SACRIFICE. Parmi les raisons qui m’ont poussé à ne plus cuisiner d’agneau – et par conséquent à en manger à de rares occasions – la plus sournoise, sans doute, est à chercher dans la réponse d’un paysan chez qui j’avais l’habitude d’acheter, au printemps, une demi-bête coupée en morceaux et emballée dans des sachets en plastique (on appelle cela le circuit court). Sa réponse m’avait été donnée comme une évidence adressée à un pauvre citadin qui n’y connaît vraiment rien à la vie. En traversant l’étable – la demi-bête sous plastique était stockée dans le frigo d’une pièce attenante qui servait de lieu pour les repas des ouvriers agricoles et pour les apéros – j’avais demandé pourquoi certains agneaux étaient marqués d’une croix, une belle croix bleue bavant sur leur dos, pas un X, pas un…