PAR PRISKA RAUBER
Les culottes-bas sont élimées, les factures de chauffage salées et les matchs de foot annulés. Cet hiver est interminable. De quoi déprimer, lasser, même les plus enragés de la randonnée à skis ou des descentes en bob. D’autant que l’on gèle comme jamais. Et les statistiques le confirment. Lionel Fontannaz, de MétéoSuisse, relève par exemple que, mardi, la température maximale se montait à 0,3 degré à Neuchâtel (ville choisie par le météorologue car elle possède une longue série de mesures). Il est remonté jusqu’en 1950 et n’a pourtant pas trouvé la moindre trace d’une température aussi basse pour une fin de mois de mars. Pas étonnant que le moral en prenne un coup.
«Les températures fraîches de ce mois de mars cumulent avec un hiver rigoureux. On dépasse donc largement la trilogie décembre-janvier-février que représente l’hiver dans les esprits.» Sans compter la bise, très en forme cette saison, et le soleil, qui s’est montré discret. «L’ensoleillement n’a en effet atteint que 60% des valeurs moyennes de la norme 1981-2010.»
Quant à la neige, elle a pris ses aises depuis le 28 octobre et ne se lasse plus de tomber. «Cette saison, le cumul des précipitations dépasse la norme», confirme Lionel Fontannaz. Et la situation n’est pas près de s’améliorer, prévient-il.
Encore pour deux semaines
«Le temps sera encore très perturbé dans la semaine, voire les deux semaines à venir. Les températures demeureront nettement en dessous de la moyenne, même si nous pourrions compter sur des épisodes plus agréables.» Le problème, c’est que plus il fait froid, plus il fait froid. En effet, vu que la neige reste au sol (puisqu’il fait froid), les rayons du soleil sont réfléchis au lieu d’être absorbés par la terre, qui ne parvient donc pas à se réchauffer. Et comme la température ambiante s’imprègne de la température au sol, on ne peut pas dire qu’on va vers le beau.
Cette situation pourrait en outre être liée au réchauffement climatique, même si cet hiver rigoureux et interminable aurait plutôt tendance à confirmer les doutes des sceptiques. Mais on peut geler en Europe alors que les ours de l’Arctique suent. L’un n’empêche pas l’autre. De surcroît, selon une récente hypothèse, ces phénomènes seraient liés. «La banquise a fortement fondu cet été, précise le météorologue. Il faut savoir que ce sont les grands contrastes de températures, entre les régions polaires et tropicales, qui dictent les vents. Alors, si de grandes surfaces se réchauffent, le courant d’ouest pourrait se déplacer.» Et ainsi ralentir les vagues de courants d’air chaud et d’air froid qu’il repousse sur nos régions. Les périodes de chaleur intense ou de grand froid stagneraient alors plus longtemps.
«Mais nous n’avons pas encore assez de recul pour en être sûr, indique Lionel Fontannaz. Par contre, nous sommes certains de la grande variabilité des épisodes. Les hivers ne se ressemblent pas.» Voilà qui laisse entrevoir un espoir pour l’hiver prochain. Si l’été arrive entre deux.
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Bons et mauvais effets
Manque d’énergie, tension, irritabilité. Ce temps a un effet indéniable sur le moral, confirme la psychologue bulloise Christine Surchat. «De la même façon que novembre est mal vécu: les jours rétrécissent, c’est l’entrée dans l’hiver. Sa sortie est alors attendue avec impatience. Et là, comme on n’en sort pas, ce peut être difficile pour certains.» Et la spécialiste de rappeler alors que «le jour vient toujours après la nuit. C’est une question de temps, toujours…» Et qu’il est important de continuer à sortir, marcher, voire prendre de l’altitude. De respirer aussi, en visualisant des couleurs lumineuses. Quant à ceux qui souffrent de troubles de l’humeur liés aux saisons, qu’ils n’hésitent pas à s’offrir des séances de luminothérapie, «on sait que c’est efficace».
Ce temps maussade et humide peut toutefois avoir du bon. Il est en effet favorable à la remontée du niveau des nappes phréatiques. De quoi, «sans doute, atténuer en partie les effets de 2011, où il a fait sec toute l’année», indique Romain Ducommun, hydrogéologue responsable de la protection des eaux souterraines au Service de l’environnement. PR
Commentaires
Vincent (non vérifié)
mar, 02 avr. 2013
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