Avec «Y’en a pas deux comme nous», La Gruyère se penche sur des duos complices.

Premier volet de cette série d’été avec les beach-volleyeuses Anouk et Zoé Vergé-Dépré.

Les sœurs bernoises ne craignent pas que la rudesse de leur sport menace leur lien du sang.

VALENTIN THIÉRY

BEACH-VOLLEY. Les sœurs Vergé-Dépré sont des références du beach-volley suisse. Anouk, l’aînée de 33 ans, a notamment été championne d’Europe en 2020 et s’est couverte de bronze aux Jeux olympiques 2021 avec Joana Heidrich (désormais Mäder). Zoé, 27 ans, a atteint les quarts de finale des JO 2024 avec Esmée Böbner. L’automne dernier, profitant d’un remaniement global des paires helvétiques, les Bernoises aux origines guadeloupéennes ont rassemblé leurs forces (comme en 2018 mais «seulement» pour un championnat d’Europe). «On en avait déjà beaucoup discuté. En septembre, j’ai glissé un mot dans la boîte aux lettres d’Anouk, lui demandant si elle souhaitait faire équipe. Elle a coché la réponse oui», retrace Zoé.

Depuis, leur relation est challengée dans leur exploration de nouveaux horizons. Une relation fusionnelle et complice depuis toujours qui voyait la grande veiller sur la petite. «Un jour, Anouk voulait des crêpes.

Donc on s’est échappées de chez nos parents au camping», se marre Zoé. Si Anouk était la meneuse durant l’enfance, l’inverse doit maintenant se produire sur le terrain. «Si j’ai de la peine, à Zoé de se mettre en avant, de décider, de me soutenir, de prendre ses responsabilités. A moi de lui laisser le contrôle. On apprend», embraie Anouk.

Team Zouk

La «Team Zouk» (contraction de Zoé et Anouk renvoyant au style musical des Antilles où elles ont des racines) doit également se rapprivoiser, se comprendre dans le sable et se redécouvrir en dehors, dans un cadre professionnel. «On savait qu’on était toujours en retard, mais pas à ce point-là», s’amusentelles. «Anouk est encore plus ambitieuse que je ne le pensais. Et comme moi, elle n’est pas très patiente», étaie Zoé.

Les frangines sont liées par le sang et désormais par les objectifs sportifs. Pour les réussir, les collègues Anouk et Zoé passent donc énormément de temps ensemble, comme à l’époque. «Sauf qu’on fait attention à notre espace personnel, à avoir des moments avec d’autres gens quand on est en voyage, explique Zoé. Nos fous rires, comme dans notre jeunesse, nous boostent. Ce feeling familial dans le travail est agréable.» Les Vergé-Dépré sont toutefois lucides: il ne garantit pas le succès.

L’enjeu est alors de savoir si cet atout pourra être affaibli. «Si ça ne fonctionne pas, tant pis. Ça n’affectera pas notre relation», insiste Anouk. Le duo s’accorde: l’univers du beach-volley est rude. Les couples s’écorchent, se draguent et triomphent sans s’aimer plus que le contraire. «Papa en a rêvé. Pour lui, c’est clair, notre association ne pétera pas», lance Anouk. «Maman était contente, mais consciente des potentielles complications», ajoute Zoé.

Los Angeles 2028

Afin d’éviter que leur complicité ne titube, elles ont par exemple des sessions communes et séparées avec un psychologue. «Pour pouvoir réagir si des thèmes de l’enfance font surface», note la cadette. Le côté business ne sera pas non plus un souci. «Au niveau marketing et contrat de sponsoring, on va jouer sur notre statut de sœurs. Et même dans ce domaine, on peut chacune conserver notre indépendance Et si Zoé trouve quelque chose qui colle avec sa personnalité, je ne la bloquerai pas», assure Anouk. Et les choix plus intimes, comme une fin de carrière précoce? «Les Jeux olympiques 2028 à Los Angeles sont notre but. Après, on verra», poursuit-elle.

Et puis, la «Team Zouk» a été créée après une expérience «extrême». Anouk et Zoé étaient opposées pour un billet pour les JO de Paris 2024. «Ça a consolidé notre lien», confie l’aînée. Et il le sera davantage au fil du temps, quand les frangines auront encore plus approfondi leur complicité. «On s’est unies pour la performance. Aucune constellation n’était mieux pour moi en ce moment. Elle sera enrichissante dans la compréhension de l’autre dans un autre environnement.» Zoé valide.

Autre validation: les méthodes Vergé-Dépré. En témoigne, en juin, leur troisième place en République tchèque lors d’un tournoi Elite16 du Beach Pro Tour. ■

Berne, début des années 2000, au domicile familial

«Je dois avoir 10 ans, Zoé 4. On est dans le jardin, avec un ballon. On était beaucoup à l’extérieur étant jeunes. On faisait du sport, on jouait avec n’importe quoi, on grimpait dans les arbres. On tient ça de nos parents. En Guadeloupe, on est souvent au grand air, tandis que notre maman a grandi dans les montagnes. On a une connexion spéciale avec la nature», décrit Anouk Vergé-Dépré, complétée par sa sœur. «Cette photo m’évoque des moments de fou rire et de joie. Nos autres passions? La cuisine, la peinture ou la danse.» VT

Du tac au tac

Qui votre sœur appelle-t-elle après un match?

Zoé Vergé-Dépré (Z.): Son copain.
Anouk Vergé-Dépré (A.): La même chose.

Quel est son rituel d’avant-match?

Z.: Elle fait sa coiffure devant le miroir.
A.: Elle a besoin de musique jusqu’à ce qu’on touche le ballon.

Quel était son modèle de jeunesse?

Z.: Elle admirait Géraldine Knie (et ses chevaux du célèbre cirque).
A.: Je crois qu’elle n’en avait pas vraiment (Zoé confirme).

Quelle musique la motive?

Z.: Il y en a tellement, de la salsa au hip-hop en passant par le zouk.
A.: Elle adore l’amapiano, la techno africaine.

Comment gère-t-elle le stress?

Z.: Elle prend un bain et mange des petits-beurre…
A.: …et je danse! Zoé, elle, peint et écoute de la musique.

Quel est son rêve hors des terrains?

Z.: De vivre un moment en Guadeloupe.
A.: De tenir un petit café…
Z.: J’aimerais plutôt un jardin avec des poules.

Quel est son fond d’écran de téléphone?

Z.: Son copain.
A.: (Elle réfléchit.) La Guadeloupe? (Zoé confirme) Ha ha ha, yes! VT