La Styrkepröven, un défi qu’ils ont vécu comme une aventure

jeu, 29. juin. 2017

Michaël Biland, Frédéric Grandjean et Sebastian Rauber ont achevé la Styrkepröven, la plus ancienne course cycliste de Norvège. Le défi? Traverser la Norvège du nord
au sud, de Trondheim à la capitale Oslo. Un itinéraire de 543 kilomètres non-stop.

QUENTIN DOUSSE

Les trois Sudistes racontent cette aventure qui leur laissera des souvenirs radieux, une amitié et aussi des contacts aux Pays-Bas. «Des fous, nous? Non! Certains sportifs font des choses bien plus extrêmes. Après, c’est vrai que cela reste un défi.» Michaël Biland n’est pas du genre à fanfaronner. Le Charmeysan vient pourtant de brillamment relever, avec Frédéric Grandjean et Sebastian Rauber, un sacré défi. Traverser la Norvège, de Trondheim à Oslo (axe nord-sud), à la seule force de leurs mollets. Le périple non-stop de 543 kilomètres s’est effectué le 17 juin dernier dans le cadre de la Styrkepröven, la plus grande et ancienne course cycliste du pays scandinave. Partis aux aurores, les trois Sudistes ont achevé leur voyage en un peu plus de dix-sept heures. Terminant pile dans la cible horaire et, en dépit d’une fatigue évidente, encore «musculairement bien constitués». Ils racontent, en quatre temps, cette aventure qui leur a laissé des souvenirs, une solide amitié et même des contacts de compagnons de route hollandais!
Récit.

● De l’idée au grand départ norvégien
Tout est parti de vacances en Norvège pour le ski de fond et de cet article, découvert par Frédéric Grandjean, qui relatait la participation à la Styrkepröven d’Ursula Schwaller, la handbikeuse singinoise. Ni une ni deux, le Glânois en parle à un ami, Sebastian Rauber, qui adhère immédiatement à l’idée et recrute un troisième larron, Michaël Biland. Le trio formé, l’inscription validée, il ne leur restait alors «plus qu’à»… s’entraîner!
Et la préparation ne sera négligée par aucun des trois hommes. Si Michaël Biland a le plus souvent roulé seul, Frédéric Grandjean et Sebastian Rauber ont partagé la plupart des longues sorties d’entraînement. Dans l’enchaînement de la saison hivernale, les deux fondeurs ont cumulé plus de 3000 kilomètres sur la selle. Le cadet, lui, sortait d’un hiver fait principalement de voyages. «J’ai donc repris presque de zéro, raconte le Charmeysan de 23 ans. Je partais dans l’inconnu et cela a pu me rendre nerveux. Sur la durée, j’avais peur que mon corps dise stop.» Alors Michaël Biland a enchaîné les efforts, arrêtant son compteur à 4000 kilomètres au terme de sa préparation.
Première étape du périple norvégien, rejoindre le départ à Trondheim, au nord du pays. Les heures de voiture, de bateau et de train passées, voilà les trois cyclistes prêts à vivre «leur» Styrkepröven. «On tablait sur dix-huit heures de selle, même si le chrono a toujours été secondaire dans notre esprit, expose Frédéric. L’objectif était d’abord de franchir la ligne d’arrivée ensemble. Car il faut dire qu’aucun d’entre nous ne savait réellement à quoi s’attendre.»

● Un col pour la mise en jambes
A Trondheim, couvert par les nuages, le thermomètre affiche à peine 10 degrés en ce samedi de juin. A 7 h 10 précises, le trio sudiste quitte la ville pour… l’inconnu. Leur seule certitude? Le profil de la course. Un unique col apparaît au programme, et donc la grande majorité des 3600 mètres de dénivelé positif se concentre sur les 200 premiers kilomètres. «On a rapidement vu que les Norvégiens sont habitués à rouler à plat plutôt qu’à grimper», rigole Sebastian. Pas question toutefois de flamber, la route est encore longue. Frédéric, plusieurs Patrouilles des glaciers et ultratrails à son actif, endosse le rôle de métronome. «Par moments, il a dû nous freiner. Mais, avec son expérience, on savait qu’on pouvait se baser sur lui», apprécie Michaël.
Autre facteur déterminant pour rejoindre Oslo: la gestion de l’alimentation et de l’hydratation. Relativement inexpérimentés à ce niveau, les trois amis décident de s’arrêter à chacun des neuf ravitaillements proposés. Histoire de manger – «des soupes et des sandwiches surtout» – et de détendre la musculature. «On en profitait pour marcher, même si cela devenait toujours plus dur au fil des kilomètres», admet Sebastian.

● Des alliés inattendus pour voir le bout
Cent, deux cents, trois cents: les bornes défilent pour le trio suisse, qui s’imprègne du décor scandinave. «Le grand axe emprunté traversait passablement de forêts. Là-bas, à la différence de la Suisse, deux villages peuvent parfois être éloignés de vingt-cinq kilomètres! Et c’est très roulant, car il y a peu de giratoires, d’îlots ou d’intersections», relève Michaël.
Après 350 kilomètres et quelque onze heures de selle, ils atteignent Lillehammer, la mythique ville qui accueillait les jeux Olympiques en 1994. Les organismes, déjà bien sollicités, commencent à souffrir. «Chacun a connu son coup de mou, ajoute Frédéric. ça durait une vingtaine de minutes. Mais ça n’a jamais ralenti le groupe, car les deux autres reprenaient aussitôt les relais.» Les trois Sudistes font alors «équipe» avec deux Allemands et trois Hollandais. «On a passablement discuté et on s’est même échangé les numéros de téléphone pour un prochain voyage. C’était vraiment sympa. On s’attendait au ravitaillement et on a ainsi pu collaborer jusqu’à l’arrivée.»

● Le mental jusqu’à l’autoroute finale
Quand les muscles tirent à chaque poussée, quand les «fesses brûlent» et les pieds chauffent, il ne reste plus que le mental pour dernier allié. «A un moment donné, c’est la tête qui décide de tout, souligne Frédéric. Il faut passer par-dessus chacune des petites douleurs en occupant son esprit avec des pensées positives.»
Après la souffrance vient la récompense pour les forçats du bitume. Celle-ci intervient dix kilomètres avant l’arrivée dans la capitale. A la nuit tombée, les trois hommes embarquent sur… l’autoroute!
«Finir comme ça, un vrai bonheur! s’exclame Michaël. On était alors pris d’euphorie et on a même réussi à gagner des places au classement.» Bien qu’anecdotique, leur clas-
sement commun (232es sur
1400 classés) n’a fait qu’embellir leur périple scandinave.
«Du moment qu’on a pu s’éviter tout souci mécanique, la course était déjà gagnée, poursuit Sebastian. En se débrouillant seuls, les trois, on acceptait de partir à l’aventure. Cette expérience m’a donné envie de me lancer à nouveau dans ce type d’effort long. Mais, dans l’immédiat, j’ai surtout envie de m’accorder une pause…» Et ses deux acolytes, par un éclat de rire, d’adhérer à l’idée de Sebastian. Ils appelleront ça le «repos du routier». Un repos mérité pour les trois Sudistes, désormais inscrits parmi les finishers de la Styrkepröven. ■

L’objectif était clair pour Sebastian Rauber, Frédéric Grandjean et Michaël Biland (de gauche à droite): rejoindre ensemble l’arrivée, à Oslo. Mission réussie en dix-sept heures. PHOTO SPORTOGRAF

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Article sebi

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