PAR SOPHIE ROULIN
Le scénario du 14 décembre a bien failli se rejouer mardi soir, à Cerniat. Comme annoncé, Julien Coissac, propriétaire d’une colonie de vacances dans le village et en bisbille avec la commune pour une affaire de route, avait installé son matériel pour filmer l’assemblée communale. Ce qui, comme au soir du 14 décembre, n’était pas du tout du goût des citoyens présents: ils l’ont rapidement fait savoir.
«S’il existe une loi qui protège l’information, il en existe d’autres qui protègent les données et les personnes. Nous nous sentons pris en otage», a lancé Jean-Bernard Fasel, futur édile (pas encore assermenté). «Monsieur Coissac fait-il vraiment partie des médias comme il le prétend?», a demandé un autre citoyen. «Il n’y a aucun but d’améliorer l’information dans cette démarche, mais seulement celle de nuire», a-t-on encore entendu.
Pondération des intérêts
Devant cette levée de boucliers des citoyens, le préfet de la Gruyère – présent à la demande de l’Exécutif de Cerniat, tout comme un conseiller juridique du Service des communes – a pris le contrôle de l’assemblée. «Etant donné la volonté évidente des membres de cette assemblée de quitter la salle, ce qui mènerait à son annulation, êtes-vous prêt à ne pas filmer, mais seulement à enregistrer les débats de ce soir?» a-t-il demandé à Julien Coissac. Qui a campé sur ses positions.
Patrice Borcard a alors expliqué qu’il devait faire une pondération entre l’intérêt privé du ressortissant français de prouver que l’assemblée se tenait correctement et l’intérêt public des citoyens de Cerniat à pouvoir tenir leur assemblée. Celle de décembre ayant été annulée, la commune était toujours sans budget pour l’année en cours. Et le préfet de rappeler qu’après trois tentatives infructueuses, Cerniat se retrouverait sous tutelle de l’Etat.
«Il y a une évidente volonté de perturber l’assemblée», a ajouté le préfet, avant d’ordonner au vidéaste d’éteindre ses appareils. Ce dernier a tenté de se défendre, en expliquant qu’il n’interviendrait pas et ne perturberait pas les débats. Le préfet a coupé court: «L’enregistrement lui-même est une perturbation.» Mais le ressortissant français n’était pas prêt à abdiquer. «J’attends la venue de la police.»
Réquisition des appareils
Elle ne s’est pas fait attendre. A peine quelques minutes plus tard, deux gendarmes en uniforme ont réquisitionné les appareils. Julien Coissac a donc assisté à la suite des débats dans le public. Tout comme un policier en civil.
Si le syndic Pascal Andrey et le préfet étaient contents que l’assemblée ait pu se tenir, ils étaient tous les deux «tristes qu’il ait fallu en arriver à une telle solution».
Quant à Julien Coissac, il ne veut pas en rester là. Hier, après consultation de ses avocats, il entendait donner des suites judiciaires contre la décision préfectorale, notamment. «En sortant de chez mon voisin, tard dans la soirée, j’ai retrouvé ma voiture avec trois pneus dégonflés. J’ai appelé la police. Après discussion avec les agents, j’ai porté plainte pour mise en danger d’autrui.»
---------
Une procédure en cours
Si Julien Coissac et la commune sont en conflit, c’est en raison d’une route. Réalisée en 2004-2005, elle mène au chalet St-Joseph, colonie de vacances propriété de Julien Coissac. La commune était maître d’ouvrage lors de la réalisation de cet accès routier.
Selon Julien Coissac, cet accès ne correspond pas à ce qui avait été prévu. Pour lui, il devait être accessible aux cars, ce qui n’est pas le cas en raison de l’inclinaison à 15% de certains tronçons. Il se bat pour que la route soit corrigée et pour être dédommagé du manque à gagner engendré, selon lui, par ce manque d’accessibilité. Une procédure judiciaire est actuellement en cours. SR
Commentaires
Julien Coissac (non vérifié)
mer, 08 fév. 2012
suisse88 (non vérifié)
lun, 06 fév. 2012
suisse88 (non vérifié)
jeu, 02 fév. 2012
Xav_ (non vérifié)
jeu, 02 fév. 2012
sam (non vérifié)
ven, 03 fév. 2012
Julien Coissac (non vérifié)
dim, 05 fév. 2012
Ajouter un commentaire