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Une rentrée des plus studieuses pour ces vingt skieurs en herbe

| jeu, 24. sep. 2015

Présenté en novembre dernier, le Centre régional de performance (CRP) situé à Bulle a accueilli fin août vingt des meilleurs skieurs romands U16 pour sa première rentrée. Le Vaudois Loïc Chable, en famille d’accueil à Charmey, et le Châtelois Alexis Monney racontent cette nouvelle étape dans leur vie de sportif.

Par Quentin Dousse

Pour vingt élèves romands, dont dix Fribour­geois, la rentrée des classes du
27 août dernier n’a ressemblé à aucune autre. En effet, ils ont intégré le Centre régional de performance (CRP), situé à Bulle. Présentée en novembre dernier, la structure alliant ski de haut niveau et scolarité a vécu ses trois premières semaines d’activité. Portée par l’association Ski-Romand, elle s’inscrit aux côtés du Cycle d’Orientation de Bulle-La Gruyère et du collège du Sud, les deux partenaires académiques.

Le principe, qui s’inspire des 27 autres centres régionaux en Suisse, est simple: outre le suivi du programme scolaire cantonal de la filière Sports-Arts-Formation, un travail individualisé de la condition physique est réalisé trois fois par semaine par Aurélie Tarenne, une entraîneure engagée à 100%. A cela s’ajoutent les camps sur glacier et les entraînements communs dans la station de Bellegarde, sitôt l’or blanc tombé.
Issus de trois cantons (Fribourg, Genève et Vaud), les talents romands ont pour certains rejoint une famille d’accueil, comme le Vaudois Loïc Chable. Ou suivent le cursus en logeant à leur domicile, à l’instar d’Alexis Monney à Châtel-St-Denis. Les deux talents romands reviennent sur leur situation et leurs premières semaines au sein du CRP.

 

 

«Un transit avant Brigue»
loïc chable. Certains ont découvert la grande sœur Charlotte (21 ans), l’hiver dernier en slalom de Coupe du monde (11e à Maribor). D’autres connaissent peut-être Pauline (18 ans), basée au Centre national de Brigue. Et voilà que le petit frère Loïc, 15 ans, pointe le bout de ses lattes dans le sport de performance. Le résident de Villars-sur-Ollon a effectué un double saut cet été, lui qui a non seulement intégré le CRP, mais également élu domicile chez la famille Morisetti à Charmey. Et voilà le petit dernier de la famille qui quitte le cocon familial. «Le sentiment est spécial, ce n’était pas simple», concède Gustave, le papa.
Loïc Chable, lui, n’a pas hésité une seule seconde avant de s’établir en Gruyère, au collège du Sud à ses heures académiques. «Il s’agit pour moi du meilleur moyen d’avoir un entraînement suivi, avec des entraîneurs à mes côtés. Le changement est important, mais comme mes deux sœurs sont déjà parties de la maison, je sais ce que cela représente», répond-t-il.

Une famille d’accueil connue
Afin de «s’éviter le stress d’un nouvel environnement», le skieur villardou a choisi une famille connue comme lieu d’accueil, les Morisetti de Charmey. Il y a retrouvé les frères et sœurs Laure et Vincent (17 ans), ses anciens adversaires sur les lattes qui ont aujourd’hui arrêté la compétition, ainsi que Jean (15 ans), membre du CRP lui-aussi. «Loïc et Jean sont comme des frères. Dans un schéma de performance, une telle émulation se veut vraiment bénéfique», relève Gustave Chable, jadis entraîneur de l’équipe nationale féminine de descente.
Si la présence de Loïc n’a pas chamboulé la famille Morisetti, son arrivée a nécessité quelques adaptations. «Avec quatre adolescents à la maison, c’est surtout au niveau des quantités des repas, sourit Pascale Morisetti. J’appréhendais au début. Mais Loïc, débrouille, s’est tout de suite senti comme à la maison.»
Celui qui se dit plutôt technicien, «slalom ou slalom géant comme disciplines de prédilection», ne manque pas d’ambition au moment de formuler ses objectifs hivernaux. «J’aimerais accrocher un top 5 national au classement général U16», avance Loïc Chable. Motivé par la trajectoire de sa sœur Charlotte, qu’il prend comme «modèle», le Vaudois souhaite faire du Centre régional de performance une étape dans sa carrière. «Le CRP est un transit avec le Centre national à Brigue, qui constitue la suite logique, la voie dessinée pour moi.»

«Plus de qualité à l’entraînement»
alexis monney. Pour le résident de Châtel-St-Denis, la situation est bien différente. Une lourde chute (plateau tibial fracturé) survenue en janvier dernier a tenu Alexis Monney loin des pistes. Des pistes qu’il a retrouvées en juin dernier, en camp sur glacier à Zermatt. «S’il voulait continuer le ski, il devait intégrer ce centre», indique Louis Monney, son papa. La décision n’a pas mis long à être entérinnée. «Depuis Châtel-St-Denis, le collège à Bulle est proche et je peux rester à la maison. Tout est plus facile pour m’organiser, avec les vêtements notamment», explique le skieur âgé de 15 ans.
Le grand changement concerne davantage ses entraînements. Avant d’intégrer le CRP, le Veveysan participait à un seul entraînement commun avec Ski-Romand. Le restant s’effectuait en individuel, sitôt que la sonnerie retentissait dans la cours d’école. «En rentrant à 16 h 30, avec une heure de devoir et deux heures de sport, il ne me restait plus grand chose», calcule-t-il. Du temps gagné pour assouvir sa passion, mais pas seulement. «Avant, c’était la course. L’école est désormais plus compréhensive vis-à-vis des congés. Par exemple, je profite de la dispense de sport pour rattraper mes devoirs. Sans oublier de me reposer, aussi.»

Impossible de courber les entraînements
Outre la quantité d’entraînements, l’évolution touche également la qualité de ceux-ci, selon Alexis Monney. «Auparavant, je n’étais pas aussi bien encadré et il m’arrivait de réaliser des exercices faux. A l’inverse d’aujourd’hui, où Aurélie (Tarenne, l’entraîneure de condition physique) nous corrige et... nous force à suivre les séances.» Car avant d’être skieurs, ces jeunes talents sont surtout des êtres humains. «Il m’arrivait de courber certains exercices», souffle le Châtelois, sourire en coin.
Cet hiver, Alexis Monney devra avant tout retrouver ses sensations sur les lattes. Les souvenirs de sa blessure au genou ne lui font pas perdre de vue ses futurs objectifs: «Le podium aux championnats de Suisse U16», avant d’envisager le prochain échelon, le Centre national à Brigue. Le CRP est là pour lui fournir les clés. «Réunis, ces jeunes se motivent et ils se tirent en avant, ajoute Louis Monney. L’émulation semble maximale et tout sera plus évident au retour sur la neige naturelle, en décembre. D’autres jeunes, comme Amélie Dupasquier, ont réussi à percer sans cette nouvelle structure. Mais je pense que le CRP s’inscrit dans le suivi d’une carrière.»

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L’apprentissage d’une discipline de travail
L’année 2015 était synonyme de mise en place pour le Centre régional de performance (CRP). A l’heure du premier point de situation, organisé mardi avec la presse, les responsables de Ski-Romand ont tenu à souligner «le signe de confiance de la part des parents» pour cette année inaugurale. En effet, sur les 30 athlètes sélectionnés par Ski-Romand, 20 d’entre eux ont décidé de se lancer dans l’aventure.
Du projet sur papier à la réalité, peu de paramètres ont différé à en croire Frédéric Koehn, le président de Ski-Romand. «Le travail était principalement d’ordre administratif, où les règles du sport-études varient d’un canton à l’autre.» Le Vaudois de relever une amélioration apportée en cours de route: «Au niveau de la condition physique, nous tentons d’utiliser chaque créneau horaire dans la journée des adolescents pour effectuer des blocs de travail individualisé en condition physique.»

«Eviter d’ajouter de la pression»
Ce lancement a été marqué d’un thème fort et souvent cité dans le milieu de la performance: le surentraînement. «Le sport de compétition impose énormément de pression, sans compter celle mise par les coachs ou les parents. Notre but est d’éviter d’en rajouter», développe Frédéric Koehn.
En effet, hors-saison, les vingt membres du CRP s’astreignent à trois séances de préparation physique. S’ajoutent en sus les entraînements sur la neige et les camps, lesquels provoquent des absences non négligeables en salle de classe. De quoi nourrir un brin d’inquiétude chez certains parents, à l’image de la Charmeysanne Pascale Morisetti. «Les jeunes, comme mon fils Jean, doivent se débrouiller, et il faut batailler derrière pour récupérer les cours. J’espère que cette structure amènera une prise de conscience chez les professeurs de classe, afin de faciliter davantage la collaboration et le rattrapage des leçons.»
Si le système, vieux de seulement trois semaines, nécessite forcément certains ajustements, il n’en reste pas moins une solution idéale pour ces skieurs en herbe. Le Villardou Gustave Chable, papa de Loïc (voir ci-dessus) et ancien chef alpin de Ski-Romand, voit d’un bon œil l’arrivée du CRP de Bulle. «Tout en assurant un certain niveau d’étude, le centre permet de pousser les jeunes au moyen d’une structure plus professionnelle. Mais le CRP, c’est aussi l’apprentissage d’un rythme, d’une discipline de travail. Il permet en outre d’adoucir l’écart entre les OJ et un centre national comme celui de Brigue.»
Ce renforcement du statut sport-études pose de toute évidence la question des objectifs en termes de résultats sur la neige. Le Centre régional de performance, par la voix de Frédéric Koehn, préfère laisser à l’athlète le soin de fixer ses propres exigences. «Une multitude de paramètres évoluent à leur âge en fonction de la morphologie et la croissance de chacun. Il est donc compliqué de formuler un objectif lié aux seules performances. Par contre, à l’issue de cette saison, nous espérons placer cinq de nos espoirs à Brigue.» L’ambition est là, reste aux jeunes talents de s’en donner les moyens à travers leurs résultats.

 

Commentaires

Bravo pour cet article intéressant et réaliste, c'est du bon journalisme! Cordialement

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