Fabienne Barras poursuit son travail autour de l’évolution de la musique avec Sur un air de yéyé. La Compagnie des Citrons sonnés signe ainsi sa nouvelle création sur les planches de Nuithonie.
ANGIE DAFFLON
VILLARS-SUR-GLÂNE. Les yéyés, c’est le cri d’émancipation d’une génération – yeah! yeah! –, un renouveau culturel et sociétal qui passe par la musique. C’est l’énergie du twist et du rock’n’roll qui gagnera la scène de Nuithonie du 17 au 28 avril. Après avoir exploré les années 1930-1940 (Zazous Zaz), puis Boris Vian (Du Vian dans les oreilles), la Compagnie des Citrons sonnés s’attaque aux sixties. Avec Sur un air de yéyé, Fabienne Barras et son équipe interrogent le lien entre les adolescents de cette époque et leurs idoles.
«Nous sommes partis de l’intime de ces adolescents. Nous nous sommes demandé comment ils avaient perçu cette époque, tant le quotidien que l’influence de leurs idoles, mais aussi pourquoi elle leur a donné l’envie d’avoir davantage de liberté», explique Fabienne Barras, qui revêt ici ses casquettes de metteure en scène et de comédienne.
La pièce suit ainsi la trajectoire de trois ados, Serge (Jonas Marmy), Marie-Françoise (Stella Giuliani) et Denise (Fabienne Barras), tous fans d’Elvis, Johnny ou Sylvie Vartan. «L’idée était de donner la parole aux fans plutôt qu’aux célébrités, précise Stella Giuliani. Pour qu’ils racontent ce qu’on ressent en écoutant du rock ou en dansant le twist pour la première fois.»
Regard critique
Mais Sur un air de yéyé ne se contente pas de parler de musique: la pièce est musicale. Ainsi les trois comédiens seront accompagnés, sur scène, des musiciens Benoît Gisler, Gael Kyriakidis et Manuel Pasquinelli. «La musique vient sublimer ou intensifier une émotion, décrypte Fabienne Barras. Certaines chansons racontent aussi l’époque.»
En se plongeant dans ce mouvement, la compagnie s’est toutefois heurtée à une difficulté: «Les textes de ces chansons manquent parfois de profondeur», glisse Fabienne Barras. Jonas Marmy ne le cache d’ailleurs pas: «J’avais un a priori un peu négatif sur cette période. Il fallait trouver un contrepoint et proposer également un regard critique, notamment sur le consumérisme», précise-t-il.
C’est l’ombre de la médaille: derrière l’envol de ces nouvelles stars se développe tout un système de merchandising, lui aussi nouveau pour l’époque, visant tout particulièrement les adolescents. «On se servait de l’image de ces stars pour vendre des disques, mais aussi le maquillage qu’utilisait France Gall ou la jupe que portait Sheila», explique la metteure en scène.
Pas d’hommage
La pièce se veut aussi création collective. Ainsi, les comédiens ont planché ensemble sur le scénario, apportant chacun sa vision de cette époque tout en nourrissant le texte de témoignages écrits et d’archives sonores tirées d’émissions TV et radio. Puis la costumière Juliette Gaudel, les régisseurs son (Frank Bongni) et lumière (François Vermot) ainsi que la scénographe Wyna Giller se sont associés pour concevoir les tons, ambiances et couleurs de la pièce. «Les musiciens et Céline Cesa, qui assure le regard extérieur, ont aussi donné leur point de vue, relève Stella Giuliani. C’est chouette de se sentir aussi investi, de ne pas être simplement interprète.»
Pas trop difficile de se mettre dans la peau d’ados quand on a passé l’âge? «On s’est dit qu’il ne fallait pas essayer de jouer des adolescents, rétorque le Charmeysan établi à Besançon Jonas Marmy, mais plutôt d’aller rechercher ces émotions que l’on ressent encore en tant qu’adulte. Il ne faut pas le voir comme un hommage aux années 1960 et à cette musique, on s’est plutôt servi de cette matière pour parler de l’émancipation des jeunes.» La pièce devrait ainsi parler à toutes les générations.
A noter qu’un bal des yéyés est aussi organisé à Nuithonie le 28 avril. Un groupe reprendra des chansons des années 1960 et Les Citrons sonnés proposeront un blind test. ■
Villars-sur-Glâne, Nuithonie, du 17 au 28 avril, www.equilibre-nuithonie.ch
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