Chaque semaine, l’association Espace senior organise plusieurs activités. Or, il s’avère qu’une partie des retraités de Bulle n’est pas au courant de ces animations. La communication et l’emplacement des locaux sont en cause.

MAEVA CARREL

BULLE . Vendredi, 11 h, une quarantaine de retraités bullois se réunit sur la terrasse d’Espace senior à La Tour-de-Trême pour partager un apéritif. L’animation proposée en cette fin de matinée d’avril fait partie des activités organisées par l’association.

Créé en 2020 pour répondre à une loi entrée en vigueur en 2016 demandant aux communes d’entretenir une politique en faveur des seniors, Espace senior propose environ 30 activités par mois. Anne Carrel-Meyer, responsable des animations relève: «Elles ont un taux de participation très élevé. Celles qui fonctionnent le mieux sont les repas cuisinés en groupe, les apéritifs, les ateliers de conversation en anglais, les marches ou encore la permanence informatique individuelle.»

Les avis semblent unanimes du côté du petit groupe d’aînés réuni dans les locaux du chemin du Levant: tous se montrent enthousiastes quant aux nombreux loisirs proposés. Mais ce constat fait apparaître un paradoxe. En effet, en mars dernier, lors du World café seniors organisé à Bulle (La Gruyère du 19 mars), les retraités présents évoquaient leur souhait de disposer d’un centre de loisirs: la plupart d’entre eux n’avaient pas connaissance de l’existence des locaux et des activités d’Espace senior.

Quelle communication?

Il s’avère qu’à côté de l’association indépendante soutenue par la collectivité bulloise, un panel d’activités dédiées aux aînés est également mis sur pied par la commune. Mireille Niquille, déléguée communale aux seniors, explique: «En plus des animations de l’association réservées aux membres, nous voulons proposer une offre tout public.» La conseillère communale chargée des affaires sociales et de la santé, Chantal Pythoud, complète: «Les loisirs offerts par la commune et ceux d’Espace senior sont complémentaires, car ce n’est pas toujours le même public qui est visé.»

Alors comment se fait-il que certains seniors aient laissé entendre qu’ils ne connaissaient pas les offres de loisirs proposées par la commune? Y aurait-il un problème de communication à soulever? A Espace senior, la communication se fait principalement par internet – Anne Carrel-Meyer affirme que «les seniors ont tous accès au web» – ou par les publicités dans les lieux publics et le bulletin communal. Mais lorsqu’on leur demande comment ils sont arrivés ici, une grande partie des membres explique que c’est par le bouche-à-oreille.

A la commune, les modes de diffusion sont identiques. Mireille Niquille souligne qu’un partenariat avec les soins à domicile permet de faire passer l’information aux personnes plus isolées. Elle précise que les nouveaux habitants et nouveaux retraités sont tenus au courant des activités. Dans les deux cas, on estime que tous les moyens sont mis en œuvre pour avoir la meilleure communication possible, «mais il est tout de même compliqué de faire passer au mieux l’information», constate Mireille Niquille.

Des locaux peu adaptés

La communication n’est pas le seul problème évoqué. Il y a aussi celui des locaux. D’une part, le fait que le local d’Espace senior se trouve à La Tour-de-Trême et non au centre-ville de Bulle est un frein pour certaines personnes. Notamment à cause du manque de places de parc à proximité, ce qui est problématique pour les personnes à mobilité réduite ou réfractaires à prendre le bus.
D’autre part, la disposition du local peut limiter les intéressés. Pour atteindre l’entrée du bâtiment, il faut emprunter des escaliers, et ensuite, les différentes salles sont réparties sur deux étages, sans ascenseur. L’accès n’est donc pas aisé, comme le relèvent Anne Carrel-Meyer et quelques participants aux activités.

Finalement, l’étroitesse des lieux est également source de questionnement. La plus grande des salles d’Espace senior peut accueillir au maximum 25 personnes à la fois, les autres seulement une petite dizaine, alors que l’association compte 300 membres. Mireille Niquille et Chantal Pythoud précisent: «Si l’on veut continuer de développer des activités, il sera un jour impératif de trouver un local plus grand.» La commune disposant de peu d’espaces de ce genre, aucune démarche visant à en dénicher un autre n’est cependant en cours. ■

Une offre de loisirs intéressante

La commune de Bulle n’est pas la seule à posséder une offre de loisirs pour ses seniors. Toutes les communes gruériennes, sous la présidence de Chantal Pythoud, se sont réunies au sein d’un groupe de travail pour la mise en place d’un concept seniors. Comme l’explique la députée au Grand Conseil: «Le groupe de travail a rédigé une base de concept, que les communes pouvaient ensuite s’approprier comme elles le souhaitaient.» En 2023, ce sont au total plus de 1000 activités plus ou moins différentes qui ont été recensées dans le district.

Chantal Pythoud note encore que toutes ces animations fonctionnent seulement grâce aux personnes qui se proposent pour être bénévoles. Elles mettent ainsi leurs connaissances au service de leurs pairs. La plupart des bénévoles sont eux-mêmes des seniors. Anne Carrel-Meyer indique qu’il y a aujourd’hui 25 personnes qui œuvrent à l’organisation d’animations. «Cela leur permet de valoriser leurs compétences et probablement aussi de donner un sens à leur retraite. Au final, tout le monde ressort gagnant, autant les bénévoles que les bénéficiaires», conclut Chantal Pythoud. MC