Voile: aux Jeux, Nathalie Brugger a presque tout vécu

mar, 30. jui. 2024
Nathalie Brugger et son trèfle à quatre feuilles offert par son mari australien Will Ryan: «C’est mon porte-bonheur, que j’ai tous les jours avec moi et qui me porte plus ou moins chance dans la vie», sourit la navigatrice sarinoise. THOMAS DELLEY

A l’occasion des Jeux d’été à Paris, La Gruyère revient sur six expériences olympiques fribourgeoises.

Troisième épisode avec la navigatrice sarinoise Nathalie Brugger.

Pékin, Londres et Rio ont marqué autant sa vie sportive et personnelle.

QUENTIN DOUSSE

VOILE. En trois participations aux Jeux olympiques, Nathalie Brugger a tout vécu. Tout sauf l’ivresse d’une médaille pourtant acquise «à 99%» en 2016 à Rio. «Le petit pourcent manquant, c’était ce stress et cette erreur tactique de base (bâbord tribord). Une règle qu’on apprend à 8 ans…» Huit ans plus tard justement, la douleur demeure. «J’y repense encore aujourd’hui, car on était tellement proches de cette médaille, soupire la navigatrice d’Ependes. Donc oui, c’était dur et ça le restera.» Ni le diplôme de Rio (pour sa 7e place en Nacra 17 mixte) ni celui obtenu huit ans plus tôt à Pékin (6e en laser radial) ne remplaceront le métal olympique tant désiré. Ce regret n’efface heureusement pas tout ce qu’elle a expérimenté aux Jeux. Le plaisir d’abord, la rigueur de travail ensuite, la gestion de la «machine» (le corps) et du processeur (la tête) enfin. «J’ai beaucoup appris sur moi-même, à me connaître comme athlète et comme humain. Le corps, il faut le soigner.»

Le conseil n’est pas voilé venant de celle qui achève sa plus grande régate, un cancer de stade avancé. «Le combat fut assez dur, mais je suis toujours là», souritelle. Toujours là et bien là puisqu’elle vivra son autre rêve en octobre prochain: la Coupe de l’America. C’est donc à bord de son AC40 «volant», depuis Barcelone, qu’elle suivra les Jeux olympiques à Paris. «Le plan d’eau de Marseille sera magique. C’est sûr que j’aimerais y être, mais je suis encore en remise en forme. Je me suis aussi rendu compte que j’avais perdu ce feu, cette énergie et cette force pour m’entraîner dix heures par jour à 38 ans.»

Avec Federer au téléphone

Tel est l’ouvrage requis pour performer – «juste participer» ne lui suffit plus – aux Jeux. Pour chanter «joyeux anniversaire» à un certain Roger Federer, le 8 août 2008, jour de la cérémonie d’ouverture vécue hélas à distance. «Et là, j’ai pris le téléphone et je me suis complètement emballée! Parler à mon idole de toujours m’a marquée. Ce moment hyper symbolique a servi de tremplin pour ma vie olympique future.»

Celle-ci connut un soubresaut en 2012 à Londres, où «j’ai fait tout faux, admet-elle sans détour. Après ça (14e place en laser radial), je voulais vraiment arrêter la voile.» La Fribourgeoise rencontra alors un entraîneur qui lui apprit «à rire et à aimer mon sport surtout». Elle rencontra aussi le skipper australien Will Ryan, qui deviendra dix ans plus tard «son» double médaillé olympique de mari. Elle retrouve alors l’équilibre indispensable pour se lancer dans une aventure différente, en catamaran, à Rio. Avec le décevant épilogue précité.

Aux Jeux, Nathalie Brugger a pris, appris et compris. Comment les Jeux servent «un peu de pansement» aux dysfonctionnements du pays organisateur, la pauvreté à Chindao ou l’eau souillée à Rio notamment. «Tout était très beau pour les JO, avant de redevenir la catastrophe, je l’imagine. C’est triste qu’on n’arrive pas à trouver des solutions plus durables.»

Engagée, la Fribourgeoise est avant tout reconnaissante. La plus ancienne et universelle des compétitions a «construit» la femme qu’elle est aujourd’hui. «Les JO m’ont permis de devenir la meilleure personne que je puisse être», ajoute celle qui cumule les professions de navigatrice et de préparatrice physique personnelle. Celle de skippeuse olympique est derrière elle. Sans regret ou presque. Les JO lui ont trop apporté pour qu’elle n’en garde que «dix secondes» ratées. «Les Jeux, c’est la semaine de sa vie. C’est aussi là qu’on prend le plus de plaisir à naviguer», conclut-elle en s’y revoyant. ■


Nathalie Brugger

Age. 38 ans.

Domicile. Fribourg.

Sport. Voile.

Palmarès olympique.
6e (diplômée) en laser radial aux JO 2008 à Pékin, 14e en laser radial aux JO 2012 à Londres, 7e (diplômée) Nacra 17 mixte aux JO 2016 à Rio.


Du tac au tac

Aux Jeux olympiques 2008 à Pékin…

… qui fut le porte-drapeau de la Suisse à la cérémonie d’ouverture?
Soit Roger (Federer), soit le vététiste Nino Schurter. En 2008, je dirais… Roger. (Vrai.)

… citez un Suisse ayant décroché une médaille d’or.
Nino Schurter (Faux: Fabian Cancellara en cyclisme et la paire Federer-Stanislas Wawrinka en tennis.)

… quel athlète fut sacré champion olympique du 100 mètres?
Usain Bolt. (Vrai.) Je l’ai vu courir en 2012 à Londres, c’était génial. Il a une telle présence sur la piste, c’est fou.

… quel nouveau sport fut introduit lors de cette édition?
Le rugby. (Faux: la nage en eau libre et le BMX.)

… pourquoi les skippers danois promirent à leurs adversaires croates de leur «offrir une bière jusqu’à la fin de nos jours à chaque fois qu’on les verra»?
Je m’en souviens bien: les navigateurs danois cassent leur mât juste avant l’épreuve finale du 49e mixte. Et là, ils rentrent à terre, prennent le bateau de l’équipe croate (hors course) et gagnent la médaille d’or. Ce geste des Croates était incroyable. QD

Ajouter un commentaire

CAPTCHA
Cette question est pour tester si vous êtes un visiteur humain et pour éviter les soumissions automatisées spam.

Annonces Emploi

Annonces Événements

Annonces Immobilier

Annonces diverses