intyamon et de La Roche.
A Haut-Intyamon, les commerçants se sont d’abord mis d’accord pour refuser de prendre en charge l’agence postale, espérant ainsi faire revoir la position du Géant jaune. En vain. «La Poste nous a fait comprendre que si nous ne trouvions pas un épicier prêt à devenir partenaire, c’était tant pis pour nous, précise Boris Fringeli. De toute façon, la poste allait fermer.» Même réponse donnée à la commune de La Roche, à la réception du sondage mené par l’Exécutif auprès des citoyens. «La grande majorité y faisait part de son souhait de maintenir l’office.» En vain. «La Poste ne l’a absolument pas pris en considération», regrette Joël Brodard.
Retours positifs
«Nous sommes conscients que toute modification du réseau postal crée des émotions au sein de la population», indique la porte-parole pour le réseau Ouest, Maryam Ben Ahmed. «Mais je peux vous dire qu’une fois la solution alternative mise en place, les retours sont largement positifs. L’expérience sur site nous le montre. Quand les gens ont fait l’expérience du nouveau format, ils peuvent même l’apprécier davantage. Une agence postale propose par exemple souvent des horaires plus larges que ne le faisait l’office traditionnel.»
Si les agences offrent quasiment les mêmes prestations qu’un office de poste, les paiements en espèce n’y sont toutefois pas possibles, pour des questions de sécurité. «Mais pour pallier cette situation, dans les localités qui disposent uniquement d’une agence postale, les paiements pourront se faire sur le pas de la porte, comme c’est le cas avec le service à domicile», souligne Maryam Ben Ahmed.
La Poste a encore classé dix offices du sud du canton (24 au total) dans les «filiales à examiner». Elles sont dès lors clairement en sursis. A savoir celles de Bossonnens, Vuisternens-devant-Romont, Villaz-Saint-Pierre, La Tour-de-Trême, Bulle (l’office situé près de la gare), Grandvillard, Epagny, Marsens, Avry-devant-Pont et Riaz.
«Là, la Poste souhaite trouver une solution alternative pour proposer ses prestations, la plus optimale pour les clients, sachant que chaque cas est particulier, indique la porte-parole. Les solutions alternatives seront examinées et discutées au cas par cas avec les représentants des autorités communales.»
Appel au boycott
A l’annonce de cette stratégie de La Poste, les syndicats ont bondi. «Il en ressort clairement qu’elle ignore les décisions politiques, communique Syndicom. Le 30 mai, le Conseil national a en effet adopté une motion qui rendrait impossibles les projets actuels de fermeture. Le Conseil national s’est prononcé – par 172 voix contre 13 – contre le démantèlement actuel.» Et d’estimer que le processus de fermeture doit être boycotté.
«Tant que le Conseil fédéral se contentera d’observer la situation les bras croisés, le canton de Fribourg et les autres cantons et communes ont tout intérêt à s’opposer fermement au démantèlement. Les discussions avec La Poste ne devront être poursuivies qu’une fois que la Loi sur la Poste aura été révisée. C’est le seul moyen d’éviter que nous soyons placés devant des faits accomplis», conclut Syndicom. ■
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Le Conseil d’Etat «prend acte»
Le Conseil d’Etat, qui a eu deux discussions avec La Poste, «prend acte», dans un communiqué, de cette transformation du réseau fribourgeois. Joint par téléphone, le directeur de l’Economie et de l’emploi (DEE) Olivier Curty explique que le canton a «une certaine compréhension pour la politique de La Poste», celle-ci étant «mise sous pression». Le Gouvernement a toutefois demandé le maintien d’un certain nombre d’offices supplémentaires par rapport au plan initial afin de tenir compte de la «dynamique démographique et économique du canton». A l’entendre, La Poste aurait accepté d’entrer en matière pour la moitié de ses revendications.
Le Conseil d’Etat «salue» aussi la création de filiales partenaires pour remplacer les offices rayés de la carte, celles-ci offrant «des opportunités de revenus supplémentaires intéressantes» pour les commerçants locaux. «Si certaines communes regrettent énormément la fermeture de leur office, complète Olivier Curty, d’autres constatent que les filiales partenaires offrent des horaires étendus voire contribuent au maintien d’un commerce au village.»
Cela dit, le Conseil d’Etat «déplore» la suppression de 21,3 équivalents plein temps occupés par 31 personnes que ce plan engendrera. Il a demandé au Géant jaune, qui fournit actuellement 1030 places de travail sur Fribourg, d’assumer ses responsabilités sociales en proposant au personnel touché d’autres tâches au sein du groupe. Il rappelle enfin que les communes ont la possibilité de faire recours auprès de la commission fédérale de La Poste (PostCom). JnG
Commentaires
Serge Juriens (non vérifié)
jeu, 22 juin. 2017
Julien Tercier (non vérifié)
mer, 21 juin. 2017
Josette RIme (non vérifié)
mar, 20 juin. 2017
Dominique (non vérifié)
mar, 20 juin. 2017
François Ducrest (non vérifié)
mar, 20 juin. 2017
Repond Nicolas (non vérifié)
lun, 19 juin. 2017
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