Un Dragon averti en vaut deux: gare aux inattentions défensives, un phénomène débarque demain à la BCF-Arena. Le maillot griffé d’un lion de Zurich, Auston Matthews est ni plus ni moins l’attraction du championnat de Suisse, depuis ses débuts le 18 septembre dernier, face à... Fribourg-Gottéron déjà.
Né à Scottsdale, en Arizona, Auston Matthews doit sa venue en Suisse à des circonstances rocambolesques. Pressenti comme l’un des premiers choix de draft, le jeune Américain a cette année  manqué la draft pour... deux jours. Dès lors, le centre a privilégié, pour son développement, la LNA aux ligues juniors nord-américaines. Et c’est peu dire que le numéro 34 des ZSC Lions soit parvenu à s’acclimater au hockey des adultes dans notre pays. Aux côtés de Nilsson et Herzog, l’attaquant de 18 ans a déjà inscrit la bagatelle de 15 points en 12 rencontres.
Si beaucoup d’observateurs l’ont découvert à sa récente arrivée sur le sol helvétique, Nathan Marchon, le jeune attaquant de Fribourg-Gottéron, s’est lui souvenu du prodige il y a un an déjà. Avec l’équipe de Suisse U18, au Tournoi des Quatre nations en Suède. «A ma première présence, je me suis retrouvé face à lui, se remémore-t-il. Je me suis tout de suite aperçu qu’il n’appartenait pas au même monde que nous.» Auston Matthews l’a prouvé ce printemps aux Mondiaux U18, en terminant meilleur compteur et MVP du tournoi helvétique (15 points en 7 matches).
Hors glace, le phénomène passionne autant qu’il rayonne. En effet, le site américain NHL.com, référence dans le milieu, a décidé de publier une chronique hebdomadaire entièrement dévolue au joueur. S’il a quitté le continent, Auston Matthews n’a pour autant pas disparu des écrans radars outre-Atlantique.

L’intelligence de jeu
Installé en Suisse avec sa maman d’origine mexicaine et sa sœur aînée, Auston Matthews a emporté l’ensemble de ses qualités depuis l’Arizona. Nathan Marchon de citer la vision de jeu comme principale force de son contemporrain: «A chaque fois, il a un temps d’avance sur son adversaire, car il sait toujours ce qu’il va faire de la rondelle avant de l’avoir reçue. Avec sa vitesse d’exécution, ce n’est pas étonnant de le voir briller sur nos grandes patinoires.»
Pour l’ancien entraîneur qu’est Paul-André Cadieux, Auston Matthews se distingue également par son intelligence de jeu. «C’est un joueur tout en contrôle, il ne donne pas un coup de patin dans le vide. Mais il possède cette faculté d’accélération qui lui permet de se trouver au bon endroit. On pourrait comparer son coup d’œil à celui d’Andrei Bykov.»

Un gabarit précieux
Commentateur à Teleclub, Laurent Antonioli ne tarrit pas d’éloges au moment de décrire le joyau des ZSC Lions. «Un joueur de cette trempe, les Etats-Unis en sorte un tous les dix ans peut-être, lance-t-il. Plus que son patinage et ses mains, son gabarit constitue un atout énorme.» Avec 88 kilos pour 188 centimètres, Auston Matthews a su faire de sa stature l’une de ses forces. «Malgré sa grande taille, il est très explosif sur les patins, observe Nathan Marchon. Il n’y a pas de miracle, il doit travailler ceci spécifiquement à l’entraînement.»
Au-delà de son bagage hockeyistique, incontestable et incontesté, Auston Matthews dégage une maturité étonnante compte tenu de son jeune âge. L’entraîneur des Dragons, Gerd Zenhäusern, en est le premier surpris. «On ne dirait pas qu’il a 18 ans. C’est une exception dans le hockey, sans aucun doute. Il a cette faculté de jouer juste, ce qui rend son jeu simple, avec peu de déchets.»
Conscient du danger, le coach des Dragons n’en fait pas une fixation, à la veille du duel de demain à la BCF-Arena. «Il sera à surveiller de près, mais nous ne nous focalisons pas sur lui au point de le suivre jusqu’aux toilettes», image Gerd Zenhäusern. Star du championnat de Suisse, Auston Matthews est prêt à passer au révélateur face à Fribourg-Gottéron, l’autre équipe en forme du moment. «Dans ces matches et en play-off surtout, il devra prendre du volume pour franchir un pallier», conclut Laurent Antonioli.

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L’influence de Marc Crawford
Pisté par plusieurs clubs suisses, dont le CP Berne, Auston Matthews évolue à Zurich dans un environnement idéal pour son développement. En termes de formation de jeunes joueurs, l’Américain a trouvé ce qui se fait de mieux en Suisse, la collaboration avec les Grasshoppers Lions (LNB) le prouve. «Avec des Wick, Seger ou autre Bergeron, il est très bien entouré dans l’équipe, remarque Gerd Zenhäusern. Zurich peut se permettre d’embaucher un étranger de 18 ans, car le club a cette culture du travail avec les espoirs. A l’image de Malgin ou encore Siegenthaler.» Vainqueur de la Coupe Stanley en 1996, l’entraîneur canadien Marc Crawford connaît mieux que personne le système et le fonctionnement des hockeyeurs américains. «Sa réputation a évidemment joué dans le choix de la destination pour Auston Matthews. D’emblée, Marc Crawford a protégé son joueur des interviews dans les médias, en lui enlevant toute pression. Il a pu ainsi travailler dans la continuité et cela paie aujourd’hui», analyse Paul-André Cadieux. QD